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Du 23 septembre au 2 octobre 2010, 20h
Mobycool
(théâtre performance et musique)
Texte et mise en scène Anne-Marie Guilmaine
Avec Claudine Robillard, Alexis Lefebvre, Pierre-Antoine Lasnier, Ariane Boulet

Tomber amoureuse d’une mascotte n’est pas si improbable. Pas plus en tout cas que d’être pris en otages par les ancêtres d’une Chinoise blonde. Et si le roller derby n’est qu’un prétexte pour assouvir les rages perfectionnistes de la joueuse au chandail 1990, la cabine téléphonique du Palais Montcalm peut être le lieu insolite où l’on joue son destin. Dans ces moments-là, plonger la tête dans son frigo de marque MOBYCOOL dernier modèle semble d’une incontestable pertinence.

Né d’une réflexion sociologique questionnant les tensions paradoxales, les malaises et les mythes d’une
Amérique contradictoire, MOBYCOOL se présente comme un patchwork d’observations sensibles et grinçantes. Porté par une magnifique distribution de six acteurs, performeurs, musiciens, ce spectacle écrit dans l’urgence lance pourtant un cuisant appel à la douceur.

Composition Jean-François Charron
Interprétation de la musique Jean-François Charron, Etienne Dupré
Dramaturgie Mélanie Dumont
Scénographie et lumière Jonathan Nadeau
Conseil scénique et direction de production Claudine Robillard
Conseil chorégraphique Brianna Lombardo

Une création de Système Kangourou

La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique
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par Mélanie tHibault

Pressé à froid

Un bon bol d’air frais disponible ici, en Amérique, dans tous les réfrigérateurs de marque Mobycool. Deux heures et demie de délire vitaminé aux oranges pressées et pas une minute de fatigue ne vous sera offert.

Le spectateur trouve sa place dans le paysage américanisé dépeint par l’auteure Anne-Marie Guilmaine. Les comédiens échangent avec le public de manière directe, du choix d’un nouveau rire jusqu’au poisson pané à découvrir.

Décor plastique blanc, frigos blancs, ours blancs, pourtant les six corps en scène n’ont rien d’aseptisé. Ils grondent, soufflent, suent, rigolent, se chamaillent, s’expriment quoi, en quête d’authenticité ou pour se sentir vivre. De la provocation, mais aussi un désir d’échange pour que ce non-sens des lieux qui font notre histoire américaine soit remis en perspective sans prise de tête.

Les quatre comédiens ont des énergies très différentes et forment une équipe éclectique, qui fait battre les cœurs et rire la galerie. Mieux qu’une soirée entre copains, l’ambiance prête à la réflexion par la fête. Au micro, une date et le lieu américain où se déroulent les évènements d’un souvenir. Sur scène, l’espace pour bouger. Les interprètes ne s’en privent pas.

L’auteure le dit dans le programme : « Il y a des projets de création pour partager nos peurs et les canaliser dans une action qui fait sens tout en lançant un défi au pessimisme ambiant. » La grande Amérique et son étroite ligne droite font parfois craindre le pire. Mais, qu’y faire ? Tant qu’à vivre sur ce territoire, pourquoi ne pas se jouer de lui, de ses personnages étranges et improbables, de sa nourriture qui n’en est pas vraiment, de ses coups de blues infligés malgré toute notre bonne volonté.

Mobycool vous ouvre la porte pour mieux traverser ce qui s’apparente au cauchemar. Le tout est de voir ce qui se loge dans le ventre des personnages qui vous sont présentés en prenant la chance d’assister à la pièce. Entracte, certains le vive mal et on envie de courir se désaltérer ailleurs, dans la ouate peut-être. Restez au moins pour partager ce moment karaoké offert entre les deux parties de la pièce. Difficile de dire ce qui restera de ce brouhaha jovial et déjanté. Peut-être l’idée que l’on connaît un peu mieux le continent et l’envie silencieuse de participer à sa future métamorphose. Restez jusqu’à la fin, pour que la fabrication d’un soi social ne soit pas fortuite, mais appelé à évoluer.

27-09-2010

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