Patrick fait partie d’un groupe d’amis uni depuis plusieurs années. Un accident terrible et scabreux entraîne la mort d’un des leurs. Tout s’écroule autour de lui, et honteux, il cherchera à sauver les apparences en mentant à ses amis sur la réelle cause du décès. Ensemble, ils devront apprendre à faire face à la mort, à donner un sens à sa propre existence et à survivre dans une société où tout semble permis, mais où tout doit rester chaché.
Errant dans une société sans repères moraux, leurs notions du bien et du mal sont impitoyablement mises à l’épreuve. Ils cherchent à combler ce vide déployant toutes les finesses de l’hypocrisie et du mensonge. Fragile et manipulable, la jeune génération qui les succède assiste à ce dérapage en tentant de ne pas sombrer avec eux.
Les personnages de Mauvais goût dévorent l’existence comme si elle était dépourvue de sens, incapable de distinguer ce qui est bien de ce qui est mal. Ils cherchent inconsciemment à survivre dans une société où tout semble permis, mais où tout doit rester caché.
Mauvais goût explore les limites de l’expérience humaine à travers la perversion et la transgression, l’hypocrisie et le mensonge.Le courage et la lucidité peuvent-ils naître de cette «profonde descente dans la nuit de l'existence*» ?
* Georges Bataille, L’expérience intérieure.
Texte Stéphane Crête
Mise en scène Didier Lucien
Interprétation Guillaume Chouinard, Stéphane Crête, Lévis Doré, Camille Léonard, Didier Lucien, Sylvie Moreau, Évelyne Rompré, Gabriel Sabourin et Marie-Hélène Thibault
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistante à la mise en scène Jacinthe Perrault
Direction technique et direction de production J. Christian Gagnon
Régie Pascale D'Haese
Conceptrice costumes Jasmine Wannaz
Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation du jeudi 10 janvier.
Tarifs
Salle principale
> Billet régulier >33$
> Billet 25 ans et moins | Étudiant > 26$
> Tarif PréVente * > 25$
* Soyez les premiers ! Achetez vos billets avant le jour de la première et profitez du tarif PréVente valable pour les premières représentations. Quantité limitée.
> Étudiants en théâtre > 19$
Forfaits passeport disponibles
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Didier Lucien
Présentée à l’Espace libre, la pièce Mauvais Goût de Stéphane Crête a de quoi en faire réagir plus d’un. Le malaise et le rire se côtoient dans ce texte qui aborde plusieurs tabous. Tout en suivant le quotidien respectif de chacun, un groupe d’amis affecté par la mort subite d’un des leurs cherche désespérément le meilleur moyen de rendre hommage au défunt qu’ils ont connu ou, du moins, qu’ils croyaient connaître.
Misant sur la simplicité, le metteur en scène et comédien Didier Lucien donne à voir une scène très peu garnie. Seulement agrémenté d’un sofa à l’occasion, l’espace scénique permet à chaque interprète de jouir d’une grande liberté de jeu. Malgré l’esthétique très théâtrale imposée par la mise en scène de Lucien, les comédiens réussissent à s’approprier leur personnage magnifiquement bien avec une originalité qui leur est propre. De toute évidence, le texte de Crête aide à la construction de tels personnages. Certainement conscient (et avec raison) que plusieurs répliques quelque peu obscènes et diffamatoires ne feraient pas l’unanimité dans l’auditoire, le dramaturge, également comédien, peut se féliciter d’offrir des dialogues qui, malgré l'emploi d'un vocabulaire souvent assez cru, n’empêche pas un rire franc généralisé. Additionné de la théâtralité de la mise en scène, cela oblige une distanciation du réel qui semble permettre à la majorité de s’esclaffer sans remords. Une intelligente initiative qui renforce également la portée actuelle de la pièce en contestant ouvertement l’opinion de chacun sur les limites de la liberté d’expression.
De pair avec la scénographie, la conception sonore d’Alain Lucien reste assez subtile même si elle appuie grandement l’éclairage légèrement plus dynamique de Roxanne Doyon pour créer une atmosphère de tension palpable. Aidant également le public à se figurer certaines actions de la vie quotidienne ou à s’imaginer un décor absent, les deux concepteurs participent aussi à l’accentuation de la fiction sans que l’écoute n’en soit perturbée, et ce, tout en soutenant suffisamment les comédiens dans leur interprétation. Un travail si peu remarqué, mais qui vaut d’être souligné.
Malgré l’esthétique très théâtrale imposée par la mise en scène de Lucien, les comédiens réussissent à s’approprier leur personnage magnifiquement bien avec une originalité qui leur est propre.
Composée de plusieurs interprètes connus du public, la troupe de comédiens qui portent le spectacle nécessite, à elle seule, le déplacement. Bon nombre d’entre eux, dont Stéphane Crête, Didier Lucien, Sylvie Moreau et Évelyne Rompré assurent le divertissement des spectateurs et allègent le drame avec un doigté digne de leur expertise.
Même s’ils jouent aux côtés d’aussi grandes pointures, les jeunes Lévi Doré et Camille Léonard parviennent à se faire remarquer grâce à l’aplomb avec lequel ils défendent les pensées de leur personnage respectif. Tandis que l’assurance de l’un peut choquer, la maturité de l’autre peut impressionner. Voilà de fiers représentants d’une relève prometteuse ! Dans le rôle de l’ami décédé, Guillaume Chouinard s’est avéré un excellent muet dont la présence a permis quelques sauts dans le passé sans trop d’ambiguïté. Quant à Gabriel Sabourin et Marie-Élaine Thibault, c’est en livrant des personnages sensibles et humains malgré leurs travers qu’ils s’attirent des applaudissements mérités.
Il peut peut-être sembler bizarre de donner un titre si peu vendeur à un spectacle si bien maîtrisé, mais cela se justifie, sachant les propos qu’il tient. Devant un public averti, Mauvais goût peut, donc, s’avérer de bon goût, car le rire est assuré à ceux qui acceptent que… ce ne soit pas la réalité.