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Du 13 février au 23 mars 2019

Huit mois sont passés depuis que Becca et Louis ont perdu Danny. Leur fils unique avait 4 ans. Becca semble résolue à effacer tout ce qui lui rappelle son petit garçon pendant que Louis s’active et évite de manifester le moindre signe d’abattement. À sa manière, chacun tente de surmonter ce deuil, ce profond gouffre qui les sépare autant qu’il les unit. Autour d’eux, pourtant, la vie continue. La sœur de Becca, sa mère, et même l’adolescent impliqué dans l’accident de Danny cherchent à offrir un peu de réconfort au couple brisé. Mais, comment retrouve-t-on sa place dans le monde après la mort de son enfant ? Comment se reconstruit-on en tant qu’homme, en tant que femme, en tant que couple ?

Unanimement saluée à sa création québécoise à Fred-Barry en 2016, Le terrier explore les passages secrets du deuil, cette « brique dans la poche » que l’on porte. Originellement intitulée Rabbit Hole, traduite ici avec une rare justesse par Yves Morin, cette pièce de l’Américain David Lindsay-Abaire valait à son auteur le prix Pulitzer en 2007. Avec finesse, une pointe d’humour salutaire et évitant tout sentimentalisme, Le terrier retrace le parcours d’une famille complètement déroutée qui, doucement, entrevoit le chemin vers la résilience. Une histoire d’amour et de deuil. Et de la vie qui, malgré l’indicible, doit continuer.

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Texte David Lindsay-Abaire
Mise en scène Jean-Simon Traversy
Traduction Yves Morin
Interprétation Sandrine Bisson, Frédéric Blanchette, Rose-Anne Déry, Pierrette Robitaille, André-Luc Tessier

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Après avoir connu un certain succès sur les planches de la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier lors de sa création en 2016, la pièce Le Terrier, traduite de l’anglais par Yves Morin, retrouve sa distribution originale pour une nouvelle série de représentations au théâtre Jean Duceppe. Affectionné par les jeunes comédiens Rose-Anne Déry et André Luc-Tessier, coproducteurs du spectacle, le texte de l’auteur américain David Lindsay-Abaire présente le quotidien difficile d’un couple après la mort accidentelle de leur jeune enfant alors que parents et amis ne savent pas trop que dire ou que faire pour leur apporter un peu de réconfort.

Ayant comme espace de jeu une scène complètement vide, les comédiens jouissent d’une liberté qui trahit leur plaisir de se retrouver ensemble. Facilement perceptible dans leur regard pétillant, la complicité qui unit la relève artistique avec les vétérans Sandrine Bisson, Frédéric Blanchette et Pierrette Robitaille permet une certaine distanciation avec l’action, ce qui allège considérablement le ton tragique des propos échangés. Il faut dire que les dialogues de Lindsay-Abaire n’excluent pas la comédie. Offrant à ses personnages plusieurs occasions de rire malgré le drame qui les assène, l’auteur est à féliciter pour avoir su trouver un équilibre entre les deux genres. En plus d’envoyer un message d’espoir face à la dure épreuve d’une perte et de mettre en lumière l’humanité des protagonistes, l’humour léger du texte semble tout indiqué après un long moment de tension. Dommage que la troupe en ait minimisé l’effet apaisant pour s’attirer les rires des spectateurs à tout prix. Sans rien enlever au talent de Pierrette Robitaille qui incarne la grand-mère du garçon décédé avec une intensité comique du début à la fin, il importe de se demander si, au risque de ne pas amuser l'auditoire, il était vraiment nécessaire de jouer autant la comédie… Dans l'ensemble, malgré le duo convaincant que formaient Bisson et Blanchette, la jeunesse semble s'être davantage démarquée grâce à son interprétation authentique et sensible.

Un excellent travail de conception qui paraît simple, mais dont l'ingéniosité cachée derrière, révèle toute sa complexité.

Même s’il est clair que le travail paraît avoir volontairement été épuré pour renforcer magnifiquement bien la solitude des personnages après le décès tragique de l'enfant, la scénographie de Cédric Lord surprend agréablement. Fixé sur une base capable de le faire  pivoter, le plateau de jeu donne une forte impression d'instabilité. Le plafond, également mobile, qui menace de s'effondrer à tout moment, s'y agence à merveille. Chargé de pallier l'absence de gestes pour contextualiser l’action relatée, le travail de Normand Blais aux accessoires permet d’éviter les ambiguïtés en laissant au public la chance de découvrir le style de l'auteur sans trop d'artifices. À l'inverse, la musique du duo Yves Morin et Étienne Thibault, rappelant une douce berceuse, accentue l'intensité dramatique du spectacle. Quant à l'éclairage varié de Renaud Pettigrew, il réussit à suggérer une tension émotionnelle intéressante allant de pair avec celle partagée par les personnages. Un excellent travail de conception qui paraît simple, mais dont l'ingéniosité cachée derrière révèle toute sa complexité.

Au terme de 90 minutes à naviguer entre drame et comédie, les comédiens reçoivent des applaudissements respectueux saluant au passage l’audacieuse proposition de Jean-Simon Traversy qui a permis de redécouvrir Le Terrier, une pièce au sujet délicat, mais traité par un auteur en pleine possession de ses moyens.

15-02-2019

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