Du 10 septembre au 18 octobre 2008
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HalpernHalpern et Johnson

Texte de Lionel Goldstein
Traduction de Michel Dumont
Mise en scène de Monique Duceppe
Avec Gérard Poirier et François Tassé

Voici deux hommes aux antipodes l’un de l’autre mais qui, sans s’en douter, ont un lien commun très étonnant. Voici Halpern, retraité, un homme grincheux qui a toujours éprouvé de la difficulté à exprimer ce qu’il ressent, un homme d’affaires très prompt à réagir mais totalement dénué d’imagination.

Et voici Johnson, retraité lui aussi, un homme droit, chaleureux, sensible, cultivé, tranquille, une sorte de héros romantique vieillissant.

Dans des circonstances très particulières, ces deux hommes vont découvrir qu’ils partagent quelque chose d’infiniment précieux : l’amour d’une femme.

Halpern et Johnson, une œuvre intelligente et originale qui explore la toile complexe du mariage et de l’amitié, avec ses secrets et ses mensonges, un tableau vibrant des mystères qui enveloppent les relations humaines.

du mardi au vendredi à 20 h
le samedi à 16 h et 20 h 30
les dimanches 21 septembre et 5 octobre à 14 h 30

Une production Jean Duceppe

Théâtre Jean-Duceppe
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

par Mélanie viau

Pour l’ouverture de la saison 2008-2009, la Compagnie Jean Duceppe lève le rideau sur un portrait d’une beauté incomparable, une beauté perceptible au-delà de la réalité sensible. Ce portrait insuffle un parfum, un mouvement, un rire, une chaleur, ce portrait est celui d’une femme au vécu en contrepoint, peint avec tous les mots de l’Homme de sa vie.

Inspirée d’une romantique anecdote soutirée des confidences de son comptable, la pièce Halpern et Johnson, de l’auteur britannique Lionel Goldstein, met en scène la rencontre fulgurante de deux hommes partageant le cœur de la même femme depuis cinquante ans. Et si l’un détient la part manquante de l’autre et qu’à eux deux forment cette grande histoire d’amour qu’est celle de Florence, le mari et l’amoureux chaste auront bien des fléchettes à se lancer et des souvenirs à remuer afin de percer les secrets de leur existence et de recréer, ensemble, le véritable portrait de la défunte. Une histoire d’homme et de passion, de corps et d’envie, une histoire triste et rayonnante, empreinte d’un esprit poétique qui, sous la fine signature de Monique Duceppe, nous fait vivre de véritables moments de grâce que seul l’art promet.

Le premier contact entre Dennis Johnson et Joseph Halpern a lieu autour de la fosse ouverte de la mythifiée, devant une toile de fond impressionniste d’une splendeur verdoyante qu’une lumière fixe éclaire comme s’il s’agissait d’un tableau pictural. La polyphonie ambiante nous fait entendre constamment des gazouillements d’oiseaux, donnant ainsi à l’ensemble de l’image une idée de célébration de la nature, de la vie. Visuellement, le décor enchanteur imaginé par Marcel Dauphinais fournit aux dialogues des deux hommes une toile de couleurs apaisantes et émotivement neutres, laissant l’espace entièrement sensible aux positions de force et aux multiples modulations de tons contenus dans cette longue pièce de conversation. Il ne suffit qu’un banc de parc dans le New York des années 90 et une bouteille de Jack Daniel’s dans un panier d’osier pour que toute l’histoire de deux vies parallèles se manifeste dans la plus grande éloquence qui soit. Simplement. Divinement.

Car oui, ils sont tout à fait divins ces deux grands hommes de théâtre. Pour la première fois en cinquante ans de carrière, Gérard Poirier et François Tassé se retrouvent face à face pour se donner la réplique et ils le font avec une puissance et une justesse naturelle des plus impressionnantes. Dans leur bouche, chaque mot porte son lot de vécu, dans leur corps, chaque silence se pèse et s’ancre au sol. Leur duo témoigne d’un profond respect pour le jeu et la scène, et si le texte explose par moment dans une agressivité fébrile et une froideur cassante laissant le conflit dériver au large, la tension entre les deux acteurs demeure extrêmement active et parfaitement maîtrisée. Ces jeunes premiers âgés de plus de soixante-dix ans ont su transcender la fougue du métier pour en faire leur propre richesse d’esprit et de beauté.

Sans en faire un culte trop propre de la vieillesse romantique, Halpern et Johnson pose un regard sur le couple et le mariage avec une sagesse espiègle dotée de tous les charmes. Un spectacle très touchant, d’une noble virilité.

15-09-2008

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