Texte : Stephen Greenhorn
Traduction : Olivier Choinière
Mise en scène : Philippe Lambert
Avec : Christine Beaulieu, Gary Boudreault, Philippe Cousineau, Maxime Denommée, Steve Laplante, Dominique Quesnel et David Savard
S’inspirant des road movies, Les Points tournants raconte la rocambolesque aventure de deux amis qui entreprennent de traverser l’Écosse pour aller vendre une planche de surf volée dans une boutique de sport. Mais ils ne se doutent pas qu’ils sont poursuivis par le patron du magasin, petit mafieux plutôt fêlé…
Dans une histoire un peu folle qui nous entraîne à travers l’Écosse d’aujourd’hui, c’est ici un rendez-vous avec la capacité de transformation inhérente au voyage par les situations et les rencontres qu’il provoque et qui deviennent souvent des « points tournants » dans nos vies. Créée à l’automne 2006, la production a généré tant d’enthousiasme que l’on vous convie à nouveau au voyage ! La pièce sera aussi présentée en tournée à travers le Québec et le Canada.
Assistance à la mise en scène : Catherine La Frenière
Décor : Patricia Ruel
Costumes : Magalie Amyot
Lumières : André Rioux
Bande sonore : Larsen Lupin
Accessoires : Jasmine Catudal
Maquillages : Suzanne Trépanier
Une production du Théâtre de La Manufacture
La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246
Tournée
23 janvier | Sainte-Geneviève | Salle Pauline-Julien | 514-626-1616 |
24 janvier | Montréal-Nord | Salle Désilets | 514-328-4132 |
25 janvier | Saint-Léonard | Théâtre Mirella & Lino Saputo | 514-328-8400 |
30 et 31 janvier | Laval | Salle André-Mathieu | 450-667-2040 |
6 et 7 février | Moncton | Théâtre de L’Escaouette | 506-855-0001 |
11 février | Drummondville | Centre culturel de Drummondville | 819-477-5412 |
17 février | Sherbrooke | Salle Maurice O’Bready | 819-820-1000 |
19 février | Sept-Îles | Salle Jean-Marc-Dion | 418-962-0100 |
31 mars | New Richmond | Salle régionale Desjardins | 418-392-4238 #243 |
1 au 4 avril | Le Bic | Théâtre du Bic | 418-736-4141 |
7 avril | Trois-Rivières | Salle J.-Antonio-Thompson | 819-380-9797 |
11 avril | Joliette | Salle Rolland-Brunelle | 450-759-6202 |
14 avril | L’Assomption | Théâtre Hector-Charland | 450-589-9198 # 5 |
16 avril | Alma | Auditorium d’Alma | 418-669-5135 |
17 avril | Dolbeau | Salle Maria-Chapdelaine | 418-276-1317 #2420 |
18 avril | Jonquière | Théâtre La Rubrique | 418-542-5521 |
21 avril | Rouyn-Noranda | L’Agora des arts | 819-797-0800 |
23 au 25 avril | Sudbury | Théâtre du Nouvel-Ontario | 705-525-5606 |
1er mai | Shawinigan | Salle Philippe-Filion | 819-539-6444 |
6 au 9 mai | Vancouver | Théâtre La Seizième | 604-736-2616 |
15 mai | Saint-Hyacinthe | Salle Desjardins | 450-778-3388 |
16 mai | Salaberry-de-Valleyfield | Salle Albert-Dumouchel | 450-373-5794 |
Dates antérieures
Du 17 octobre au 25 novembre 2006
En supplémentaires les samedis 4,
11, 18 et 25 novembre à 15 heures
par David Lefebvre
Deux jeunes, Brian et Alex (Steve Laplante et Maxime Denommée), stagnent dans une petite ville d’Écosse. Alex travaille dans un magasin de sport qui, un soir, se fait vandaliser et cambrioler. Binks (Jean Marc Dalpé), le patron véreux et un peu fou, le met à la porte, et, pour se venger, Alex vole la planche de surf du boss. Voyant sa connerie, avec l’aide de Brian, sans que celui-ci puisse émettre une objection, ils se dirigent vers Thurso, au nord du pays, guide touristique en main puisqu’ils n’avaient jamais quitté la ville, pour tenter de la revendre. Mais on ne sème pas Binks comme ça… Sur le chemin, dans une Lada déconfite, les deux amis feront la rencontre de plusieurs personnes qui changeront le cours de leurs vies, dont Mirren (Christine Beaulieu), une jolie jeune femme nomade, qui cherche elle (aussi) des réponses que la Vie ne lui donne pas facilement.
Certains d’entre vous ont déjà entendu parler de Points tournants ; le texte (en anglais, Passing Places), de l’Écossais Stephen Greenhorn, a été traduit par Olivier Choinière lors d’une résidence de traduction du CEAD en 2004. La pièce a été par la suite présentée en lecture publique, le 25 octobre de la même année, à La Licorne. Créée originalement en 1997 à Édimbourg, elle fait état du manque d’identité propre de l’Écosse, après 18 ans de règne du Parti Conservateur au Royaume-Uni. À ce moment, l’avenir était incertain pour plusieurs, il n’y avait aucun sentiment clair d’appartenance au pays, et cette partie de l’île était plutôt complexe, contradictoire, surprenante et confuse, selon les propres mots de l’auteur. Par Passing Places, c’est un voyage personnel qu’il entreprenait pour définir son pays. Complexe, contradictoire, sentiment d’appartenance… Ça ne vous rappelle rien comme description?
La traduction de Choinière est terriblement efficace : tout en réussissant à conserver cette Écosse que Greenhorn explore et nous fait découvrir, plusieurs parallèles s’imposent rapidement entre le Québec et cette partie du Royaume-Uni. Deux courants de vie principaux émergent du récit. D’abord le «chemin», voie qui mène vers une destination ; mais surtout un voyage, intérieur comme extérieur. Par exemple, comme on l’explique dans le spectacle, en Écosse, certaines routes sont à voie simple, avec, à certains moments, des élargissements. Si une voiture arrive en sens inverse, nous devons calculer notre vitesse pour que nous la rencontrions à ces points de rencontre, pour éviter tout impact ou un arrêt de la voiture. La vie, comme ces routes et ces points importants, est ainsi faite. Et il y a aussi «l’océan», le point culminant de cette présente aventure, représentant l'aboutissement, l’impossible à dompter, le milieu effervescent de la vie et de la mort. Le surfer y cherche la bonne vague, puis la chevauche, ne fait qu’un avec sa planche pour se taper le trip du siècle. C’est l’amour passion, c’est l’union parfaite, la communion-symbiose entre l’univers et le corps. C’est l’image symbolique de l’ouverture de soi, de l’aboutissement de la quête personnelle, la connexion directe avec la Vie. C'est la destination et le renouveau.
Crédit photos : Marlène Gélineau-Payette
Ludique, empreint de folie, Points tournants est un spectacle enlevant, franchement hilarant et disons-le, modestement anarchique. Utilisant la méthode de l’aparté, Alex ou Brian parlent au public, agissant comme deux narrateurs du voyage initiatique qu’ils ont entrepris malgré eux. Liberté, quête, ouverture de soi au monde, voilà ce que ces deux copains découvriront. Accepter l’inconnu, l’apprivoiser, et finalement changer. La mise en scène de Philippe Lambert (Beaver, Les cinq doigts d’la main) est à l’image du récit : joyeuse et rythmée au maximum. Les comédiens utilisent et s'amusent avec différents accents (acadien, anglais, français), mais on reconnaît principalement le parler québécois.
Ce qui nous happe encore plus fort dans ce spectacle, c’est le plaisir intense et pur qui en découle. Les comédiens ont un bonheur fou et c’est totalement contagieux. Maxime Denommée et Steve Laplante forment un duo terriblement sympathique, qui fonctionne à la perfection. Christine Beaulieu (Mirren) est très attachante – le genre de fille que l ’on rencontre rarement dans une vie, et qui marque justement un point tournant. Jean Marc Dalpé campe un Binks à sa maman plus méchant que nature, aux traits caricaturaux terriblement drôles. Philippe Cousineau et Dominique Quesnel, qui jouent chacun cinq différents personnages, appuient avec candeur et joie le petit trio de voyageurs. Mais il faut d’emblée avouer que David Savard apporte une touche d’humour particulière et indéniable au récit avec ses 7 personnages (lors de la première, nous avons presque eu droit à un fou rire, entre Dalpé et lui, lors d’une scène mettant en vedette un cornet de crème glacée – à surveiller !). Chaque fois que le comédien entre sur scène dans la peau d’un personnage, c’est un petit vent de folie qui rafraîchit la salle.
Crédit photos : Marlène Gélineau-Payette
La scénographie de Patricia Ruel (fabriqué par Acmé services scéniques) représente, avec beaucoup de soin, une rue tronquée. Une carcasse de voiture joue le rôle de la Lada de service, qui peut pivoter sur presque 180 degrés. Le décor, pourtant figé, arrive à reproduire plusieurs lieux, ce que la mise en scène de Lambert et l’imagination allumée des spectateurs lui permet d’accomplir. On reconnaît la touche magique du duo Larsen Lupin dans la conception musicale et André Rioux, aux éclairages, arrive à faire des merveilles dans ce petit espace scénique.
Ce road movie sans entracte, intense, d’une grande simplicité mais d’une efficacité exemplaire, nous fait éclater de rire plusieurs fois, grâce au jeu des acteurs, à la mise en scène coup de gueule et à l’humour irrésistible du texte. Merveilleux !