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Du 26 octobre au 3 décembre 2016
Nos femmes
Texte Éric Assous
Mise en scène Michel Poirier
Adaptation Monique Duceppe
Avec Guy Jodoin, Sylvain Marcel et David Savard

Paul, Max et Simon sont amis. Depuis plus de trente ans. Dans le vaste appartement de Max, ils ont rendez-vous pour leur partie de cartes hebdomadaire. Paul est déjà là lorsque Simon arrive enfin, ivre et complètement bouleversé. Il vient de commettre l’irréparable. Il supplie ses deux amis de le couvrir. Max refuse : il considère que Simon est allé trop loin. Paul, au nom de l’amitié et de la loyauté, hésite. Les trois hommes débattent, s’opposent. Au fil de leurs vifs échanges, les vieux copains sont inconsciemment amenés à dresser l’inventaire de leur propre vie. Et à laisser tomber les masques.


Décor Guillaume Lord
Costumes Pierre-Guy Lapointe
Éclairages Claude Cournoyer
Musique Christian Thomas
Accessoires Normand Blais
Assistance à la mise en scène Geneviève Lagacé

Une production DUCEPPE


Section vidéo

    

DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

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Critique

On dit souvent que nos amis sont la famille qu’on a choisie. Malgré tout l’amour qu’on peut leur porter, n’y a-t-il pas des limites morales qu’on n’oserait franchir même au nom d’une amitié forte et profonde? Dans la pièce Nos femmes de l’auteur Éric Assous, les personnages exposent un dilemme moral de taille : est-ce qu’on doit soutenir un ami qui se dit coupable de meurtre en lui fournissant un alibi? Pesant le pour et le contre tout en comptabilisant plus de trente ans d’amitié, les trois protagonistes argumentent sur scène et remettent en question la loyauté inconditionnelle d’une amitié de longue date.


Crédit photo : Marlène Gélineau payette

Les couples et leurs travers, ou dysfonctions, semble être un sujet de prédilection pour l’auteur Éric Assous. Dans sa pièce L’esprit de famille, présentée chez DUCEPPE en 2014, trois frères et leurs conjointes devaient gérer une situation pleine de malaise tout en réprimant leur adversité fraternelle et leurs points de discorde de couple. Cette fois-ci, les difficultés conjugales sont mises de l’avant au travers du discours et des perceptions de trois amis de longue date : Max (Sylvain Marcel), radiologiste incapable de s’engager depuis un mariage raté, Paul (Guy Jodoin), médecin au mariage stable, mais froid et sans amour, et enfin Simon (David Savard), propriétaire de salons de coiffure qui vit une relation toujours ponctuée de conflits. C’est ce dernier qui se présente chez ses amis pour leur demander leur aide après avoir commis l’irréparable à l’issue d’une énième dispute.

Bien que le sujet soit grave, la pièce fait largement place à l’humour. Que ce soit par des jeux de mots ou encore de l’humour de répétition,  le texte fait preuve d’ingéniosité pour insuffler une certaine légèreté tout en évitant trop de redondances malgré son sujet précis. Le format court (1h30, sans entracte) permet d’attaquer le sujet de front et ne laisse aucune place aux temps morts. La mise en scène de Michel Poirier peut d’ailleurs compter sur des interprètes à la gestuelle efficace qui ne tombent pas dans la caricature. Sylvain Marcel retient tout particulièrement l’attention, passant avec fluidité du sérieux au comique et incarnant son personnage avec aplomb. Guy Jodoin personnifie avec sensibilité l’ambivalent Paul, tandis que David Savard livre un jeu juste, mais plus hésitant, dans la peau du tourmenté Simon.

Le décor de Guillaume Lord est particulièrement réussi, récréant l’intérieur d’un appartement luxueux dont le balcon avec vue aérienne de la ville retient l’attention. L’espace est vaste et permet aux acteurs de tergiverser à souhait, la mise en scène utilisant toute la superficie offerte.

La pièce Nos femmes permet d’aborder un sujet sensible sans tomber dans le dramatique. Le dilemme moral qui y est présenté est bien exploité et plusieurs avenues de réflexion sont mises de l’avant. S'interrogeant non seulement sur les limites de l’amitié, mais aussi sur les écueils des couples et de l’amour, le texte d’Éric Assous est habile et la mise en scène de Michel Poirier est sobrement efficace. Certains pourraient regretter la fin un peu trop heureuse de la pièce, mais cela se fait en continuité logique avec le ton abordé. Une belle pièce sans grand émoi, mais pleine de rires.

31-10-2016