Du 16 au 20 février 2010, du mardi au samedi 20h
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JerkJerk

(théâtre - marionnettes pour adulte, ventriloque / France)

Texte traduit de l’américain au français par : Emmelene Landon
D’après une nouvelle de Dennis Cooper
Conception et mise en scène : Gisèle Vienne
Dramaturgie : Dennis Cooper
Interprétation et collaboration à la conception : Jonathan Capdevielle

Jerk est une reconstitution sans compromis, effrayante et drôle, des crimes perpétrés par le tueur en série américain Dean Corll qui, avec l’aide de deux adolescents, David Brooks et Wayne Henley, a tué plus d’une vingtaine de garçons dans l’état du Texas au milieu des années 70. Dans la pièce, David Brooks purge une peine à perpétuité. En prison, il apprend l’art de la marionnette et écrit une pièce qui reconstitue les meurtres de Dean Corll. Il présente son spectacle en prison à une classe d’étudiants en psychologie que représente le public. Jerk mêle sexualité et violence dans un registre digne de l’esthétique gore.

Créée en octobre 1999 en France par Etienne Bideau-Rey et Gisèle Vienne, la compagnie De l’Autre Côté du Miroir (DACM) a toujours eu l’ambition de contribuer à un échange entre la danse, les arts de la marionnette, le théâtre et d’autres disciplines artistiques. Depuis 2003, Gisèle Vienne développe un travail de metteure en scène et de chorégraphe en solo et a mis en scène et chorégraphié I Apologize (2004), Une belle enfant blonde (2005), Kindertotenlieder (2007), Jerk (2008) et Éternelle Idole (2009), sa dernière pièce avec une patineuse artistique et un comédien. Gisèle Vienne est artiste associée au Quartz, Scène nationale de Brest

Costumes : Marino Marchand, Babeth Martin, Dorothéa Vienne Pollak
Musique : Peter Rehberg (musique originale) et El Mundo Frio de corrupted
Lumière : Patrick Riou
Voix enregistrées : Serge Ramon, Catherine Robbe-Grillet
Stylisme : Stephen O’Malley, Jean-Luc Verna
Marionnettes : Gisèle Vienne, Dorothéa Vienne Pollak
Maquillage : Rebecca Flores, Jean-Luc Verna

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Une présentation La Chapelle - une production DACM
Une coproduction Le Quartz - Scène Nationale De Brest ; Centre Chorégraphique National de Franche-Comté à Belfort dans le cadre de l’Accueil-Studio et Centro Parraga-Murcia

La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

par David Lefebvre

Jerk: a contemptibly naive, fatuous, foolish, or inconsequential person
(une personne naïve, idiote, folle, ou inconséquente)

- source: dictionary.reference.com


Crédit photo : Alain Monot

Gisèle Vienne est peu connue du public québécois. Jeune créatrice et metteure en scène française de talent, elle explore, depuis 1999, avec I Apologize, Une belle enfant blonde et Kindertotenlieder (trois textes de l’Américain Dennis Cooper), le rapport des corps animés et inanimés au fantasme, à l'érotisme et à la mort, par le biais du masque, de l'objet et de la marionnette. Jerk est la quatrième roue du projet, du même auteur, inspiré cette fois-ci de faits réel.

Le comédien Jonathan Capdevielle emprunte les traits de l’adolescent David Brooks, incarcéré pour complicité de crimes abominables, soit 27 meurtres et mutilations, commis par son copain Wayne Henley et le tueur en série Dean Corll. Alors qu'il est en prison, David utilise la marionnette pour faire face à ses démons et raconter son histoire ; une terrifiante thérapie. L'homme, par sa nervosité et sa folie passive, plonge littéralement le public dans une stupeur intriguée, blasé ou dégouté par le malaise causé par la cruauté des actes perpétrés. Pourtant, c'est avec une étonnante économie de mouvements et d'émotions que Capdevielle parvient à nous entraîner dans ce témoignage à la limite de la schizophrénie, tout près du gore symbolisé. Assis sur une chaise, il nous attend, fébrile, puis commence son récit en nous faisant lire un texte qui introduit sa propre narration. Malgré un appui parfois trop poussé et très long sur les effets sonores - bruits produits par la bouche du comédien, qui vient souvent faire décrocher le spectateur au lieu de l'horrifier - Jonathan Capdevielle est tout à fait remarquable dans ce rôle à la limite d’un déconcertant réalisme. Le visage stoïque, marionnettes à gaine dans chaque main, il modifie sa voix pour chaque personnage avec une incroyable facilité, sans pour autant dénaturer totalement la sienne. Il termine sa partie avec un numéro de ventriloque, qui nous mystifie par l’atrocité de ses propos et nous trouble tout autant par le détachement physique du personnage que la folie qui l'engloutit. Seulement par les mots susurrés, des images s'imposent alors à notre esprit, malsaines, macabres. Comme si on se projetait un snuff movie personnel.

La fiction et la réalité s'entrechoquent dans cette mise en abyme, et Jerk se questionne sans complexe ni censure sur les thèmes chers de Gisèle Vienne : le fantasme, la violence, la décadence, la peur et les troubles de l'acceptation à l'adolescence et, indirectement, de l'homosexualité. L'ambiance sonore originale de Peter Rehberg, mélange d'électro, de sons stridents et ambiants de prison, vient à l'occasion renchérir l'impact perturbant d'une mise en scène directe, restrictive, sans tape à l'oeil.

Spectacle phare de la saison 2009-2010 de La Chapelle, Jerk est une pièce angoissante, qui nous fait découvrir un comédien hors pair, mais qui comporte quelques scènes lourdes, à la limite de l'insupportable pour certains spectateurs.

16-02-2010

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