MonTheatre.qc.ca, votre site de théâtre
Du 16 février au 26 mars 2011
Elling
Texte d’Axel Hellstenius et Petter Næss
D’après le roman d’ Ingvar Ambjørnsen
Nouvelle version de Simon Bent
Mise en scène de Monique Duceppe
Traduction de Michel Dumont
Avec Guy Jodoin, Stéphane Bellavance, Mireille Deyglun, Donald Pilon (en remplacement de Benoit Girard), Gabriel Sabourin
Elling, le petit garçon à sa maman, et son compagnon de chambre, excentrique et puceau malgré lui, forment le drôle de couple d’Oslo : deux âmes confuses qui vont faire leurs premiers pas dans le vaste monde extérieur après des années passées en réclusion dans un asile d’aliénés.

Alors que les services sociaux leur attribuent un appartement en ville, nos deux cobayes doivent à tout prix se réinsérer dans la société de façon satisfaisante sous peine de retourner à l’asile...

Décor : Marcel Dauphinais
Costumes : Daniel Fortin
Éclairages : Kareen Houde
Conception vidéo : Yves Labelle
Musique : Christian Thomas
Accessoires : Normand Blais

Présentée avec l’autorisation de Nordiska Aps Copenhague

Théâtre Jean-Duceppe
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

Delicious
______________________________________
 Critique
Critique
Imprimer la critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : François Brunelle

Elling et Eric Bjarne, deux êtres que la société considère comme anormaux, se voient offrir la chance de réintégrer le vrai monde : avoir un logement et des responsabilités, faire les courses, prouver à tous ainsi qu’à eux-mêmes qu’ils peuvent vivre comme les autres. Elling raconte en détail la réhabilitation sociale de ces sympathiques mésadaptés. La série de romans de l’auteur norvégien Ingvar Ambjørnsen, dont est tirée la pièce d’Alex Hellstenius et Petter Næss, a tout ce qu’il faut pour toucher les gens.

Sans être particulièrement éclatante ou innovante, la mise en scène de Monique Duceppe sert le texte avec efficacité, mettant de l’avant les deux personnages principaux. Eric Bjarne, un drôle de numéro, est incarné par Stéphane Bellavance qui ne quitte pas ici son registre habituel, mais déclenche quelques bons rires dans la salle. Les obsessions d’Eric, sa bonne humeur contagieuse et ses tics de langage en font vite un personnage attachant. Dans la peau du névrosé Elling, Guy Jodoin transmet les nombreux malaises et complexes de son personnage avec un réel sens du comique. La dynamique entre les deux vedettes fonctionne parfaitement. Quant aux personnages secondaires qui gravitent autour du duo, ils ne sont malheureusement pas aussi bien travaillés et présentent peu de dimensions que les comédiens Mireille Deyglun et Donald Pilon puissent exploiter. Gabriel Sabourin tire pour sa part son épingle du jeu avec un travailleur social d’abord blasé, puis de plus en plus intrigué par les deux phénomènes que sont Eric et Elling.


Crédit photo : François Brunelle

La comédie, légère comme une bulle de savon, fait beaucoup sourire à travers les réussites et les échecs d’Elling et son comparse à affronter le monde extérieur. Si au début, l’idée même de sortir faire les courses semble insurmontable, les deux hommes parviendront à repousser les limites et à se dépasser. On les accompagne avec plaisir dans ce parcours singulier, oubliant même leurs déficiences intellectuelles. La pièce s’étire toutefois en longueur (2h45 avec l’entracte), surtout que la question de la désinstitutionnalisation et de la normalité est déjà bien posée en première partie.

Il est rare que le théâtre scandinave soit monté au Québec, pourtant, rien ne laisse penser que l’action d’Elling se déroule à Oslo : ni les mobiliers, ni les accessoires, à peine quelques références dans le texte. En quittant le théâtre, on se demande pour quelle raison la compagnie a choisi cette pièce pour parler de la maladie mentale, si seuls les noms des personnages et de la ville évoquent la Norvège.

La nordicité ne transparaît pas davantage dans le décor simple et pratique conçu par Marcel Dauphinais. Néanmoins, la conception ingénieuse permet des changements de lieux fluides et rapides. Les cinq grands panneaux en fond de scène pivotent à quelques reprises transformant le dortoir de l’hôpital en appartement, en gare, en chalet. Les projections suggèrent le passage du temps… ou d’un train. À l’arrière, des jeux d’éclairage habillent la grande scène de Jean-Duceppe. Une scénographie efficace.

On ne peut décidément rien reprocher de bien grave à la nouvelle production du Théâtre Jean Duceppe, si ce n’est son aspect un peu trop lisse et d’avoir mis de côté les origines nordiques de l’œuvre. Il en résulte toutefois une pièce amusante qui questionne sans créer de vagues sur la perception que nous avons de la normalité.

21-02-2011

Retour à l'accueil