Du 28 octobre au 20 novembre 2007
Au-delà du voile (si tu es mon frère, moi qui suis-je?)
Texte de Slimane Benaïssa
Mise en scène de Marie-Hélène Racicot
Avec Ève Duranceau et Sophie Vaillancourt
Alger, 1990. Intégrisme religieux et désordre politique poussent le pays dans le chaos. On oblige les femmes à porter le hidjab, ce qui provoque entre deux soeurs un duel opposant tradition et révolte. Empreint de tendresse, voire même d’une belle dose d’humour, Au-delà du voile offre un regard sur la culture arabe et sur les musulmanes, porté par une poésie soufflée par la nostalgie de paysages défigurés et des temps heureux du passé.
Scénographie et costumes
Jasmine Catudal
Musique
Philippe-Aubert Messier
Photographie
Marie-Hélène Racicot
Une production du Théâtre La Mèche courte en collaboration avec le Festival du Monde Arabe de Montréal
PÉRIODE PREMIÈRES
toutes les représentations
régulier 18 $
carte premières 9 $
La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246
par David Lefebvre
« C’est à tort que les femmes musulmanes sont perçues comme soumises et dominées ». C’est une phrase rapportée par le journal Métro, le 30 octobre dernier, énoncée par Fatima-Zahra Benjelloun, du Centre culturel islamique de Québec. C’était lors d’un témoignage devant la commission Bouchard-Taylor. Elle rappelait que c’est par choix qu’elle portait le voile. Elle a aussi soulevé un point important : les Québécois sont plus ouverts quand ils connaissent mieux la réalité musulmane. Mais quelle est-elle cette réalité? Peut-il y en avoir plusieurs? Jusqu’à quel point une femme peut-elle se rebeller contre ce choix, imposé ou non?
La Petite Licorne présente, jusqu’au 20 novembre 2007, la pièce Au-delà du voile (si tu es mon frère, moi qui suis-je?) de l’auteur algérien Slimane Benaïssa. Exilé en France en 1993, c’est cette pièce, montée d’abord en arabe puis en français, qui le révèle au public de l’Hexagone. Il nous fait pénétrer par la porte arrière, à pas feutrés, au son d’une manifestation qui va éclater, dans un petit salon au style rétro, en plein Alger, en 1990. Deux sœurs discutent. La plus jeune, universitaire, qui se fait imposer par son frère aîné de porter le voile et qui refuse, tient un discours aux notions de libertés individuelles. Elle y voit un acte de soumission, une obéissance sourde, un asservissement, un linceul de l’échec des hommes, et elle confronte sa sœur qui pense que le hidjab signifie pour elle protection. Malgré tout, cette dernière se questionne secrètement : est-ce que c’est parce que le mari n’arrive plus à la protéger qu’elle a besoin d’un voile pour se couper du regard du monde? Les réflexions des deux femmes sur la tradition, leurs croyances et leur avenir, leurs souvenirs qui rejaillissent et leurs nombreux questionnements sont les signes d’une grande crise d’identité autant familiale que nationale.
Les deux comédiennes – Ève Duranceau et Sophie Vaillancourt – nous amènent aisément dans l’intimité de ces deux beaux et trop réels personnages. Le discours navigue sur deux niveaux de langage (un poétique, l’autre de la vie de tous les jours), et les idéaux et décisions des deux femmes voguent aussi entre deux eaux. La mise en scène de Marie-Hélène Racicot se concentre sur ces deux protagonistes, déchirées entre intégrisme, instabilité politique, tradition et révolte. Le tout est empreint d’une belle tendresse et d’une poésie nostalgique, évoquant le passé avec douceur et l’avenir avec crainte et doute. Regard lucide sur une problématique souvent difficile à saisir, voire taboue.
Produit par le Théâtre La Mèche courte, en collaboration avec le Festival du Monde Arabe de Montréal, Au-delà du voile arrive à nous ouvrir (un tant soit peu) les yeux et le cœur sur ces femmes qui ne décident pas toujours de se voiler, ou qui le font par protection ou encore pour obéir à la tradition ou à un dieu qui est complice de l’homme, où la femme se soumet et n’est rien.
30-10-2007