Gagnant du prix Gratien Gélinas en 2016, Histoire populaire et sensationnelle met en scène Zandré à son entrée dans l’âge adulte. Ses parents, des baby-boomers felquistes, qui ont troqué la vie du ministre Pierre Laporte contre de prodigieuses allocations familiales, n’ont pas besoin de travailler. Or Zandré, le jour de son anniversaire, décide de quitter la maison familiale. Confronté au monde extérieur, il réalise néanmoins qu’on ne lui a rien appris, même pas son nom, même pas à lire, à écrire, à aimer.
L’équipe de Création Dans la Chambre, menée par Félix-Antoine Boutin et Gabriel Plante, nous plonge dans un univers de repli sur soi, un monde hermétique où la médiocrité se transmet de génération en génération. Ce microcosme aussi grotesque que tragique parle d’héritage et de transmission, de la difficulté d'assumer les structures sociales laissées par nos prédécesseurs malgré toute leur bonne volonté. Toutes les générations souhaitent à celles qui suivront une vie meilleure, mais ce legs ne correspond souvent pas aux valeurs et idéaux de celles et ceux qui le reçoivent. Une fable violente et pleine d’humour, qui se joue de nos espaces les plus sombres, sans compromis.
Texte Gabriel Plante
Mise en scène Félix-Antoine Boutin
Interprétation Christian Bégin, Philippe Boutin, Sébastien David, Jacques L’Heureux, Gabriel Plante
Crédits supplémentaires et autres informations
Conception lumière Julie Basse
Scénographie et co-conception costumes Odile Gamache
Co-conception de costumes Léonie Blanchet
Direction de production Émilie Martel
Direction technique Mickaël Tétrault-Ménard
Composition Christophe Lamarche-Ledoux
Assistance à la mise en scène et régie Emily Vallée-Knight
Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation du 30 janvier 2020
La représentation du 7 février 2oh sera interprétée en langue des signes du Québec (LSQ)
Le texte sera publié aux Éditions Leméac en janvier 2020
Tarifs
Salle principale
> Billet régulier >35$
> Billet 25 ans et moins | Étudiant > 27$
> Tarif PréVente * > 25$
* Soyez les premiers ! Achetez vos billets avant le jour de la première et profitez du tarif PréVente valable pour les premières représentations. Quantité limitée.
Forfaits passeport disponibles
Vous êtes résident du quartier? Présentez-vous au guichet avec une preuve d'adresse (H2K) et obtenez un billet à prix réduit.
Produit par Création dans la chambre
Et si les felquistes responsables de l'enlèvement et de l'assassinat du ministre Pierre Laporte n'avaient pas exécuté leur otage, mais avaient plutôt négocié de confortables allocations familiales en échange de sa vie?
C'est en partant de ce postulat surprenant que l'auteur Gabriel Plante a imaginé son uchronie Histoire populaire et sensationnelle, signée Création dans la chambre. Avec ce texte, pour lequel il a remporté en 2016 le prix Gratien-Gélinas, Plante propose une fable loufoque, mais pas pour autant dénuée d'esprit critique. Sous l'humour pointe toujours la critique sociale, souvent très aiguisée.
Le jour de son 18e anniversaire, Zandré, qui ne connaît pas son propre prénom, comprend que ses parents ne l'ont eu que pour l'allocation familiale de 100 000$ par enfant par année. L'ont-ils jamais aimé ou n'existe-t-il dans leur esprit que comme le prolongement de leur lutte identitaire et politique? Peut-il s'accomplir et s'épanouir en dehors du cadre défini par ses parents? Peut-il même échapper à ce destin tracé par eux?La pièce, dans une mise en scène tout aussi déjantée que le texte, explore la question identitaire québécoise, sociétale ou individuelle, à plusieurs niveaux qui vont au-delà de l'aspect par moments grotesque de la production.
Comme souvent dans la culture québécoise, la famille se retrouve au coeur de l'intrigue. À travers le portrait d'un clan familial dysfonctionnel, Histoire populaire et sensationnelle remet en question notre héritage des événements d'Octobre 1970 et des échecs référendaires ou politiques qui ont suivi, ce poids que toute une génération fait peser sur les suivantes... Après tout, les enfants ne servent-ils pas à concrétiser les rêves de leurs parents?
La pièce, dans une mise en scène tout aussi déjantée que le texte, explore la question identitaire québécoise, sociétale ou individuelle, à plusieurs niveaux qui vont au-delà de l'aspect par moments grotesque de la production. Malgré l'absurdité de la situation familiale de Zandré, malgré sa risible ignorance, malgré nos rires, la pièce met précisément le doigt sur un bobo qu'on n'en finit plus de gratter collectivement, la tête tournée vers le passé. Mais pour rêver d'un Québec fier et libre aujourd'hui, il faudrait d'abord savoir qui on est et apprendre à s'aimer.
Portée par une distribution sans failles, menée par l'auteur lui-même dans la peau du détestable et pourtant attachant Zandré, Histoire populaire et sensationnelle offre une galerie de personnages colorés, de la délicieuse mais dépassée mère de famille incarnée par Jacques L'Heureux à l'irrésistible dualité des jumelles interprétées par Sébastien David. En père effacé vivant dans ses souvenirs (et ses bombes), Christian Bégin tire aussi son épingle du jeu, de même que l'amazone Rachel jouée par un imperturbable Philippe Boutin. Pour le metteur en scène Félix-Antoine Boutin et l'auteur Gabriel Plante, le choix d'une distribution blanche et masculine est une prise de position assumée dénonçant, par exemple contraire, l'homogénéité dans la représentation culturelle et historique du Québec. Est-ce que cette prise de position se reflète dans le spectacle? Pas tant, mais on peut le leur pardonner, car le travestissement des personnages donne à la pièce une saveur particulière et que c'est fait en tout respect.
Davantage critique sociale que leçon d'histoire, Histoire populaire et sensationnelle offre un étonnant moment de réflexion sur le poids des rêves brisés et des désillusions légués par nos parents et sur la difficile réconciliation entre l'identité québécoise et une certaine notion d'indépendance qui passe ou ne passe pas par une séparation politique. C'est quand on s'y attend le moins que des réflexions portées par la production reviennent s'immiscer dans nos pensées.