Du 18 août au 5 septembre 2009 à 20h
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Marie-StellaQu'est-ce qui reste de Marie-Stella?

Texte, mise en scène : Simon Boulerice
Avec : Édith Arvisais, Sophie Desmarais et Maxime Desjardins

Drame à teneur musicale.

Une cour de récréation. Des ballons-poires. Des jeux de marelles. Des parties de ballon-chasseur. Et trois jeunes de sixième année mûrs pour de nouveaux jeux.

Marie-Stella, une gamine surnommée MTS, s'amourache de Joseph, un garçon sportif et chétif, au point de vouloir l'épouser. Tous les moyens sont bons pour le garder près d'elle: don de sa virginité, grossesse feinte, don d'organes et mutilations diverses. Surtout quand une rivale lubrique est dans les parages.

Après avoir abordé la cruauté amoureuse chez les adultes (La condition triviale, prix de l'Égrégore 2005) et les chagrins d'enfance (Simon a toujours aimé danser, prix de la création francophone Fringe 2007 et solo de l'année du Festival L.G.B.T. 2007), Simon Boulerice réunit ses thèmes de prédilection avec ce texte qui traite d'hypersexualisation chez les gamines de douze ans, sorte d'Éveil du printemps des années 2000.

Scénographie : Jacinthe Plamondon
Conception musicale : Chad Vincent-Malo
Conception graphique : Carolyne Scenna
Éclairage : Simon Boulerice et Tania Viau

Abat-Jour Théâtre

La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Dates antérieures

Du 26 au 30 août, les 21, 22, 23, 28, 29, 30 sept. 2008
Supplémentaires : 24 septembre et 1er octobre 2008 à 21 h

6 avril 2009 - Gymnase

par David Lefebvre

La scène de la Petite Licorne n'aura jamais paru aussi nue, transformée ainsi en cour d'école : fenêtres donnant sur la rue peintes en blanc, scène vide sinon meublée d’un banc improvisé, mur qui se tatoue d'un jeu de marelle, dessiné à la craie. Trois jeunes, prépubères, prennent place, entre le ballon chasseur, les magazines et le ballon poire, et entament des jeux beaucoup plus pernicieux, mais humains.

Marie-Stella (Édith Arvisais), qu’on pourrait qualifier de «fille spéciale», est une insensible chronique. Elle est pourtant amoureuse de Joseph (Maxime Desjardins), un sportif et chétif jeune homme, qui semble préférer sa balle aux filles. Celle que l’on surnomme MTS n’a d’yeux que pour lui. Et pas que les yeux : elle lui offre son lunch, sa vie, sa virginité, sa vésicule biliaire. Elle change d’accoutrement, elle se griffe son nom sur le ventre, elle lui fait croire qu’elle est enceinte de lui ; (absolument) tous les moyens sont bons pour qu’elle le garde près d’elle. Mais elle a de la concurrence, puisque la petite dévergondée et opportuniste Marie-Clown (Sophie Desmarais), une Britney Spears en puissance (mini-jupe, camisole, maquillage, audace) ne passera pas par quatre chemins pour obtenir ce qu’elle veut. Quitte à se mettre à genoux devant le garçon, et ce n’est pas pour supplier. Et tout ceci sur un air de la chanteuse Anastasia, Left Outside Alone, succès de 2004.

Présentée en septembre dernier, la pièce Qu'est-ce qui reste de Marie-Stella de Simon Boulerice fait un retour remarqué à la Petite Licorne. Le texte reprend des thèmes chers à l’auteur, soit la cruauté amoureuse – ici, jusqu’où peut-on aller quand on est amoureux ou amoureuse, du don de soi le plus total jusqu’à l’automutilation, en passant par le chantage -, de chagrins d’enfants et d’hypersexualisation. Nous retrouvons aussi quelques autres touches personnelles, dont les nombreuses références aux figures et symboles religieux, de la prière à la crucifixion, et une ambiance de chansons populaires, interprétées pour la plupart par Édith Arvisais, d’une voix puissante et étonnante. Le texte nous propose une escalade lente, mais aux proportions qui dépassent, au final, tout entendement. La grande qualité du spectacle réside en cette balance fragile entre les actes juvéniles et les propos beaucoup plus lubriques des personnages, tout en demeurant toujours dans l’univers élaboré par Boulerice. La sobriété et la créativité de la mise en scène laissent toute la place aux comédiens, complices entendus. Par contre, quelques scènes semblent répéter l’action, qui est souvent déjà éloquente dès la première fois, ou semble l’enliser dans des conflits superficiels. Mais la force et la justesse du propos, la fausse candeur des trois jeunes et l’humour à bonne dose font que l’on s’attache rapidement aux personnages souvent naïfs (qui confondent facilement les mots, comme smegma et magma), mais ô combien (trop) dégourdis.

Qu’est-ce qui reste de Marie-Stella est une pièce sur la séduction dangereuse, la perte de l’innocence, et la transformation de la jeunesse qui se perd dans un tourbillon où l’enfance est écorchée et la sexualité est banalisée. Convaincant.

La pièce est en vente chez Dramaturge Éditeurs.
20-08-2009
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