Du 15 au 26 janvier 2008
Passages
Composition scénique : Anne Sophie Rouleau
Avec Johanna Bienaise, Noë Cropsal,
Simon Gfeller, Patricia Leblanc et Julie Vachon
Passages ouvre l’espace de la mémoire, celui de l’après, d’après la tourmente, lorsque
la poussière retombe comme une neige douce. Une maison a brûlé. Une maison brûle. Les deux pieds dans une terre née des cendres, cinq interprètes – deux danseuses et
trois acteurs dont un chanteur classique – explorent le vaste territoire d’une histoire
déchirée qu’ils réinventent à chaque pas. Pour défier l’absence, pour tromper la mort, ils
jouent et jouent encore. Essayant de parler. Essayant de danser. Essayant de chanter.
Alliage de séquences musicales, chorégraphiques et textuelles qui s’entrelacent sur le
mode de la variation perpétuelle, Passages est, comme la mémoire, un paysage mouvant en
constante réécriture. Dans une résistance à l’oubli et au déni, caractéristiques de notre société,
cette seconde création de Matériaux Composites se penche sur la nécessaire question du deuil.
Assistance à la mise en scène et régie :
Virginie Lachaise
Espace : Danika Fitchett
Lumières : Eddie Rodgers et Catherine
Mousseau
Son et musique originale : Marie-Hélène Leclerc Delorme
Costumes et
accessoires : Marie-Ève Fortier
Direction de production: Magali Letarte
Une création Matériaux Composites
PÉRIODE PREMIÈRES
toutes les représentations
régulier 20 $
carte premières 10 $
Du mardi au samedi 20h
La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738
par Marie-Julie Desrochers
Le métissage des arts, bien souvent l'apanage de jeunes compagnies audacieuses, produit généralement des résultats intéressants, mais souvent hermétiques. Dans ce contexte, le (grand) mérite de la troupe Matériaux composites, qui présente pour une deuxième fois la création Passages, est d'être parvenu à un véritable mélange, presque fusionnel : entre les arts – la danse, le théâtre, le chant, la vidéo -, d'une part, mais surtout, entre les couches de sens, les messages lancés, les publics interpellés. Création éprouvée, à point, équilibrée, Passages est recherchée et intelligente, mais aussi accessible et sensible – amalgame rare et rafraîchissant.
La narration – le programme parle d'un essai scénique – fruit du travail d'Anne Sophie Rouleau, se construit sur des amoncellements épars et malléables; de livres, de terre, de corps, d'images, de noms. La mémoire, fil conducteur de la pièce, chemine à travers ces objets, s'exprime par le biais de quelques monologues, comiques ou dramatiques, de saynètes dansées, de bruits, de chants, de quelques rares musiques, tout ceci afin de (re)constituer les événements.
Le travail des interprètes, juste, fougueux et énergique, est remarquable. Patricia Leblanc, danseuse de formation, offre une performance saisissante ; une exploration de l'enfance tout sauf mélancolique et sage. Julie Vachon, Noe Cropsal et Johanna Biennaise ne sont pas moins talentueux, mais, force est d'admettre que la performance Simon Gfeller, un chanteur classique et acteur de formation, capte l'attention du spectateur avec une force peu commune. Il mène notamment un monologue comique portant sur les prénoms (que l'on donne) d'une main de maître, monologue qui, au-delà de sa bouffonnerie, jette un éclairage sur le propos tenu tout au long de la création, tout en devenant peu à peu prétexte à différentes et délicieuses petites chorégraphies. Amalgame réussi, disions-nous.
Passages, qui en est à sa deuxième vie devant public, a sans doute bénéficié de l'expérience conférée par la première production. Du moins, c'est ce que ressent le spectateur, qui assiste à un spectacle d'où le superflu est absent et où les réactions du public ne se sont jamais fait attendre les nombreuses fois où elles ont été suscitées.
19-01-2008