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Du 6 septembre au 14 octobre 2017

Alice Springs, ville australienne, an 2039. Un poisson tombe du ciel aux pieds de Gabriel York. Il pleut continuellement et l’homme sait que quelque chose ne va pas. Quatre-vingts ans plus tôt, en 1959, son grand-père prédisait qu’un jour les poissons tomberaient du ciel annonçant une terrible inondation qui mettrait fin à la vie sur terre. Entre ces deux évènements, il y a la quête de réponses d’un jeune homme parti sur les traces de son père disparu. Et, au fil de plusieurs tableaux fascinants qui se déroulent entre un modeste appartement londonien et le désert d’Australie, une question cruciale transparaît : face aux grands enjeux environnementaux, pouvons-nous modifier notre façon de vivre pour le bien des générations futures ?

Partout, on salue la puissance et l’audace de cette pièce de l’Australien Andrew Bovell, plusieurs fois primée et consacrée The Best New Play of the Year par le New York Times. Entrecroisant brillamment une série d’histoires mystérieusement reliées, elle révèle peu à peu comment les modèles de trahison, d’amour et d’abandon sont légués, de génération en génération. Métaphore puissante sur l’impossibilité d’échapper au passé, Quand la pluie s’arrêtera évoque à quel point nous sommes façonnés par ce qui est arrivé avant nous et comment on vit dans l’ombre de ce qui viendra après.

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Texte Andrew Bovell
Mise en scène et traduction Frédéric Blanchette
Interprétation Véronique Côté, Normand D’Amour, David Laurin, Christian Michaud, Alice Pascual, Marco Poulin, Maxime Robin, Paule Savard, Linda Sorgini

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Comme un ciel qui gronde

Pour cette ouverture de saison, la dernière du directeur artistique Michel Dumont, Duceppe nous offre une œuvre fascinante et très différente du ton et du style de la maison.

Quand la pluie s’arrêtera, de l’Australien Andrew Bovell, se penche sur la destinée de deux familles, les Law et les York, sur quatre générations. La pièce créée en 2008 explore, sur fond de déluge et d’enjeux environnementaux, la façon dont un drame familial se répercute d’une génération à l’autre, affectant l’équilibre de chacun.

Le metteur en scène Frédéric Blanchette place personnages et éléments de l’intrigue comme un véritable joueur d’échecs. Sa mise en scène précise et maîtrisée dévoile peu à peu, sous les conversations d’abord anodines et les mots du quotidien, les blessures vives des personnages de Bovell. Dans la vaste salle de Duceppe, sa mise en scène et la scénographie épurée de Marie-Renée Bourget Harvey parviennent à effacer l’espace entre public et scène, et à nous catapulter au plus profond des cœurs écorchés des familles Law et York.

Alors que la pluie s’abat à torrent sur eux et que la fatalité les poursuit, de l’Angleterre à l’Australie, de 1962 à 2039, les hommes et les femmes, père, mère, fils, fille, époux de Quand la pluie s’arrêtera luttent pour comprendre le manque qui les habite, la solitude qui les guette. La distribution fait un travail remarquable. Des confidences vibrantes du personnage tourmenté incarné par Normand D’Amour, réceptacle des batailles perdues de ceux qui l’ont précédé, à la mère perdue, trahie, qui s’interdit désormais d’exprimer son amour, interprétée par Véronique Côté, en passant par le fragile Gabriel, de David Laurin, et la Gabrielle intrépide, indépendante, mais profondément seule, d’Alice Pascual ; tous sont d’une grande justesse.

La pièce fait s’entrecroiser passé, présent et futur, vivants et morts. Ils sont liés par une incroyable succession de malheurs, de trahisons et d’abandons, mais aussi, au final, de pardons. Loin d’être alourdie par le thème, cette histoire de famille, construite comme un casse-tête, présente avec intelligence et un bon dosage de drame et d’humour les pièces qui finissent par donner du sens à la chronologie des événements et aux liens qui unissent tous les personnages. Si la construction de la première partie nous laisse par moments décontenancés, la seconde partie dévoile son jeu, offre un crescendo émotif et tragique qui trace implacablement les relations humaines et familiales de la pièce.

Quand la pluie s’arrêtera, coproduite par Duceppe, Le Trident et Lab87 (dont les deux directeurs prendront la relève à la tête du théâtre l’an prochain), paraît annoncer un véritable vent de changement dans cette institution de la rue Sainte-Catherine, un désir d’explorer de nouvelles dramaturgies et de se permettre des mises en scène plus éclatées. Une ouverture à saluer!

10-09-2017

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