Du 4 au 22 décembre 2007
6, 7, 8 et
les 13, 14 et 15 décembre (in English, Centaur Theatre)
Contes urbains 2007
Textes : Yvan Bienvenue, Claude Champagne, Ian Ferrier, Catherine Kidd, Justin Larramée, Michel Tremblay
Metteur en conte : Harry Standjofski
Avec Frédéric Blanchette, Louison Danis, Émilie Gilbert, Stéphane Jacques, Joël Marin, Sébastien Rajotte et Sonia Vigneault
Depuis la nuit des temps, les contes font partie de l’activité humaine…
1991 marquait leur renouveau avec les Contes urbains qui sont depuis
devenus un rendez-vous incontournable d’avant Noël à La Licorne!
La ville dans le temps des fêtes! Voilà le thème de ce spectacle annuel.
Un auteur, un acteur et une bonne histoire; la recette toute simple de cet événement qui nous revient dans une édition originale nous raconter la
ville, une ville, notre ville.
Pour la première fois cette année, les contes seront présentés en anglais,
au Théâtre Centaur. Les mêmes auteurs que l’édition française qui sera
présenté à La Licorne mais avec une distribution différente. Les 6, 7, 8 et
les 13, 14 et 15 décembre.
Musicien Eric Asswad
Éclairages Matthieu Gourd
Régie Annick Asselin
Licorne :
Les mardis et mercredis à 19 heures
Du jeudi au samedi à 20 heures
Une production du Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture
La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246
Théâtre Centaur
453, St-François-Xavier
Box office : 514-288-3161
Cliquez ici pour la critique de la version française
Click here for the English review of the show
review by Geneviève Germain
Les Contes Urbains at Le Théâtre La Licorne have become a holiday tradition among theatre lovers. For the past fifteen years, Christmas inspired stories have been told every December, each one starring different authors and actors. This year, Urbi et Orbi Productions decided to invite Centaur Theatre to join the tradition and offer an English version to the already popular event. Among the seven Urban Tales that are being told, two have been originally written in English by Catherine Kidd and Ian Ferrier, and have been translated for the French version that is currently presented at La Licorne. Other tales by Claude Champagne, Michel Tremblay, Yvan Bienvenue and Henry Gauthier are also taking place at both theatres. Only one tale differs from the two presentations, but each actor holds its own personal interpretation of each tale.
But what is an urban tale? It’s almost like a grandpa’s story being told by the fireplace, only with a modern and sometimes trashier twist to it. The audience is invited to sit back and let its imagination flow as only the story-teller is on-stage. Tales this year are introduced by Director and Guitarist Harry Standjofski, who interprets modified versions of holiday jingles, giving them a little more groove and improvisation.
First up is Eric Davis, in a tale by Claude Champagne named Whistling Maniac. Dressed in pyjamas, he tells us about his last evening, when he finds himself locked out in the cold and snow as he only wanted to take his dog out for a walk as he just came back from the hospital where his girlfriend gave birth to their first child. Filled with unusual encounters and outcomes, the tale launches a good start for the presentation. It is followed by Urban Christmas Carol written by Michel Tremblay, told by Clare Shapiro, who delivers a solid performance as Nana. With great energy and humour she tells us about her non-traditional Christmas tree that had everyone talking.
The third tale is written and told by Catherine Kidd. In Warranted Seizure she uncovers a darker side to the holidays as some are struck with solitude and hardships. Although somewhat touching, it is unfortunately hard to follow at times as everything is unravelled at very fast pace. Crocaine by Yvan Bienvenue also explores solitude, but among elderly people. France Arbour is brilliant as she tells us about a young male gigolo she invites into her elderly home, reminding us that sexuality holds no age.
In the second half of the presentation, Ian Ferrier interprets his own tale Exile’s Letter along with his guitar, running smoothly through a recollection of memories with a past lover. It is however Dead End by Justin Larramée that really strikes us with its originality and strong interpretation. Making us almost tearful with laughter, Jeanne Bowser tells us about her ideal man encounter, and her « shitty » end to a perfect evening, leaving her utterly single.
Rounding up the evening is Andreas Aspergis in Fagenbasher by Yvan Bienvenue, telling a man’s journey up the Mont-Royal, where he is attacked and almost miraculously found alive the next day.
What can be remembered by this first collaboration is that tales often make up for an uneven presentation, as they are all written and told by different people. But its surprising mixture of perspectives and its different stories make it possible to everyone to find at one point or another a meaningful tale for themselves. We can only hope that this first experience could perhaps ignite a new holiday tradition at Centaur Theatre and open the way to a 2008 Urban Tales, perhaps with more English authors writing their own new tales.
13-12-2007
par David Lefebvre
Enfin, les représentations de ce que j'appelle trop affectueusement "mon cadeau de Noël en avance", viennent tout juste de débuter à La Licorne. Chaque année, la plupart des médias répètent la même chose pour les présenter : véritable tradition théâtrale montréalaise du temps des Fêtes (depuis maintenant quinze ans!) à ne pas manquer sous aucun prétexte, même pas une tempête de neige de tous les diables, les Contes urbains sévissent en ce frette hivernal de 2007, oh surprise, dans les deux langues majoritaires de la métropole. D’abord en français, dans son lieu de prédilection, et en anglais, pour une première fois, au Théâtre Centaur, du 6 au 15 décembre. En attendant la critique de notre collègue Geneviève Germain sur les Urban Tales, attardons-nous sur la "cuvée 2007".
Du poème d'un homme pour l'amour de sa vie à la crotte de nez qu'on essaie de se débarrasser sans paniquer lors d'un party de famille, de l'homophobie à la gaffe monumentale d'une fille le lendemain de la rencontre avec l'homme de sa vie, les sept récits mis "en conte" par Harry Standjofski font mouche avec une grande efficacité. Esclaffements et fausses indignations sont définitivement au rendez-vous. Sébastien Rajotte lance le bal avec une histoire presque démoniaque, un brin polanskiesque, de Claude Champagne, qui raconte l'histoire banale d'un gars "embarré dehors de son appartement", en pyjama, avec son chien, qui tente de retourner à l'hôpital et récupérer les doubles de clés que sa copine, qui vient d'accoucher, doit avoir dans son sac à main. En route, le taxi qui veut bien le conduire est plutôt bizarre. Et que dire de la bonne soeur dans l'ascenseur... Entre l'interprétation et le conte, Rajotte, sous le choc et frustré, en pyjama affreux, porte le rôle avec conviction. Suit alors probablement le plus attachant des contes de la soirée, un petit présent de la part de Michel Tremblay qui nous propose sa célèbre Nana (sympathique Louison Danis) et son histoire d'arbre de Noël qui déclenche un scandale dans la famille. La traditionnelle étoile, à la cime du sapin, est remplacée par un ange en carton! Geste pourtant anodin, le tout dégénère totalement. Louison Danis s'amuse avec ce personnage qu'elle connaît maintenant par coeur, provoquant rire sur rire, avec cette anecdote de Noël pourtant si simple, mais irrésistible, pour notre (et sûrement son) plus grand plaisir. Le conte de Catherine Kidd, traduit par Olivier Choinière et porté sur scène par Sonia Vigneault, nous propose le récit plutôt triste d'une jeune femme prise de crises d'angoisse qui se fait saisir ses biens, et qui se confie à un chat gris qui s'est infiltré dans son appartement. De par le ton plus "narratif passif", d'une approche plus intimiste, ce conte vient briser le style que tentait d'imposer le spectacle depuis le début de la soirée, et nous touche plus difficilement, malgré son côté fantastique. Stéphane Jacques vient aussitôt ramener le train sur les rails avec un récit complètement déjanté signé Yvan Bienvenue. Trop bon gars, un homme accepte d'accompagner une fille pour ce qu'il croit être un souper de Noël. Juste avant d'entrer, il décolle une crotte de nez de style comète, mais ne peut s'en débarrasser : la porte s'ouvre... sur un party de famille! Fuck, se dit-il. Comment faire pour s'en départir sans se faire remarquer? Et que cache ce party de famille où il ne veut absolument pas être de toute façon? Titré "Gravy Metal", la sauce prend assurément et nous fait délibérément rigoler et grimacer tout à la fois.
Sébastien Rajotte, Louison Danis, Émilie Gilbert
Crédit photos : Urbi et Orbi
Au retour de l'entracte, Frédéric Blanchette nous récite sa traduction de la Lettre d'un exilé, de Ian Ferrier. Un jour de l'An de trop, trop loin encore une fois de la fille qu'il aime, solitaire, un homme saoul d'amour se confie dans un poème aussi beau que la ville endormie et blanche qu'il contemple du toit de son appartement. De la Nouvelle-Orléans à la Scandinavie, en passant par le Texas et Montréal, Blanchette utilise un ton juste, d'une douceur cassée, et semble plonger dans chaque souvenir du personnage qu'il incarne. Le récit qui suit détonne totalement : Cul-de-sac, de Justin Larramée, porté à bras le corps par une Émilie Gilbert qui n'a définitivement peur d'aucun mot et d'une beauté resplendissante dans sa robe rouge, nous expédie l'histoire d'une fille qui s'est "trop faite manger mais qui en a profité" et qui cherche comme plusieurs, l'homme de sa vie. Alors qu'un beau mec se pointe, elle décide finalement de le suivre chez lui. Condo parfait, baise parfaite, c'est lui, c'est l'Homme. Mais une gaffe monumentale et merdique vient la mettre dans le trou le plus creux qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. Cru, sans tabou, mais savamment écrit, aux jeux de mots bien assortis, Émilie Gilbert y va à fond, sans ménagement, et nous propose un langage de filles rarement entendu sur les planches. Et comment lui résister? Malgré tout, on ne peut qu'éprouver de la pitié pour la pauvre petite lady in red. C'est Joël Marin qui a finalement l'honneur de conclure le spectacle, donnant vie aux mots d'Yvan Bienvenue. Il nous captive complètement avec l'histoire des krakeudfifs, ces êtres surnaturels qui tuent gays et femmes. Pascal, le héros de l'histoire, en sait quelque chose, puisqu'il les a rencontrés un soir de jour de l'An, sur le Mont-Royal. Le comédien utilise tous les artifices de sa voix et fascine le public qu'il met presque trop facilement dans sa poche, après près de trois heures de spectacle.
Il faut noter les prestations de l'excellent musicien Éric Asswad, aux guitares planantes, acoustico-blues ou jazzy, qui interprètent, entre les contes, différents airs de Noël - on reconnaît avec plus ou moins de facilité les Sainte Nuit, Il est né le Divin Enfant, Les Anges dans nos campagnes, Vive le vent... Les éclairages (nécessairement simples pour la scène et légèrement plus nuancés pour le musicien) sont concoctés par Matthieu Gourd.
Spectacle prisé, couru, et pour cause, les fameux Contes urbains sont le fruit d’un concept qui fonctionne encore et toujours avec beaucoup de succès et qui a fait sa marque indélébile dans le monde théâtral québécois. Toujours aussi brillant et divertissant, aux réalités contemporaines bien assumées, la "cuvée 2007" ne fait pas exception. On en sort tous et toutes satisfaits, repus, ravis.
04-12-2007