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Du 11 septembre au 19 octobre 2013
VénusLa Vénus au vison
Texte David Ives
Traduction Maryse Warda
Mise en scène de Michel Poirier
Avec Hélène Bourgeois-Leclerc et Patrice Robitaille

Thomas, dramaturge et metteur en scène a écrit une adaptation du célèbre roman de Leopold Sacher-Masoch, La Vénus à la fourrure. Ce roman explore l’interaction entre le sexe et le pouvoir. Au moment où Thomas désespérait de trouver l’interprète idéale, arrive en coup de vent, Vanda, une jeune actrice fébrile et déterminée à tout faire pour obtenir le rôle, même si ses chances sont bien minces. Elle se confond en excuses, cajole et charme Thomas afin qu’il l’entende. Vanda plonge alors tête baissée dans l’interprétation du personnage, oblige l’auteur à reconsidérer son manuscrit et suscite par le fait même des discussions pertinentes sur les motivations qui habitent les deux personnages. S’amorce alors une aventure intellectuelle qui se transforme petit à petit en une rencontre captivante entre une actrice et son auteur.

Voici une grande histoire d’amour qui compose avec toute la fragilité humaine et l’impulsion du désir.

La Vénus au vison, une œuvre drôle, sexy, brillante et spectaculaire. Du théâtre dans le théâtre, une plongée qui fait beaucoup réfléchir sur les limites de l’interprétation.


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Décor: Olivier Landreville
Costumes: Pierre-Guy Lapointe
Éclairages: Lucie Bazzo
Musique: Christian Thomas
Accessoires: Normand Blais
Assistance à la mise en scène: Geneviève Lagacé


LES CAUSERIES RÉCONFORTANTES
LE LAIT

Mercredi 18 septembre
de 17 h à 17 h 45 -  GRATUIT

Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts
Avec le metteur en scène Michel Poirier ainsi que les comédiens Hélène Bourgeois Leclerc et Patrice Robitaille, pour tout savoir sur la pièce La Vénus au vison. Animée par Michel Dumont.

LES MIDIS DUCEPPE 101
Mercredi 2 octobre de 12 h 15 à 13 h - GRATUIT
Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts
Lorsque le théâtre fréquente le 7e art
Avec Steve Galluccio, auteur de la pièce Mambo Italiano qui a également été portée au grand écran. Animé par Michel Dumont.


Une production DUCEPPE


DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : François Brunelle

Avec une affiche envoûtante, un sujet ardent et un duo d’acteurs très estimé pour leurs succès télévisuels, La Vénus au vison, la pièce d’ouverture de saison au Théâtre Jean Duceppe, s’annonçait déjà prometteuse. Heureusement, le résultat se révèle dur et brillant.

Pendant une heure et quarante-cinq minutes, les deux comédiens se jettent avec ardeur dans une brûlante joute, comme dans un ring de boxe. La partition concoctée par les mains habiles du dramaturge, librettiste et ancien journaliste états-unien David Ives (dont la piécette La colline verte avait été présentée lors de la très relevée production Courts univers étranges en 2009), s’apparente à un jeu d’échecs frénétique.

La mise en abîme demeure une idée récurrente sur les planches pour extirper les mensonges de la vie réelle par le truchement de la fiction, un procédé brillamment exposé entre autres dans Le vrai monde de Michel Tremblay. Dans un seul lieu du début à la fin de la représentation, soit une salle de répétition, un apprenti metteur en scène, Thomas, attend la perle rare. Il recherche une actrice attrayante pour incarner Vanda dans une pièce inspirée par le roman véridique La Vénus à la fourrure de Leopold Von Sacher-Masoch écrit entre 1862 et 1870.

Après une journée d’auditions infructueuses surgit une femme à la diction populaire, prénommée Varda comme l’héroïne de l’histoire. Après les premières hésitations du metteur en scène, celle-ci récite les répliques du rôle et rend avec une assurance étonnante les intentions dissimulées derrière ce texte au parfum scabreux. Les deux individus antagonistes s’apprivoisent, se craignent, se rejettent, se cajolent, se griffent, se désirent. Ils passeront à travers la lecture de l’œuvre sulfureuse, à la fois métaphore et miroir de leurs relations personnelles respectives, enchevêtrées entre pulsions refoulées et routines quotidiennes. Au fur et à mesure que tombent les masques, les certitudes deviennent plus rares, tout comme les inhibitions de ces individus complexes et ambivalents.


Crédit photo : François Brunelle

Près de l’esprit d’un Sade, le texte de Sacher-Masoch, reconnu comme l’un des maîtres du masochisme, traite des fantasmes d’un homme en quête de maîtresses qui lui infligeront des châtiments physiques. En plus de son intrigue aux surprises inattendues, le spectacle devient le lieu d’un cours d’histoire fascinant sur cet auteur méconnu par plusieurs de nos contemporains.  

La progression dramatique alterne entre les aventures de Thomas, de la Varda en chaire en os, de la Vanda du récit ainsi que du partenaire de cette dernière. Tant pour les personnages actuels que ceux du 19e siècle, les relations deviennent de plus en plus tordues et imbibées de sexe et de pulsions entre des adultes qui jouent à être à tour de rôle dominateurs et esclaves.

Dans une atmosphère qui évoque parfois des échos charnels aux Je t’aime moi non plus de Gainsbourg, la pièce de David Ives bénéficie d’une équipe cohérente et solide pour rendre appétissantes les progressions, digressions et revirements de situation. Soyons francs, des concepteurs moins doués auraient difficilement harmonisé les nombreux niveaux de lecture aussi bien que cette équipe ; il demeure ardu de rendre crédibles les frontières floues entre les fantasmes et le réel sans tomber dans le racolage ou le sensationnalisme.

Simple, mais très efficace, la mise en scène de Michel Poirier traduit parfaitement les enjeux soulevés dans ces intrigues surprenantes dont les rebondissements se laissent difficilement deviner. Le plateau rend avec une belle clarté et une cruauté assumée les tensions entre cet homme angoissé et cette femme ambitieuse. Les deux acteurs se renvoient la balle avec aplomb. Fiévreux, Hélène Bourgeois Leclerc et Patrice Robitaille dégagent la charge érotique indispensable. La comédienne de Mauvais Karma insuffle également une superbe dose d’humour, surtout en première partie, avec ses hilarantes ruptures de ton causées par la lecture des phrases suggestives de Sacher-Masoch.  

Roman Polanski a réalisé récemment un long métrage scénarisé par le dramaturge. Coïncidence ou non, la compagnie Duceppe s’inscrit parfaitement dans l’air du temps avec cette Vénus au vison aux essences corsées où le privé imbibe toutes les ramifications des rapports humains.

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