Le faubourg à m’lasse, témoin du passé ouvrier de Montréal, a été démoli au début des années 1960 pour faire place à la tour de Radio-Canada et ses mille stationnements.

Aujourd’hui, ce projet grandiose, à la fois témoin et reflet d’un Québec alors en pleine effervescence, doit déménager. Gabrielle Lessard et Antonin Gougeon retranscrivent sur scène le fruit de leur enquête dans une forme hybride à mi-chemin entre le documentaire et la fiction qui vise à mettre en parallèle l’histoire de Montréal et celle de notre diffuseur public.

Dans un espace investi par le son et la vidéo, les personnages nous inviteront à imaginer ensemble notre futur. Ici…et maintenant !

Une représentation décontractée aura lieu, le vendredi 22 mars à 20 h.
UNE PERFORMANCE DÉCONTRACTÉE désigne une représentation ouverte à tous, particulièrement aux personnes ayant un handicap sensoriel ou intellectuel, ou un trouble neurologique ou d’apprentissage, et aux personnes accompagnées de nouveau-nés. L’ambiance sonore et visuelle du spectacle ainsi que l’accueil seront adaptés pour créer un environnement calme et inclusif.

Texte et mise en scène Gabrielle Lessard
Interprétation Catherine Paquin-Béchard, Sébastien René et Anne Trudel

La « grande tour brune » abritant Radio-Canada a toujours fasciné. Qu’elle représente une première tribune en tant que comédien.ne ou intervenant.e pour la télé ou la radio, ou encore la consécration d’y obtenir un emploi en tant que journaliste, se diriger vers la structure qui surplombe le quartier Centre-Sud a quelque chose d’unique, de spécial. Mais peu de personnes savent que ce même quartier a dû sacrifier l’ancien Faubourg à m’lasse au profit de la construction radio-canadienne. Un projet qui devait durer « 100 ans », mais qui a été viable à peine 40 ans... Une nouvelle maison de la société publique est déjà en construction.

Crédit photos : Sylvie-Ann Paré

Voilà la prémisse d’ICI, présentée à l’Espace Libre jusqu’au 6 avril. Dans un texte et une mise en scène de Gabrielle Lessard, ICI nous emmène à travers l’histoire du Faubourg à m’lasse, cet ancien quartier de Centre-Sud aujourd’hui disparu duquel près de 5000 personnes se sont fait évincer au début des années 1960 pour y planter la tour de Radio-Canada et ses 1000 stationnements.

ICI nous emmène à travers l’histoire du Faubourg à m’lasse, cet ancien quartier de Centre-Sud aujourd’hui disparu duquel près de 5000 personnes se sont fait évincer au début des années 1960 pour y planter la tour de Radio-Canada et ses 1000 stationnements.

À travers différents personnages campés dans plusieurs époques (la fin du 19e siècle, les années 70, les années 1990 et aujourd’hui), l’auteure imagine le quotidien des résidents d’alors. Celui d’une travailleuse d’usine, d’une tenancière de taverne à l’époque de la prohibition, d’un jeune inspiré par son père journaliste dans les débuts de Radio-Canada, d’une jeune étudiante des années 1990, d’une résidente de Centre-Sud d’aujourd’hui. Bien interprétés par Sébastien René, Catherine Paquin-Béchard et Anne Trudel malgré des interprétations parfois inégales, les personnages évoluent sur une scène dépouillée, fermée à l'arrière par un écran blanc sur lequel sont projetées des archives du quartier et de la construction de l’ancienne et de la nouvelle maison de Radio-Canada. Cet écran, blanc la majorité du temps, est sous-utilisé; on aimerait bien y voir plus d’images d’archives et d’aujourd’hui. Cela laisse certes la place aux échanges et aux monologues des comédiens, mais il aurait pu aussi dynamiser certaines scènes un peu longues.

La démarche de ICI fait penser à celle de J’aime Hydro, surtout vers la fin, alors que le personnage d’une comédienne contemporaine qui tente de faire sa place dans le milieu, habitant le Centre-Sud, se fait donner une leçon d’histoire par son propriétaire, et décide de s’impliquer dans la revitalisation du futur site de Radio-Canada. On perçoit rapidement dans la pièce le travail de recherche pour remonter le fil du temps de ce quartier pris entre le centre-ville et Hochelaga-Maisonneuve.

On sent que l’auteure veut rendre hommage à la tour emblématique, évoquant très rapidement les nombreuses coupes et déboires de la société publique à travers le personnage du propriétaire amer et nostalgique du passé. On laisse plutôt place à ce qu’évoque le fait de mettre les pieds dans la tour; le rêve, l’admiration, la réussite. Pourtant, la réalité à l’intérieur des murs de la tour surplombant le boulevard René-Lévesque, anciennement Dorchester, est loin d’être aussi rose que la perception extérieure qu’on peut en avoir. Mais en attendant, le fait d’avoir un endroit où produire de l’information francophone quotidiennement reste certainement un sujet de discussion qui revient souvent dans la population québécoise, et qui donne même naissance à une pièce de théâtre sur elle.