Michel est passionné de jazz. Un beau matin, il déniche au marché aux puces LE disque qu’il espère trouver depuis trente ans. Aux anges, il se précipite chez lui pour l’écouter, le savourer, tranquillement. Mais le monde entier semble en avoir décidé autrement! C’est le moment que choisit sa femme pour lui confier ses tourments, son entrepreneur pour inonder l’immeuble, sa maîtresse pour le menacer de dévoiler leur secrète liaison, son musicien de fils pour surgir à l’improviste, son voisin pour se lamenter. Michel n’hésitera pas à s’empêtrer dans les mensonges et la manipulation : il est prêt à tout pour avoir ne serait-ce qu’une petite heure de tranquillité…
Cette récente pièce du jeune auteur Florian Zeller, que l’on n’hésite pas à qualifier de l’«un des plus remarquables talents littéraires en France» (The Independent), du «meilleur dramaturge français, avec Yasmina Reza» (L’Express), fut créée à Paris en 2013 avec Fabrice Luchini dans le rôle principal. «La pièce de Florian Zeller cumule à mes yeux plusieurs grandes qualités. D’abord, elle est particulièrement bien construite : elle ne fait que monter en puissance. Puis les dialogues sont extrêmement fluides, je dirais même vivants, ce qui témoigne d’un don rare de l’observation chez l’auteur. […] Florian Zeller est un écrivain à part, qui possède sa propre musique», dira l’acteur en entretien à la revue L’avant-scène théâtre.
Section vidéo
Décor et accessoires : Normand Blais
Costumes : François Barbeau
Éclairages : Luc Prairie
Musique : Christian Thomas
Assistance à la mise en scène : Carol Gagné
Une création DUCEPPE
La pièce Une heure de tranquillité a déjà retenu l’attention en France : d’abord avec une première mise en scène en 2012 où Fabrice Luchini tenait le rôle principal, et aussi grâce à une adaptation au cinéma du réalisateur Patrice Leconte fin 2014. Il faut dire qu’en présentant cette pièce, le Théâtre Duceppe permet au public montréalais de découvrir pour une première fois sur scène l’écriture du dramaturge Florian Zeller qui est surtout connu de ce côté de l’océan à titre de romancier. Après avoir publié son premier roman à 22 ans, Zeller cumule les succès en France et à l’étranger depuis une douzaine d’années avec plus de 5 romans et de 10 pièces à son actif. Dans Une heure de tranquillité, l’auteur mise sur l’humour pour mettre de l’avant un personnage égocentrique qui se voit accablé par une série de situations embêtantes alors qu’il recherche désespérément un moment de quiétude.
Ayant trouvé par hasard un disque de jazz qu’il rêvait d’acheter depuis plus de trente ans, Michel (Roger la Rue) se réjouit à l’idée de s’installer confortablement dans son salon pour enfin écouter cette musique tant souhaitée. Malheureusement pour lui, c’est le moment que choisit sa femme Nathalie (Josée Deschênes) pour lui faire part de ses états d’âme. À cela s’ajoutent les appels de sa mère, la visite de son fils à l’attitude d’adolescent attardé, malgré sa trentaine d’années (Laurent Duceppe), les menaces de sa maîtresse (Mireille Deyglun) de révéler au grand jour leur incartade, les interruptions de son plombier (Antoine Vézina) qui multiplie les gaffes, sans oublier les visites insistantes de son voisin (Bobby Beshro) et l’irruption imprévue de son meilleur ami Pierre (Stéphane Jacques). L’univers de Michel devient complètement chaotique alors que le protagoniste demeure plutôt calme et impassible, résolument fixé à l’idée d’obtenir enfin une petite heure tranquille pour écouter son disque.
Dans cette comédie de type boulevard, qui vise un divertissement rassembleur, le cumul des situations cocasses, et surtout irritantes pour le personnage principal, amuse sans réellement réussir à divertir. Pourtant, les répliques de Florian Zeller, adaptées par la metteure en scène Monique Duceppe pour des références toutes québécoises (Michel magasine dans le Vieux-Montréal, son fils habite à Ville-Émard), s’enchaînent sans temps mort. La chimie opère bien dans le couple formé par Roger La Rue et Josée Deschênes, offrant plusieurs moments franchement drôles. C’est davantage lors des autres situations où les personnages secondaires sont interpellés que la comédie tombe à plat, les travers de chacun ne semblant pas tout à fait aboutis et les répliques étant un peu plus mollement ficelées.
La pièce n’est sans doute pas la plus mémorable des productions de Duceppe et la mise en scène aurait gagné à mieux travailler ses personnages secondaires ; il n’en demeure pas moins que la présentation est bien resserrée. Une heure de tranquillité offre malgré tout une histoire amusante et facile à suivre dans un décor agréable et classique.