Du 2 au 6 septembre 2008, mardi-merc. 19h, jeudi, vend. sam. 20h
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Trains fantômesTrains fantômes

Texte : Mansel Robinson
Traduction : Jean Marc Dalpé
Mise en scène et direction artistique : André Perrier
Avec : Frédéric Blanchette et Aymar

Danny raconte à son père mourant les histoires de cheminots dont celui-ci l’abreuvait autrefois. Au rythme d’un train en marche, nous roulons à pleine vapeur sur les chemins de fer du Nord de l’Ontario dans cette soirée conviviale ponctuée d’airs westerns et arrosée de p’tits coups de rye!

Trains fantômes nous transporte dans l’univers disparu des chemins de fer des années cinquante. S’y dessine l’histoire d’un monde gardé en vie par l’unique force de la mémoire et de l’oralité. L’histoire du cheminot, ponctuée de rythmes country, devient mythique alors que nous roulons à pleine vapeur sur les chemins de fer du Nord de l’Ontario.

Musique originale : Stewart MacDougall
Scénographie : Julie Deslauriers
Costumes : Vivianne Lacombe
Éclairages et assistance : Julie-Anne Parenteau-Comfort
Projections : Vincent Germain

Une production du Théâtre Vital en codiffusion avec le Théâtre de La Manufacture

La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Dates précédentes :

Du 27 août au 4 octobre 2006 - Petite Licorne
Du 2 au 4 septembre et du 16 septembre au 2 octobre 2007 - Petite Licorne
18 mars 2008

par David Lefebvre

Je suis né en pleine campagne, dans un rang scié en deux par un chemin de fer. Chaque nuit, quand le train de marchandises passait, la maison en tremblait de joie ; nos nuits à mes frères et à moi étaient bercés par mille rêves. Je fouillais souvent dans les photos de mon père pour revoir le déraillement de 1970. On se cachait dans les abris des cheminots, on mettait des 10 cents sur la voie pour les retrouver larges comme ma petite paume juvénile, après le passage du monstre d'acier aux 100 voitures. Combien de fois j'ai souhaité sauter dans un de ces wagons aux portes ouvertes, découvrir le monde, vivre chaque instant le roulement et les vrombissements, sentir le diesel me piquer le nez, sortir de mon village trop petit? Tout ceci pour dire que les chemins de fer, ça ne change pas que le paysage, mais aussi toutes les vies qui gravitent autour. Et c'est ce que m'a rappelé, entre autres choses, Trains fantômes.

Danny, bum d'une famille de cheminots de l'Ontario, est au chevet de son père mourant. Comme c'est un job à temps plein que de s'occuper de la mort, les deux hommes passent leur temps à se regarder et à s'empêcher de s'engueuler. Danny aimerait pourtant lui dire ce qu'il pense, ce qu'il est. Mais le lien qui unit ces deux âmes, comme deux rails, sont les grandes planches de bois du conte oral et les clous de la mémoire. Devant la mort, les deux hommes se rejoignent dans ces histoires mythiques, se rappelant des récits que le père racontait au souper, quand il revenait à la maison. Mais la locomotive de la vie roule toujours, et Danny ne peut s'empêcher de regarde son père le quitter doucement, comme un train fantôme dans la nuit noir de suie.

Écrit par le canadien anglais Mansel Robinson, c'est une parole du nord de l'Ontario qui nous est offerte. Les petites villes perdues, les paysages à couper le souffle, les épinettes à perte de vue... Jean Marc Dalpé signe une traduction à la hauteur du texte, aux images poétiques et romantiques mais dures comme l'acier ; les mots nous happent, nous font décoller, naviguer... et sont très près de notre réalité québécoises. L'identification avec le personnage est inévitable. Frédéric Blanchette, dont le nom est plutôt associé depuis quelques années à la mise en scène (Pour faire une histoire courte..., L'Envie, Variations sur un temps), enbrase ici littéralement la place. Son jeu, ses intonations, d'une justesse incroyable, jusqu'aux gestes et expressions calculés, sentis, donnent un réalisme fou et un côté fort sympathique (malgré les supposées mauvaises actions) à son personnage. Conteur-né, noyé dans un amoncellement d'antiquités typiques (boîte à lunch en métal, fanal, valises...- scéno de Julie Deslauriers), il nous entraîne dans son monde dès les premiers coups de sifflet annonçant le début du spectacle, pour ne ralentir que rarement la cadence. Il laisse la place au vieux routier Aymar, musicien et chanteur, à la guitare aux cordes usées comme la vie, qui interprète les complaintes country-blues de Stewart MacDougall : teintées vaguement de l'ouest, de Johnny Cash et compagnie. La mise en scène d'André Perrier (Du pépin à la fissure), soignée jusque dans les détails infimes, fait de Trains fantômes une pièce saisissante, hypnotisante, au rythme qui emporte tout. On est accroché aux lèvres de Blanchette, séduit par ses histoires, étonné par sa voix qui pousse la note sur quelques couplets, et on en redemande. La Petite Licorne, d'une grande intimité, est un lieu parfait pour ce spectacle : on sent la communion entre l'acteur et le public, la chaleur des propos ; le voyage n'en est que meilleur et plus passionnant.

Lors du spectacle, Frédéric Blanchette nous explique la signification de l’expression "track speed" : la voie est dégagée.

Alors Track speed guys, track speed...

18-09-2006

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