Du 10 mai au 16 juin 2009
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Le nidLe nid

Texte, mise en scène et interprétation : Félix Beaulieu-Duchesneau et Sandrine Cloutier

Après un incendie, un couple d’ornithologues déterrent les traces de leur passé des décombres de leur nid. Cette fable tragi-comique témoigne d’un amour brûlé qui renaît de ses cendres. Mariant le jeu clownesque, la marionnette et le théâtre d’objets, Le Nid interroge des réalités bien actuelles telles la surconsommation, la soif de performance, la difficulté de l’engagement amoureux et, bien sûr, l’extinction d’espèces d’oiseaux !

Conseiller à la création Jacques Laroche
Scénographie : Josée Bergeron-Proulx
Musique : Benoît Côté
Éclairages : Erwann Bernard
Régie: Olivier Gaudet-Savard

10, 12, 17, 18, 19 et 31 mai, 1er, 2, 7, 8, 9, 14, 15 et 16 juin 2009
Dimanche 15h, lundi 20h et mardi 21h

Une production du Théâtre Qui va là

La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

par David Lefebvre

Il faut parfois des événements aux conséquences tragiques pour que l'être humain reconsidère ce qu'il possédait vraiment et qu'il avait perdu de vue. Voyez ces deux ornithologues, par exemple : Phoénix (Félix Beaulieu-Duchesneau), l'homme aux grandes études et connaissances, obnubilé par le mythe de l'Oiseau de feu, être éternel et solitaire dont il veut prouver l’existence, et Cassandre (Sandrine Cloutier), gardienne et psychologue d'oiseaux en voie d'extinction aux multiples désordres intellectuels (appartenant habituellement à l'homme). Après l'incendie de leur cabane, ils déterrent non sans douleur les objets de leur passé commun, et se remémorent leur rencontre et leur vie ensemble, des plus beaux moments jusqu'à la journée fatidique.

Cette fable métaphorique, sur les thèmes de l'amour et de la peur de l'engagement, se joue dans une petite maison calcinée, perte presque totale. Ce couple y trouvera pourtant les derniers vestiges de leurs biens et de leur amour. Des cages d'oiseaux sont accrochées ici et là et de la suie se cache un peu partout. Au centre de cet univers, une corneille que Cassandre voulait tuer, car elle détruisait le nid des autres oiseaux, mais que Phoénix s’entêtait à  sauver. Ils la garderont, comme un orphelin trouvé sur leur route. Et ils devront la laisser partir, car ce n'est pas tous les oiseaux qui peuvent rester en cage...

Félix Beaulieu-Duchesneau et Sandrine Cloutier, conseillés par Jacques Laroche, nous offrent avec Le nid une réflexion intelligente, tout aussi humoristique que dramatique. Leurs talents de comédiens et de manipulateurs - il faut voir, par exemple, comment ils arrivent à transformer un gant de caoutchouc noir, ou tout simplement leurs mains noircies, en corneille vivante - donnent à ce spectacle une dimension unique et charmante. Ce couple, qu'on aurait pu croire impossible, se forme, pourtant, et vit une union fantastique. Leur histoire se juxtapose et fusionne presque en symbiose au monde de la gent ailée, leur passion commune, avec de multiples liens et connexions. Alors qu'elle s'attache à lui, lui se voit consumé par ses chimères, persuadé d'avoir trouvé des nids et des plumes calcinés qui expliqueraient la présence du phénix dans ces bois – une représentation juste de l'homme qui se perd corps et âme dans son travail et ses obsessions, écartant tout autour de lui et oubliant et blessant les personnes qui l'aiment.

Les éclairages fignolés par Erwann Bernard facilitent les transitions entre les moments passés et présents, dans ce décor très réussi de Josée Bergeron-Proulx. Mentionnons aussi la beauté de la musique de Benoît Côté.

Dans cette petite cabane incendiée, Phoénix et Cassandre ont tout perdu, sauf la vie, sauf l’amour. Dans cette baraque noircie, tordue, ils trouveront les débris de ce qu’ils étaient, de leurs souvenirs, et feront renaître de ces cendres ce lien unique qui les a unit, une première fois.

10-05-2009
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