Quatre personnes préparent une fête pour souhaiter la bienvenue à une famille de réfugiés arrivant prochainement au pays. Si leur volonté de s’ouvrir à l’autre est sincère, les méthodes employées ne sont pourtant pas dépourvues de maladresse. L’organisation de l’accueil, empreinte de bonnes intentions, s’embourbe dans les préjugés et devient rapidement inadéquate. De subtiles luttes de pouvoir se dévoilent dans les décisions les plus élémentaires. Qui peut utiliser la chaise la plus confortable ? Qui a le droit de jouer avec les ballons de fête ? À qui incombent les tâches les plus ingrates ?
Portée par une distribution inclusive, dont un acteur vivant avec une déficience intellectuelle, Dis merci est une pièce créée collectivement dans le style performatif propre à la démarche de la metteuse en scène Catherine Bourgeois. Par des tableaux intercalant danse et théâtre, le spectacle aborde les questions complexes des attentes sociales en temps de crise migratoire et de la légitimité qu’on accorde à un humain qui sort le moindrement de la « norme ».
Une représentation décontractée (de l'anglais « relaxed performance ») désigne une représentation ouverte à tous, particulièrement aux personnes qui s'identifient à un handicap sensoriel ou intellectuel, à un trouble neurologique ou d'apprentissage, et aux personnes accompagnées de nouveau-nés. L’ambiance sonore et visuelle du spectacle ainsi que l’accueil seront adaptés pour créer un environnement calme et inclusif.
Texte collectif en collaboration avec Pénélope Bourque
Mise en scène Catherine Bourgeois
Interprètes et co-auteurs Marc Barakat, Dany Boudreault, Emma-Kate Guimond, Ally Ntumba
Crédits supplémentaires et autres informations
Conception sonore Eric Forget
Conception lumière Audrey-Anne Bouchard
Conception costumes
Amy Keith assistée de Zoé Roux
Conseil à la dramaturgie Sara Fauteux
La représentation du samedi 10 février sera présentée avec un interprète en langue des signes du Québec (LSQ). La représentation du samedi 3 février sera décontractée
Salle principale
Billet régulier >33$
Billet 25 ans et moins | Étudiant > 26$
Tarif PréVente * > 25$
* Soyez les premiers ! Achetez vos billets avant le jour de la première et profitez du tarif PréVente valable pour les premières représentations. Quantité limitée.
Étudiants en théâtre > 19$
** Vous êtes résident de notre quartier? Présentez-vous au guichet avec une preuve d'adresse (H2K) et obtenez un billet à 22$.
Une production Joe, Jack et John
Pour sa nouvelle création, Dis merci,la compagnie Joe Jack et John aborde la délicate question de l’immigration. L’accueil chaleureux que les Québécois réservent aux réfugiés est-il aussi sincère et sans réserve qu’on le prétend?
Quatre voisins se préparent à l’arrivée d’une famille syrienne qu’ils ont décidé de parrainer. Ils confectionnent un gâteau, gonflent des ballons, achètent des vêtements d’hiver chez Renaissance. Mais assez rapidement, une compétition malsaine s’installe. Un jeu exige qu’ils déterminent le plus chic, le plus gentil ou le plus propre d’entre eux ; un combat physique permet de gagner leur place sur le divan le plus confortable de l’appartement ; un concours de pâtisserie vise à élire le meilleur cuisinier. Certains vont même jusqu’à recourir à du chantage pour mesurer le pouvoir qu’ils ont sur les autres. Ainsi, à Marc qui aimerait qu’il lui prête un ballon en forme de cœur, Dan exigera qu’il se mette à genoux et qu’il s’abaisse à prononcer sa demande avec une politesse exagérée. Aussi, Marc répètera à qui veut l’entendre que « c’est chez [lui] ici », installant son autorité sur le déroulement des préparatifs.
Catherine Bourgeois propose une mise en scène où l’aspect ludique des actions et l’humour prennent beaucoup de place. Dès la première scène, par exemple, Marc échappe la coquille de l’œuf qu’il vient de casser dans son mélange à gâteau, puis écrase maladroitement les morceaux avec sa cuillère de bois pour camoufler son erreur. Puis, cet événement anecdotique est rappelé à la fin de la pièce au moment de goûter le dessert, alors que l’on entend la coquille craquer à chaque bouchée que prennent les personnages. Dans un registre différent, certains conseils ironiques formulés à l’intention des réfugiés sont projetés sur un écran et illustrés par un bref sketch. Par exemple, en réaction au « Conseil #2 : Fonds-toi dans le décor », les personnages se camouflent du mieux qu’ils peuvent derrière un ballon, sur le divan, derrière les rideaux ou sur le tapis, faisant ainsi ressortir le fait que les couleurs de leurs costumes sont parfaitement agencées à celles des éléments scénographiques.
Avec très peu de moyens matériels, la metteure en scène fait preuve d’une immense inventivité. Cette fois, ce sont des ballons de toutes les formes et de toutes les grosseurs qui envahissent la scène (mention spéciale à l’éléphant gonflable grandeur nature). Non seulement ces accessoires rappellent la fête que les personnages préparent, mais ils permettent également de belles scènes dansées qui poétisent le spectacle. Si le rire est indissociable de Dis merci, la pièce fait ressortir l’hostilité que l’humain ressent parfois envers l’inconnu ou la différence. Le fait que les acteurs prêtent leur vrais prénoms à leur personnage rend incontournable l’analogie entre certains constats fictifs présentés dans la pièce et les situations réelles vécues par les acteurs. Ally fait remarquer que ses origines congolaises et la couleur de sa peau l’empêchent encore d’être reconnue comme une « vrai Québécois ». De même, Emma mentionne que bien qu’elle maîtrise le français, les gens ont tendance à s’adresser à elle en anglais dès qu’ils entendent son accent. On constate également que derrière l’excitation des voisins à accueillir la famille syrienne se cache aussi une appréhension mêlée de préjugés, dans laquelle le public saura sans doute se reconnaître.
Encore une fois, la compagnie Joe Jack et John montre que la diversité sur les scènes amène une richesse et une originalité fort bénéfique. Bien que la critique sociale de Dis merci manque parfois de subtilité, la distribution attachante du spectacle et la singularité de la mise en scène en font une pièce à voir.