Beverly Weston, poète jadis célèbre, disparaît mystérieusement. D’urgence, ses trois filles se réunissent dans la maison de leur enfance, au milieu des plaines suffocantes de l’Oklahoma. Souffrant d’un cancer et d’une dépendance aux médicaments, leur mère Violet fera de ces retrouvailles familiales un champ miné de confrontations aussi savoureuses qu’implacables. Reproches cinglants et ripostes décapantes, les secrets étouffés volent en éclats, les rancoeurs tenaces refont surface. En ce mois d’août, dans le canton d’Osage, personne n’est épargné. Et si, au bout du compte, ce violent orage d’été se révélait salutaire…
Avec humour, vivacité et intelligence, Disparu.e.s oscille sans cesse entre comédie noire et mélodrame. Véritable escalade de tensions culminant lors d’un infernal dîner qui frise l’hystérie, cette pièce de Tracy Letts propose treize partitions truculentes, absolument réjouissantes. Autant de personnages denses, à la fois cruels et attendrissants, qui composent cette étonnante fresque familiale. Et au-delà de cette plongée dans les malheurs et les obsessions du clan dysfonctionnel des Weston, cette histoire évoque plus largement une Amérique ébranlée, en perte de repères. Considérée par plusieurs comme l’une des pièces américaines les plus marquantes des vingt dernières années, Disparu.e.s valait à son auteur un prix Pulitzer en 2008 et cinq Tony Awards, dont celui du meilleur texte.
Texte Tracy Leits
Adaptation et mise en scène René Richard Cyr
Traduction Frédéric Blanchette
Avec Sophie Cadieux, Chantal Baril, Yves Bélanger, Alice Dorval, Hugo Dubé, Antoine Durand, Renaud Lacelle-Bourdon, Roger Léger, Guy Mignault, Christiane Pasquier, Kathia Rock, Évelyne Rompré, Marie-Hélène Thibault
Crédits supplémentaires et autres informations
Titre original : August: Osage County
Décor Jean Bard
Accessoires
Normand Blais
Musique
Alain Dauphinais
Éclairages
Alexandre Pilon-Guay
Costumes
Cynthia St-Gelais
Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort
Soirée-rencontre : 5 novembre
Les représentations en après-midi sont maintenant à 15 h.
Les représentations du samedi soir sont devancées à 20 h.
TARIFS SAISON 2019-2020 |
SECTION A | SECTION B | SECTION C | SECTION D | SECTION E |
Courant | 70,00 $ * | 65,00 $ * | 52,00 $ | 40,00 $ | 25,00 $ |
Aîné (65 ans et plus, preuve d’âge exigée) | 67,00 $ * | 62,00 $ * | 49,00 $ | 37,00 $ | 25,00 $ |
Jeunesse (18 à 35 ans, preuve d’âge exigée) | 39,00 $ | 37,00 $ | 36,00 $ | 30,00 $ | 25,00 $ |
Ado (17 ans et moins, preuve d’âge exigée) | 25,00 $ | 25,00 $ | 25,00 $ | 25,00 $ | 25,00 $ |
18 à 35 ans : ton âge = ton prix (duceppe.com/TonAge)
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Clients non abonnés
Il est possible de demander un changement de date pour les billets simples (frais de service applicables) à la billetterie de la Place des Arts:
514 842-2112 ou sans frais 1 866 842-2112.
Une production DUCEPPE
Après dix ans sans se produire sur la scène du Théâtre Jean-Duceppe, voilà que René Richard Cyr revient en force accompagné d’une équipe de grands talents pour mettre en scène Disparu.e.s, une traduction québécoise de la pièce August : Osage County de l’auteur américain Tracy Letts. Si Frédéric Blanchette peut se féliciter d’avoir produit un texte aux répliques toutes aussi cinglantes que sa version originale, c’est la solide distribution qui retient davantage l’attention. Portée par des comédiens totalement investis et complices, l’histoire de la famille Weston et des secrets qui l’entourent demeure captivante du début à la fin.
Le rideau s’ouvre sur un portrait figé de l’ensemble de la famille qui dure quelques secondes avant de se dissiper. Cette première image qui semble, à elle seule, résumer l’essence de la pièce, annonce le ton assez incisif qu’aura le reste de la représentation. Dans le rôle de Beverly Weston, celui dont la disparition servira de prétexte pour réunir toute la famille, Guy Mignault est en parfait contrôle offrant un jeu posé alors qu’il s’adresse à une foule attentive. Il dérobe même quelques rires avant de disparaître pour de bon, laissant le public faire la connaissance de sa famille dysfonctionnelle. Faisant tour à tour leur entrée dans la maison familiale, les personnages semblent tous bien définis et distincts. Il faut dire que le metteur en scène a su s’entourer d’interprètes chevronnés. Même la jeune Alice Dorval assure dans son rôle d’adolescente rebelle. Incarnant sa mère qui est aussi l’aînée des sœurs Weston, Marie-Hélène Thibault joue avec un aplomb qui renforce le côté plus rigide et sévère de son personnage. De nature plus réservée que ses sœurs, Ivy Weston est interprétée par une Évelyne Rompré avec une belle sensibilité qui va droit au cœur. Quant à Sophie Cadieux, elle y va à fond dans le rôle de la sœur égocentrique qui déborde d’énergie. Sa performance plus exaltée permet quelques moments comiques appréciés. En matriarche bornée, Christiane Pasquier est époustouflante. Même si chaque réplique lui vaut un rire de la foule, celle-ci reste ancrée dans sa folie sans jamais en déroger, portant en elle le drame autant que la comédie.
Supportant leurs partenaires féminines, tels de vrais gentlemen, les hommes de la distribution offrent des personnages plus légers, mais tout aussi impliqués. Sans jamais voler la vedette à leurs collègues, ils réussissent tous à se montrer fort attachants et toujours à l’écoute permettant, ainsi, plusieurs scènes de duo très touchantes.
Portée par des comédiens totalement investis et complices, l’histoire de la famille Weston et des secrets qui l’entourent demeure captivante du début à la fin
En ce qui a trait à la conception, c’est le travail du scénographe Jean Bard qui se démarque particulièrement du lot. Élaboré sur trois étages, l’espace de jeu figure efficacement la maison familiale des Weston. Chaque pièce de la demeure étant délimitée très clairement, la tension semble déjà présente dans l’air. La division de la scène en plusieurs espaces légèrement surélevés nourrit cette idée de solitude qu’amènent souvent les conflits familiaux. De teinte sombre, les murs donnent l’impression qu’il fait toujours nuit dans cette maison où les instants de bonheur se font rares. Le travail de Normand Blais, responsable des accessoires, devient alors plus saisissant. Telle une tentative de rendre l’atmosphère plus chaleureuse afin de cacher les malheureuses vérités, le concepteur contribue à renforcer le mensonge qui sévit chez les Weston. Ayant choisi un mobilier aux couleurs chaudes et agrémentant l’espace de quelques lampes qui restent tamisées jusqu’à la fin, celui-ci provoque un contraste significatif assez intéressant. Malgré la rancœur qui règne, la maison reste un repère où l’amour est présent. Avec ses costumes, Cynthia St-Gelais appuie le jeu de chaque comédien en proposant des ensembles qui se collent parfaitement avec le caractère de chacun. Cela permet à tous d’avoir une certaine singularité qui les met en valeur aussi minime soit leur importance dans l’action présentée. Sur le plan de l'éclairage et de la musique, le travail d’Alexandre Pilon-Guay et celui d’Alain Dauphinais respectivement accentuent l’ambiance dramatique en toute subtilité s’assurant que les interprètes restent à l’avant-plan au grand plaisir de l’auditoire.
Chaudement applaudis par un public visiblement admiratif du travail accompli, les treize comédiens viennent recueillir les honneurs avec humilité. Ayant offert une performance impeccable et des plus nuancées, Christiane Pasquier se voit offrir une belle ovation, et ce, avec raison. Les interprètes des sœurs Weston sont également accueillies en grand confirmant l’imposition de femmes talentueuses dans ce spectacle dirigé d’une main de maître par René-Richard Cyr. Si ce dernier semble avoir été rigoureux en répétition, la liberté laissée aux acteurs est palpable tandis que tous jouent le mensonge avec une authenticité bien personnelle. Campée sur une scène fabuleuse, la pièce Disparu.e.s a tout pour attirer au théâtre quiconque veut admirer la vérité se dégageant d’une fiction si bien ficelée.