Du 12 septembre au 20 octobre 2007
Supplémentaire le 7 octobre 14h30
Le Doute
Texte de John Patrick Shanley
Traduction de Michel Dumont
Mise en scène de Martine Beaulne
Avec Louise Laprade, Gabriel Sabourin, Marie-Ève Bertrand, Myriam De Verger
1964, une école catholique dans le Bronx.
Le père Flynn, un prêtre de la paroisse, entraîneur de basketball, est soupçonné d’avoir fait des attouchements sur un garçon de douze ans.
Sœur Aloysius, directrice de l’école, a des doutes sérieux sur la moralité du prêtre mais n’arrive pas à établir les preuves nécessaires à son renvoi.
Quand sœur James, une jeune sœur naïve, vient lui raconter un évènement impliquant le père Flynn et un garçon de l’école, sœur Aloysius estime que ses soupçons sont confirmés. Elle part donc en guerre contre le prêtre, bien déterminée à le démasquer.
L’aumônier accusé va tenter de se disculper mais sœur Aloysius n’a pas dit son dernier mot.
Le doute s’installe. Quelles en seront les conséquences?
Et si tout cela n’était qu’un malentendu?
Production - Duceppe
Théâtre Jean-Duceppe
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2122, 1-866-842-2112
par
Geneviève Germain
Quand le doute nous envahit, il est difficile
de s’en départir, tant et aussi longtemps
qu’une preuve tangible ne vient éclaircir
notre questionnement. Que fait-on si on ne trouve ni
indice ni réponse nous permettant d’apaiser
ce doute? Tour à tour scénariste, réalisateur, écrivain
et auteur pour le théâtre, l’auteur
John Patrick Shanley explore avec Le Doute les tenants
de ce sentiment vacillant, semant petit à petit
une intrigue au dénouement incertain. Il n’est
pas étonnant que cette pièce ait remporté le
prestigieux prix Pulitzer en 2005, puisqu’elle
tisse une histoire captivante qui réussit à nous
tenir en haleine jusqu’à la toute fin.
S’inspirant de sa propre expérience sur
les bancs d’écoles catholiques du Bronx,
John Patrick Shanley situe cette pièce dans ce
quartier new-yorkais, en 1964. On y retrouve sœur
Aloysius, qui dirige d’une main de fer l’enseignement
destiné aux jeunes enfants de niveau primaire.
Imperturbable dans ses propres convictions, telles que
celles dictées par une éducation rigoureuse,
elle se retrouve pourtant aux prises avec de sérieux
doutes lorsque la jeune et candide sœur James lui
rapporte un incident impliquant un garçon de 12
ans et le père Flynn. Elle soupçonne alors
ce prêtre de la paroisse et entraîneur de
basketball d’avoir fait des attouchements sur cet étudiant.
Sœur Aloysius prend alors tous les moyens à sa
disposition pour tenter d’élucider la situation,
ne pouvant se résoudre à laisser planer
le doute.
Dans un décor mobile et ingénieux, la
mise en scène de Martine Beaulne est fluide et
bien adaptée au récit. Le contraste est
flagrant entre la personnalité fougueuse et passionnée
du père Flynn (Gabriel Sabourin) et celle rigide
et contenue de sœur Aloysius (Louise Laprade). C’est
toutefois le jeu de Marie-Ève Bertrand, dans le
rôle de sœur James, qui réussit à apaiser
par périodes la tension de l’intrigue, nous
décrochant un sourire avec sa naïveté et
son désir de bien faire les choses. Chacun des
acteurs réussit à offrir profondeur et
unicité à leurs personnages respectifs,
offrant une présentation riche et convaincante.
C’est toutefois l’histoire même de
la pièce qui fait le plus réfléchir
et qui nous tient vissés à nos chaises
jusqu’au tout dernier mot, bien servie par des
dialogues habilement ficelés. Alors que certains
voudraient pouvoir balayer le doute d’une seule
main, ou encore même ne pas douter puisqu’il
n’y a aucune preuve, d’autres s’accrochent
au doute pour lui donner suite, même si cela signifie
léser certaines personnes au passage. Peut-on
ignorer le doute une fois qu’il est installé?
Cela paraît bien difficile. Peut-on accuser quelqu’un
sur de simples suppositions? Encore plus difficile.
Fascinante parce qu’offrant plusieurs avenues
d’interrogations, munie de personnages complexes
et attachants, Le Doute est une pièce qui sait
divertir tout en osant aborder des sujets plus graves.
Une belle réussite.
25-09-2007