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Le chemin des Passes-Dangereuses
Du 14 février au 24 mars 2018

Quelques heures avant le mariage du plus jeune, trois frères qui se rendaient au camp de pêche familial se retrouvent isolés à la suite d’un accident de la route. Pour Carl, Ambroise et Victor, éloignés au quotidien tant géographiquement que culturellement, un lien étroit résiste : le mutisme autour de la mort de leur père. Aujourd’hui, au bord du Chemin des Passes-Dangereuses, à l’endroit où leur père est disparu quinze ans auparavant, ils attendent les secours. Contraints à un huis clos imprévu, ils plongent dans leurs souvenirs d’enfance et leurs mensonges d’adultes, affrontent fantômes et blessures, jusqu’à atteindre le secret qui les hante. Une cérémonie des aveux brutale, définitive et terriblement humaine.

Traduite et jouée un peu partout dans le monde, revoici Le Chemin des Passes-Dangereuses de Michel Marc Bouchard, vingt ans après sa création chez DUCEPPE en 1998. Cette saisissante «tragédie routière» de l’auteur de Tom à la ferme et Les Muses orphelines porte sur la réconciliation et la parole, sur la quête de la sincérité et la difficulté des hommes à communiquer. Une œuvre majeure du répertoire québécois, à la résonance universelle et d’une percutante actualité. Michel Marc Bouchard nous donne ici l’une de ses plus belles pièces, qu’il faut voir et revoir.


Texte Michel Marc Bouchard
Mise en scène Martine Beaulne
Interprétation Maxime Denommée, Félix-Antoine Duval et Alexandre Goyette


Crédits supplémentaires et autres informations

Décor Claude Goyette
Costumes Daniel Fortin
Éclairages Guy Simard
Musique Ludovic Bonnier
Accessoires Normand Blais
Vidéo Yves Labelle
Assistance à la mise en scène Guillaume Cyr

TARIFS

SECTION 1

rangées A à N

SECTION 2

rangées O à Q

SECTION 3

rangées R à T
Adulte 62,00 $ 50,00 $ 38,00 $
Jeunesse (18 à 30 ans, preuve d’âge exigée) 38,00 $ 35,00 $ 28,00 $
Aîné (65 ans et plus, preuve d’âge exigée) 56,00 $ 45,00 $ 34,00 $
Ado (12 à 17 ans, accompagné d'un adulte qui paie le prix courant. Une preuve d’âge est exigée.) 25,00 $ 25,00 $ 25,00 $
Promo 24 : 24 billets pour chacune des 3 premières représentations. Détails: duceppe.com/24h n.d. n.d. 24,00 $

Tous frais et taxes inclus

Causerie DUCEPPE

22 février 2018

Invités :
Maxime Denommée
Félix-Antoine Duval
Alexandre Goyette
Martine Beaulne
Michel Marc Bouchard

Les soirées-rencontre Tout détenteur d’un billet pour la production à l’affiche peut assister à la soirée-rencontre

6 mars 2018

Une production DUCEPPE


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Critique disponible
            
Critique

Le Théâtre Duceppe souligne les vingt ans presque jour pour jour de la création mondiale du Chemin des Passes-Dangereuses de Michel-Marc Bouchard sur ses planches. Sous la direction de Martine Beaulne, la nouvelle mouture démontre encore une fois la pertinence et l’acuité de l’œuvre.






Source photos : site DUCEPPE

Serge Denoncourt avait conçu la première version avec Sébastien Delorme, Patrice Godin et Normand D’Amour. Depuis, plus d’une soixantaine de productions ont vu le jour à travers le monde. Au Québec, de jeunes compagnies se sont aussi intéressées à ce texte qualifié par l’auteur de «tragédie routière», notamment Des pieds et des mains avec une adaptation intégrant la gigue, à l’hiver 2015 au Théâtre Prospero, et le Théâtre Mimésis au Bain Saint-Michel en 2011.

Également chez Duceppe en 2013, Martine Beaulne s’était illustrée par son orchestration d’une autre pièce du dramaturge, possiblement l’une sinon sa meilleure, soit Les Muses orphelines. Curieusement, sa relecture du Chemin des Passes-Dangereuses dévoile encore mieux et avec un traitement plus organique les enjeux sous-jacents dans les relations ambiguës entre les trois frères.  

L’action, tout comme l’espace-temps, se présente sous la forme d’une spirale, avec un début et un dénouement qui commence et se termine au même moment. Nous nous retrouvons quelques heures avant le mariage prévu du plus jeune des trois frères, Carl (Félix-Antoine Duval). En compagnie d’Ambroise (Maxime Denommée) et de Victor (Alexandre Goyette), Carl se rend au camp de pêche familial. Or, survient un violent accident de la route, tout près du Chemin des Passes-Dangereuses. Quinze ans auparavant, leur père avait perdu la vie au même endroit.

Les rapports entre les membres du clan sont douloureux et distants tant sur le plan affectif que géographique. Ambroise travaille comme galeriste à Montréal et souffre de l’abandon de son amant atteint du Sida. Moins idéaliste, Carl se plait dans son travail manuel au Costco et dans son couple. Exerçant le métier de bucheron, Victor multiplie entre deux coupes les relations amoureuses avec une attitude des plus viriles. Le trio réussira-t-il à entamer un début de réconciliation?

Durant les 75 minutes sans entracte de la représentation, les confidences tournent beaucoup autour de la figure paternelle. Celle-ci demeure présente à différentes reprises par la voix très posée et très profonde de Pierre Collin. Alors que le quatuor familial des Muses orphelines luttait contre le départ inexpliqué de la mère, le trio mâle des Passes-Dangereuses affronte leurs perceptions antagoniques de leur géniteur, «un poète soulon et gênant», dont l’attitude rêveuse tranchait avec le milieu plus pragmatique et rugueux d’Alma tel que dépeint par Bouchard.

Constitué d’immenses fragments d’une route découpée en morceaux (répartis dans l’espace à la manière d’une montagne), le décor de Claude Goyette apporte une ampleur, un souffle et un sens dramatique à la partition. Les interprètes (principalement Duval et Denommée, Goyette surgit plus tard dans l’intrigue) se déplacent avec aisance sur le plateau. Au milieu, à l’arrière-scène, se déploient des illustrations stylisées en noir et blanc d’images de la nature, entre de longs rideaux noirs. En plus d’accentuer le sens du drame, ces choix scénographiques exposent la dualité entre la fragilité des individus (et l’isolement qui en ressort avec plus d’écho) et la brutalité de la nature.

La direction de Martine Beaulne s’avère rigoureuse et sensible, surtout par les interactions charnelles qu’elle crée entre ses acteurs. Les passages les plus attendrissants surviennent lorsque Carl prend avec douceur Ambroise dans ses bras, à la grande surprise de ce dernier. Plus tard, c’est au tour de Victor de dévoiler une affection perceptible à ses frangins. La tendresse prend alors le dessus sur la rancœur, plus encore que dans Les Muses orphelines, où la metteure en scène explorait plus aisément les nuances des protagonistes et les contrastes entre la douceur et la violence. Par ailleurs, sa distribution insuffle beaucoup d’émotion dans son jeu. Les comédiens donnent à un moment ou l’autre des frissons. Denommée compose avec justesse et sobriété un frère oscillant entre le cynisme et la vulnérabilité, tandis que Duval et Goyette deviennent très intenses quand les carapaces de leurs personnages plus machos commencent à s’effriter.       

Puisant à la fois dans une langue raffinée et populaire (avec certaines expressions très crues), l’écriture de l’auteur de Tom à la ferme (une autre de ses grandes réussites) parvient à cerner la part d’indicible à l’intérieur des individus. Elle frappe par ses métaphores justes, son rythme soutenu et ses réflexions sur une société qui préconise les apparences à la réflexion, le «gros bon sens» individuel et consumériste aux idéaux collectifs. La thématique du père absent (ici un fantôme omniprésent) a rarement résonné aussi fortement dans l’ensemble de son répertoire.

Le Chemin des Passes-Dangereuses s’inscrit comme l’une des réalisations marquantes de Michel-Marc Bouchard, mais aussi dans la dramaturgie québécoise. La présente équipe en fait résonner toute la beauté, mais surtout tous les remous féroces.   

19-02-2018
 

DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

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