La compagnie AKSELERE a été fondée en 1999 par Colette Garrigan et Franck Bourget au Plate St-Leu à l’ÎIe de la Réunion, puis s’est installée en Normandie en 2007. Spécialisée dans les arts de la marionnette, la compagnie a créé Après la pluie en 1999, Cent ans dans la forêt en 2002, puis Sleeping Beauty en 2004, qui a connu un succès international, en Europe, en Amérique et en Australie. Colette Garrigan est née à Liverpool de parents irlandais; elle a étudié les arts visuels et la scénographie avant d’obtenir son diplôme de l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières en 1993. Crowning Glory est sa toute dernière création, soutenue par la Direction régionale des affaires culturelles, le Conseil régional et le Département de la Basse Normandie.
Scénographie Sylvain Diamand
Arts plastiques Jonas Delhaye
Couture Géraldine Maamar Dine
Chapeaux Hizzy
Lumière Laurent Filo
Environnement sonore Jeff Gondek
Conseil artistique Joanne Foley, Robin Frédéric
Collaboration à la dramaturgie Marja Nykanen, Claude Lapointe
Collaboration artistique Sarah De Foresta, Johanna Saalov
Crédit photo : Eric Grundmann
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Une coprésentation de La Chapelle et de Casteliers
Une production de la compagnie Akselere
Une coproduction l’Espace Jean Vilar d’IFS et du Théâtre Jeune Public de Strasbourg
La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738
par David Lefebvre
La compagnie AKSELERE, qui nous avait offert Sleeping Beauty il y a quelques années, nous présente son plus récent spectacle, Crowning Glory. La nouvelle création de la compagnie normande, en tournée internationale, se situe entre le solo aux multiples niveaux de jeu et la performance scénique d’ombres et de manipulation d’objets.
Une coiffeuse s’apprête, un matin, à ouvrir sa boutique, ultime lieu des confidences, où, selon elle, tout est possible. Elle s’entretient si bien avec les accessoires de son quotidien qu’on arrive à s’étonner de leur inertie. Puis, la dame traverse littéralement le miroir et entre dans le récit d’une petite fille, abandonnée dès sa naissance, sans prénom. Négligée, abimée, elle continue pourtant de pousser, de grandir, motivée par son désir inébranlable d’atteindre son rêve, soit celui de devenir reine, de s’affranchir, fuir les railleries de ses copines d’école, d’être enfin grande et de ne plus être la petite X mais bien Alice. La coiffeuse compare ainsi la vie et la quête de la jeune fille à une visite dans un salon (le rite lavage des cheveux, coupe, coloration, brushing, miroir) ainsi qu’à une partie d’échecs, où chaque phase beauté, chaque case, est une transition, une étape de plus à franchir.
Colette Garrigan, spécialiste des arts de la marionnette, est au cœur de ce solo tout en douceur, mis en scène conjointement avec son accolyte Sylvain Diamand. Elle charme rapidement, grâce à son jeu ludique et à son accent qui conserve quelques traces de son Liverpool natal. La pièce est essentiellement en français, agrémentée de quelques phrases dans la langue de Shakespeare. Étonnamment, ces petits moments en anglais traduisent souvent mieux l’univers dans lequel le spectacle nous entraîne, peut-être grâce au confort qu’il procure à l’interprète ou aux choix des mots.
Un remarquable sens du décalage se dégage de la narration et de l’interprétation aux multiples couches. C’est essentiellement par l’entremise du théâtre d’ombres amplifiées, bien maîtrisé, que nous entrons en contact avec l’histoire de la jeune fille, de la grossesse de la mère jusqu’aux études au lycée professionnel, en passant par l’orphelinat catholique, où la maltraitance est de mise, un endroit qu’on écorche vivement. La poésie des mots et des gestes, ainsi que la construction générale du spectacle qui rappelle Lewis Carroll – le miroir et le nom de la coiffeuse aidant – sont d’une désarmante simplicité. Le miroir du salon devient ainsi un révélateur des vérités et des mensonges, un passage vers un autre univers, une réflexion sur la perception et la transformation.
Les objets et les magnifiques meubles multifonctionnels autour de la comédienne prennent entièrement part au récit : le balai, les ciseaux, le distributeur de mousse, la brosse, le séchoir à cheveux, tous ont un petit rôle ou une double signification. Le fauteuil, qui mord les fesses et qui répond au nom qu’on lui octroie, est l’élément clé de la scénographie, devenant au passage, grâce à un peignoir et à un postiche, l’incarnation de la cliente fantôme. Simple, brillant.
Fable à l’étrange ambiance féérique, Crowning Glory est un récit initiatique où joliment s’emboîtent les métaphores sur la résilience et l’acceptation de soi.