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Genderf*cker
Spectacle bilingue, en anglais et en français
Du 26 au 29 février 2020, 20h, sauf jeudi 19h

Solo de la performeuse et activiste Pascale Drevillon, GENDERF*CKER fait exploser notre vision d’un monde binaire. Invité à observer et à cheminer à travers son expérience personnelle de la transidentité, le public assiste aux transformations de la performeuse, qui passe d’un genre à un autre : un corps à la recherche de la neutralité, un corps masculin possédant les archétypes de la virilité, un corps androgyne en exploration, un corps ultra-féminisé dépassant les canons de la beauté et, finalement, un retour à l’innocence et à la simplicité. GENDERF*CKER explore la constellation des genres possibles grâce à une proposition originale, oscillant entre la représentation théâtrale et la performance. Placé à 360 degrés, le public sera libre de se déplacer à tout moment autour de l’actrice pour observer son lent travail de métamorphose. Les identités trans et queer deviennent ici une puissante odyssée de l’âme à travers toutes les alternatives identitaires. Nos attributs ne sont peut-être pas aussi précis et inchangeables que nous le croyons. Une seule certitude : nous sommes tous du genre humain.


Création et performance Pascale Drevillon
Mise en scène Geoffrey Gaquère
Performance et régie plateau Andréanne Samson


Crédits supplémentaires et autres informations

Conception
Musique Bibi Club
Conseil vidéo Julien Blais
Conseil au mouvement Mélanie Demers
Direction de production Caroline Ferland
Direction technique et régie Sarah Laval
Scénographie Léa Pennel
Lumières Cédric Delorme-Bouchard

Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue des représentations

Tarifs
Salle principale
> Billet régulier >35$
> Billet 25 ans et moins | Étudiant > 27$
> Tarif PréVente * > 25$
* Soyez les premiers ! Achetez vos billets avant le jour de la première et profitez du tarif PréVente valable pour les premières représentations. Quantité limitée.
Forfaits passeport disponibles
Vous êtes résident du quartier? Présentez-vous au guichet avec une preuve d'adresse (H2K) et obtenez un billet à prix réduit.

Spectacle de Pascale Drevillon et Geoffrey Gaquère, coproduit avec le FTA


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Critique disponible
            
Critique

critique publiée lors de la création au FTA 2019

Même si la question du genre est de plus en plus abordée dans les médias, celle-ci n’en est pas moins délicate et comporte encore quelques ambiguïtés à clarifier. Avec Genderf*cker, la performeuse Pascale Drevillon arrive juste à propos pour éclaircir certains points au moyen du théâtre et de la vidéo. Deux heures suffisent à la comédienne pour engager, chez une grande majorité, une réflexion intérieure profonde.






Source photos : FTA

S’adressant au public avant l’ouverture des portes, le metteur en scène Geoffrey Gaquère recommande fortement à tous de se déplacer afin de voir le spectacle sous tous ses angles. Une initiative qui s’avère payante, considérant les nombreux allers-retours de la protagoniste entre son espace de jeu bondé d’accessoires et de costumes et les murs de la salle servant de support aux différents médias qu’elle utilise pour tracer une trame narrative claire et rythmée en constante évolution. Ainsi, l’interprète ne se gêne pas pour se frayer un chemin à travers les spectateurs qui l’entourent complètement libres de se déplacer où ils en ont envie. La seule consigne : tout élément scénique doit rester à sa place et il est interdit à quiconque de franchir le triangle défini au centre, lequel constitue le seul espace où le personnage en transition se sent totalement en confiance, s’affairant de manière déterminée à peaufiner son apparence physique au rythme de son parcours psychologique. Ainsi, la comédienne se libère tranquillement de la pellicule plastique qui la recouvre entièrement. Si ce moment peut paraître long pour certains comme introduction, il va sans dire que le sentiment d’oppression qui s’en dégage est assez fort alors que tous les regards semblent espérer ne pas la voir suffoquer sur place. Cela n’est que le début d’un spectacle, dont la tension, toujours préservée, ne peut que marquer les esprits autant de ceux qui n’adhèrent pas à l’idée que ceux qui s’en émeuvent juste d’y penser.

[...] un spectacle, dont la tension, toujours préservée, ne peut que marquer les esprits autant de ceux qui n’adhèrent pas à l’idée que ceux qui s’en émeuvent juste d’y penser.

Lorsqu’Andréanne Samson, régisseuse de plateau d’une dureté imperturbable, fait son entrée sur scène pour apporter les accessoires nécessaires au prochain tableau, Drevillon paraît naturellement plus fragile à son passage. Elle qui, jusqu’alors, avait semblé si convaincue et indépendante, se montre, soudain, plus docile et soumise, obligée d’effectuer une certaine routine bien placée pour permettre à la dimension théâtrale et fictive du spectacle d’exister. Un contraste qui se révèle fort intéressant constatant le parallèle évident qu’il est possible de faire avec la perception très dure et figée que la société actuelle peut avoir des personnes trans ou tout simplement celles qui se définissent comme non genrées. Les séances de maquillage que la comédienne s’inflige tout au long de la représentation pour faire mieux comprendre le cheminement de sa pensée sont particulièrement réussies, tandis que la femme replonge dans ses années de masculinité. En plus de porter des vêtements d’homme (qu’elle a peut-être revêtu dans une autre vie), la performeuse va jusqu’à remplir son caleçon pour figurer l’organe génital mâle qu’elle possédait à l’époque. Particulièrement éprouvant, ce passage prépare l’auditoire à la radicalité des scènes qui suivront. S’assurant que les spectateurs puissent continuer de suivre quelques séquences de gestes bien sélectionnées grâce à l’utilisation d’une caméra de cellulaire dont l’image est projetée sur le mur derrière elle, l’interprète se permet de sortir de la salle pour aller fumer dehors et revenir sans chercher à s’expliquer. De toute cette nonchalance en ressort un constat inévitable : bien que le personnage en présence n’éprouve aucun malaise à scruter ceux qui osent croiser son regard perçant, la réalité est que ce n’est pas lui qui observe le public, mais ce dernier qui l’épie sans se cacher, cherchant à le comprendre ou à le catégoriser. En trame de fond, des vidéos documentaires témoignant de la notion d’identité, de même que l’affichage de portraits de Drevillon pourvus de citations anonymes abordant le sujet, ponctuent la présentation faisant se côtoyer mystères et révélations intimes.

En véritable créateur d’espaces bien distincts, Cédric Delorme-Bouchard oriente le regard à certains moments clés tout en servant subtilement la scénographie assez éclatée de Léa Pennel. La scène devient un terrain de jeu foisonnant de possibilités dans lequel brille la complicité de Samson et Drevillon donnant l’impression que tout est fait dans la spontanéité. Avec une finale qui va droit au cœur, Genderf*cker a de quoi rendre fiers tous ceux qui ont contribué à faire de ce spectacle une expérience unique en son genre.

03-06-2019
Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191 - billetterie en ligne

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Dates antérieures (entre autres)

Du 31 mai au 3 juin 2019, FTA