La crème glacée, les montagnes russes, l’odeur des vieux livres — pour faire sourire sa mère souvent triste, un enfant crée une liste de tout ce qui vaut la peine d’être vécu. Le temps passe, la liste s’allonge: l’enfant est devenu un homme, et ce qui a commencé comme une tentative naïve de faire face à la maladie devient une chronique épique des petites et grandes joies de la vie.
Toutes les choses parfaites est la pièce idéale pour célébrer le plaisir de pouvoir à nouveau se réunir devant un spectacle vivant. Le public étant mis à contribution dans certaines scènes, chaque représentation devient unique et mémorable. D’abord présentée en formule 5 à 7 en 2018 et 2019, la pièce a été retravaillée pour habiter pleinement la grande scène de Duceppe. La version présentée devant public distancié contient des scènes inédites et tire une matière dramatique et humoristique des mesures de distanciation sociales. Une pièce feel-good qui saura ravir les spectateur·trice·s avides de théâtre!
Texte Duncan Macmillan
Mise en scène Frédéric Blanchette
Avec François-Simon Poirier
Crédits supplémentaires et autres informations
Décor et accessoires Jeanne Ménard-Leblanc
Lumières Renaud Pettigrew
Assistance à la mise en scène et régie Charlie Cohen
Durée approximative 50 minutes
Une production LAB87 en collaboration avec Duceppe
En arrivant dans le hall de la Place des Arts, devant le Théâtre Jean-Duceppe, on est fébrile. Comme si on allait retrouver un vieil ami perdu de vue depuis (beaucoup) trop longtemps. Cette rencontre, on l’anticipait depuis des mois. Des mois à se demander quand (et si) on pourrait renouer avec notre vieux « pote ». L’attente a été longue. Après un accueil dans le plus strict respect des règles sanitaires (questionnaire sur l’état de santé, désinfection des mains, distanciation physique, longues files d’attente, etc.), les retrouvailles étaient douces. En pénétrant dans le foyer, même si tout a changé, on retrouve un décor familier.
Dans la salle qui accueillait il y a à peine six mois 750 spectateurs, on a réservé 150 places aux spectateurs impatients, masqués et respectueux des « nouvelles » réalités, venus renouer avec le théâtre. Installés à deux bancs de distance, occupant une rangée sur deux – rangée qu’on a pris le soin d’appeler une à une à la fin de la pièce pour assurer une sortie sécuritaire – les passionnés du 6e art étaient fin prêts. Avec Toutes les choses parfaites, Jean-Simon Traversy et David Laurin ne pouvaient leur offrir meilleur spectacle pour donner le coup d’envoi de cette saison alternative chez Duceppe.
Des dizaines de lampes-sentinelles dispersées çà et là entre les bancs inoccupés meublent la salle. Sur scène : un piano, des plantes rustiques déposées sur des tables, des tapis élimés, une chaise ancienne, un tourne-disque, des lampes de tous formats – petites, grandes ou suspendues – et un sol jonché de vinyles. L’ambiance est feutrée, rassurante même. Avant la première réplique, les codirecteurs artistiques prennent quelques minutes pour saluer leur public chéri et rendre un hommage senti et touchant à celui qui les a précédés, le grand Michel Dumont.
En multipliant notamment les incartades désopilantes, (François-Simon) Poirier aborde le sujet grave du suicide avec finesse, sensibilité et intelligence.
D’abord présenté en 2016 au Théâtre La Licorne, le solo du dramaturge anglais Duncan Macmillan, brillamment interprété par François-Simon Poirier, sous la direction de Frédéric Blanchette, est applaudi par la critique. La pièce est reprise en 2018 et 2019, dans le cadre des 5 à 7 Duceppe présentés en coulisses. En 2020, elle fera certainement mouche sur le grand plateau du Théâtre Jean-Duceppe. Toutes les choses parfaites raconte l’histoire d’un jeune garçon de sept ans qui doit composer avec la dépression et les idées suicidaires de sa mère. Pour la rassurer et apaiser son mal de vivre, le narrateur lui concoctera une liste exhaustive de choses parfaites. Parmi ces petits plaisirs figurent la couleur jaune, la crème glacée, voir quelqu’un tomber, les montagnes russes, jouer du piano dans la cuisine, les chats gentils et (mon préféré qui a beaucoup fait réagir la salle) l’item 999 998 : retourner au théâtre après plusieurs mois de confinement. Car oui, immanquablement, la COVID s’invite à la partie, non sans être malmenée et ridiculisée au cœur de scènes hilarantes. Qui aurait cru que le redoutable virus aurait un effet si bénéfique ? L’intégration de la maladie maudite au texte est plus que parfaite, plus particulièrement la scène de la demande en mariage derrière une installation de plexiglas. Succulent!
Ainsi, vingt ans durant, au fil des événements marquants de sa vie (université, premier grand amour, mariage, séparation, etc.) et des tentatives de suicide de sa mère, le héros-conteur étoffera et peaufinera à outrance son inventaire qui atteindra le million d’entrées. Or, regrettablement, la liste ne produira aucun effet et n’arrivera pas à convaincre sa souffrante maman que la vie vaut la peine d’être vécue. L’irréparable surviendra, laissant pantois un fils habité par les mêmes hauts et bas que sa mère disparue. « Même si tu sais que c’est pas de ta faute, tu ne peux pas t’empêcher de te sentir coupable. » Petit, les moments de bonheur lui faisaient peur, car ils étaient toujours suivis d’humeurs noires. Devenu grand, il n’est guère plus rassuré. Le suicide est-il contagieux ? Finira-t-il comme elle ?
En multipliant notamment les incartades désopilantes, Poirier aborde le sujet grave du suicide avec finesse, sensibilité et intelligence. Et son récit intime, il saura le construire en groupe en interagissant avec le public complice. À tour de rôle, les spectateurs lui clameront des petits bonheurs inscrits sur des cartons à leur disposition, ou lui donneront la réplique, jouant un vétérinaire, une professeure-psychologue bienveillante et une première blonde. La magie de l’expérience collective opère. Autres aspects qui illuminent les zones sombres : l’humour et la musique. Imitant Ray Charles ou pianotant des airs touchants, l’acteur apporte son baume.
Malgré ses craintes, il n’est pas seul. Personne n’est jamais complètement seul. Si au cours de notre vie, on vivra des moments éprouvants, on pourra, à l’instar du narrateur, se conforter dans une telle liste, ne serait-ce que pour se rappeler ce qui donne un sens à la vie. 1- marcher pieds nus dans le gazon. 2- flatter un chaton. 3- Trouver de l’argent par terre. 4- Voir Toutes les choses parfaites. À vos listes!
Dates antérieures (entre autres)
Présenté à La Licorne en 2016, puis en formule 5 à 7 chez Duceppe en 2018 et 2019