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Du 1er au 23 mai 2021, en semaine 19h, samedi 16h et dimanches 15h

Une rencontre improbable dans un party, un premier vol, une altercation dans un bar, un incendie dans un parc. Une peine d’amour, une trahison. En quelques jours, presque par accident, la vie de Dave bascule. Submergé par la peine, la colère et la peur, le jeune homme enchaîne les mauvaises décisions, se prend le bras dans l’engrenage de la violence et plonge dans une rapide descente aux enfers. Où se terminera sa chute?

Ce solo percutant expose dans une langue puissante et crue une réalité peu portée au théâtre: celle des rues sombres de Montréal, des quartiers populaires, de la délinquance ordinaire. La pièce a été présentée à guichets fermés à La Licorne en 2005 et a valu à Alexandre Goyette le Masque du texte original et celui de l’interprétation masculine. Elle fut également l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par Podz en 2016. Bien qu’il soit toujours aussi pertinent et actuel, le texte a été entièrement réécrit par son auteur, Alexandre Goyette, et le jeune acteur qui personnifie Dave en 2020, Anglesh Major. Cette nouvelle mouture de l’oeuvre s’en trouve enrichie notamment de questions liés à l’identité et à l’appartenance, et les récentes manifestations mondiales dénonçant le racisme systémique l’éclairent d’un angle neuf. Le retour de King Dave sur scène promet d’être un événement marquant de la rentrée culturelle.

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Texte Alexandre Goyette en collaboration avec Anglesh Major
Mise en scène Christian Fortin
Avec Anglesh Major

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Avec une oeuvre comme King Dave, dont la création par son auteur Alexandre Goyette a marqué les esprits, impressions cimentées par une adaptation au cinéma où Goyette reprenait son rôle-titre, les défis que représente une nouvelle mise en scène étaient très grands. Et pourtant, cette version signée Christian Fortin trouve son ton et ses couleurs.

Le comédien Anglesh Major fait sien le récit de Dave, un jeune paumé plein de bravades et d’une propension à prendre les pires décisions, qui le mènent de gâchis en catastrophes. Seul en scène pendant une heure quarante, l’acteur nous embarque avec lui dans les mésaventures rocambolesques de Dave avec l’habileté d’un conteur, sans jamais fléchir dans le déversement de paroles. Son Dave, aux réflexions et aux réactions toujours immatures, gagne une profondeur supplémentaire grâce aux quelques modifications apportées au texte par l’auteur et par le comédien.

Son Dave, aux réflexions et aux réactions toujours immatures, gagne une profondeur supplémentaire grâce aux quelques modifications apportées au texte par l’auteur et par le comédien.

En effet, Alexandre Goyette et Anglesh Major ont fait un formidable travail d’adaptation du texte original, y intégrant des passages en créole pour s’accorder aux origines désormais haïtiennes du personnage. Mais ces changements ne sont pas que cosmétiques, ils donnent aussi au texte un nouveau niveau de lecture. Les thèmes de la discrimination, du racisme et de la quête identitaire des jeunes issus de l’immigration s’ajoutent à celui de l’intimidation et de la pression de la société que l’on retrouvait dans le récit original. Le récit gagne en profondeur au travers de la mise en scène de Christian Fortin, de la musique de Jenny Salgado et de l’interprétation de Major, une profondeur qui porte à réfléchir, surtout à la lumière des événements des derniers mois pendant lesquels le racisme systémique et le profilage ont régulièrement fait les manchettes.

Major insuffle à Dave une énergie d’abord débordante qui fait rire à plusieurs reprises, puis de plus en plus nerveuse alors que les confidences du jeune homme ne viennent plus de la tête, mais du ventre, un ventre noué par la peur. Cette énergie devient même carrément autodestructrice en deuxième partie, quand Dave met le doigt dans un engrenage infernal dont il perd totalement le contrôle. Le monologue gagne en force. Fini les bravades; le désarroi et la détresse prennent le pas sur tout le reste. Les dernières minutes sont, à ce chapitre, aussi fascinantes que troublantes et Major émeut par son trouble grandissant.

Le récit souffre toutefois un peu en étant présenté sur la scène très large de Duceppe. Le comédien semble au départ un peu perdu dans ce grand espace et l’éloignement entre la scène et la salle crée une distance qui met un bon moment à disparaître. La scénographie aérée de Xavier Mary mise sur quelques meubles et micros épars pour donner toute la place à la vie chaotique de Dave. Au fil du spectacle, la mise en scène vient nous rappeler que le paraître derrière lequel celui-ci se cache est aussi celui du théâtre, où décors et jeux de lumière servent à faire croire aux mensonges. Dave frappe un mur, et celui du théâtre s’effondre en même temps…

La production, si elle ne parvient pas totalement à nous faire oublier la remarquable création de King Dave, réussit haut la main à nous faire vivre une montagne d’émotions et à s’approprier le texte de Goyette. King Dave, c’est avant tout l’histoire d’un jeune marginalisé habité par la peur et la colère, peu importe ses origines familiales ou sociales. Et Anglesh Major incarne à la perfection ce triste roi à la couronne de travers. Longue vie au roi!

09-05-2021

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