Du 14 octobre au 22 novembre 2008 - Suppl. 25 au 29 nov. 2008
Retour à l'accueil Imprimer cette page Archives Accueil Facebook del.icio.us

Après la finAprès la fin

Texte: Dennis Kelly
Traduction : Fanny Britt
Mise en scène : Maxime Denommée
Avec : Sophie Cadieux et Maxim Gaudette

Mark aime Louise, mais elle ne le sait pas. Ils étaient ensemble lorsque l’explosion nucléaire s’est produite. Elle se réveille enfermée dans un abri antiatomique avec Mark qui vient de lui sauver la vie. Toujours prêt au pire, il a tout ce qu’il croit utile à leur survie : des conserves, un jeu de Donjons et Dragons et un couteau. Reste maintenant à attendre de pouvoir sortir…

Un huis clos à la fois cruel et loufoque qui entremêle guerre de pouvoir et de séduction, difficulté d’avouer ses sentiments et incapacité à assumer les conséquences de ses gestes. Jeune auteur anglais, Dennis Kelly a fait une entrée remarquée sur la scène théâtrale avec son premier texte, Debris. After the end a été créé en 2005 au Bush Theatre de Londres.

Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort
Décor : Olivier Landreville
Costumes : Linda Brunelle
Lumières : André Rioux
Musique originale : Larsen Lupin
Accessoires : Patricia Ruel

Une production du Théâtre de La Manufacture

Crédit photo : Rolline Laporte

La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

par Aurélie Olivier

Un attentat, un bar soufflé par l’explosion, des cris, des hurlements, des retombées radioactives, il faut se cacher vite. Heureusement que Mark est un homme prévoyant : il a un abri antiatomique dans son jardin, avec de quoi soutenir un siège. Louise est blessée, inconsciente, mais dans un élan d’héroïsme, il prend dans ses bras et l’emmène avec lui. Quand elle reprend connaissance, il lui explique tout, l’explosion, les blessés, les morts, comment il l’a sauvée… Les deux survivants savent qu’ils sont condamnés à se terrer pendant des semaines, jusqu’à ce que la radio les informe que le danger est écarté. Ils vont devoir apprendre à vivre ensemble, partager les vivres, parler, cohabiter. Mais petit à petit le doute s’installe dans l’esprit de Louise : cette explosion dont elle n’a aucun souvenir, s’est-elle vraiment produite; ces morts qu’elle n’a pas vus, existent-ils vraiment; et Mark, est-il vraiment bien intentionné?

Parfois, un événement chamboule toute une vie. Parfois, il se passe quelque chose qui nous marque au fer rouge. Ça peut arriver à tout le monde, n’importe quand, n’importe comment. Parfois, la trahison vient de quelqu’un à qui on croyait pouvoir faire confiance. Le choc est alors terrible. Après la fin, de l’auteur britannique Dennis Kelly (traduction de Fanny Britt), est un huis clos dont on ne sort pas indemne. La violence que recèle l’être humain nous y est jetée au visage, ancrée dans la réalité sociale occidentale. La psychologie des personnages est rendue avec une finesse extraordinaire : les rapports de force, sur un fil, toujours à la veille de s’inverser; la manipulation, omniprésente, usant tour à tour de la violence et de la tendresse; l’alternance du mépris et de la compassion. On comprend progressivement que toute tentative de contrôle de l’autre est vouée à l’échec, constat qui peut être étendu aux rapports entre les États.

Les prestations de Sophie Cadieux et de Maxime Gaudette sont remarquables de justesse. Il s’opère en eux, sous nos yeux, une véritable métamorphose à mesure que s’écoulent les jours dans l’abri. Louise, d’abord insolente, cabocharde, sombre progressivement dans la peur et fait apparaître tout ce qu’il y a de combatif en elle, avant de se perdre dans une absence qui la préserve de la folie. Mark est à la fois inquiétant et vulnérable, profondément malheureux, violent presque malgré lui. Les éclairages d’André Rioux méritent une mention spéciale, enrichissant considérablement l’utilisation qui est faite de l’espace par le metteur en scène Maxime Denommée et parvenant, par ses jeux d’ombre, à accentuer les traits de caractère des personnages et leur état d’esprit.


Crédit photos : Suzanne O'Neil

Après la vie est une pièce qui nous parle de notre époque et de ses déviances, sans fard, sans concession, dans un langage rythmé et coloré. Un beau choix de la part de La Licorne et du Théâtre de La Manufacture.

19-10-2008

Retour à l'accueil