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Du 21 février au 3 mars 2012, du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h
OrphelinsAnnette
Présenté à la Grande Licorne
Texte et distribution : Anne-Marie Olivier
Mise en scène à la création: Kevin Mc Coy
Mise en scène à la reprise : Pierre-Philippe Guay
Interprétation musicale en direct : Mathieu Girard ou Marc Auger

Le 20 mai 1980, Annette Rochette est foudroyée par un accident vasculaire cérébral. Elle se retrouve sur une patinoire, catapultée dans une partie de hockey où elle doit jouer le match de sa vie. Elle y revit les moments les plus intenses de son existence, dont sa naissance en pleine parade du Carnaval de Québec! Tissée serrée avec l’histoire du Québec, la vie d’Annette est empreinte de grandes aspirations, de courage et de poésie.

En jouant avec les mots et leur musicalité, Anne-Marie Olivier nous livre la vie d’Annette, une battante qui aura besoin de tout son courage pour affronter la cruauté et l’injustice du monde qui l’entoure. Avec comme toile de fond des événements aussi marquants que la crise d’Octobre et le référendum de 1980, l’écriture lumineuse d’Anne-Marie Olivier nous met en présence d’une Annette que nous portons tous au fond de nous.

Auteure et comédienne, Anne-Marie Olivier s’est fait remarquer avec Gros et Détail (2004), premier spectacle solo qui lui a mérité le Masque du public 2005, ainsi que le Prix d’interprétation Paul-Hébert aux Prix d’excellence des arts et de la culture de Québec. Après avoir écrit les pièces Le psychomaton (2007) et Mon corps deviendra froid (2008), elle revient avec ce deuxième spectacle solo mis en scène par Kevin McCoy, avec qui elle avait d’ailleurs collaboré pour Gros et Détail.


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Assistance à la mise en scène et décor Claudia Gendreau
Éclairages Christian Fontaine
Costumes Claudie Gagnon
Musique originale Mathieu Girard
Projections Lionel Arnould
Dramaturgie Philippe Ducros
Chorégraphies Karine Ledoyen
Tricoteuse Marie-Ève Gagnon
Texte maintenant disponible chez Dramaturges Éditions

Tête-à-tête : Jeudi 1er mars

EN TOURNÉE

9 février, Salle Jean-Despréz, Gatineau

11 février, Salle Albert-Dumouchel, Valleyfield

18 février, Théâtre Lionel-Groulx, Sainte-Thérèse

10 mars, Théâtre Hector-Charland, L'Assomption

Une production Bienvenue aux dames (Québec)


Théâtre La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Dates antérieures (entre autres)

Du 13 octobre au 7 novembre 2009 et du 17 au 28 janvier 2012 - Périscope (Québec)

 
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 Critique
Critique

par Chloé Legault

Après avoir été chaleureusement accueillie par la critique et par le public en 2009, Annette enfile ses patins et monte sur la glace de nouveau, pour notre plus grand bonheur, grâce au Théâtre Périscope qui lui tricote une place pour la deuxième fois dans sa programmation, mais cette fois-ci dans sa « série hors-cadre ». C’est à Anne-Marie Olivier que l’on doit cette création, qui par sa forme ressemble beaucoup à Gros et détail (que nous avait offert Olivier pour la première fois en 2003), alliant conte, théâtre et poésie.

Un spectacle hybride donc, que l’on pourrait presque placer du côté du renouveau du conte, puisque Anne-Marie Olivier, à travers le personnage d’Annette, incarne la voix d’une conteuse. Cette dernière nous transporte, au gré du récit qu’elle narre et qu'elle joue, au cœur du premier carnaval de Québec, en pleine crise d’octobre, ainsi qu’en mai 1980 lors du référendum. Une toile de fond aux couleurs historiques qui nous invite à nous rappeler certains événements marquants qui balisent notre mémoire collective, sans toutefois brimer l’imaginaire et le ludisme du spectacle. Outre l’histoire de la belle province, d’autres thématiques sont abordées, notamment le viol, l’avortement, la mort et l’abandon. Bien que ce soient des sujets difficiles, Olivier les amène avec humour et tendresse. D’ailleurs, c’est avec deux métaphores filées, soit le tricot et une partie de hockey, qu’Annette retrace son parcours personnelle, ainsi que celui de sa mère. Comparant sa vie à un « match » de hockey, Annette connaît des moments ardus qu’elle affronte avec force, tête première, telle une véritable attaquante qui se tricote un chemin jusqu’au but.

Si à la création d’Annette la mise en scène était signée par Kevin McCoy, cette fois-ci c’est Pierre-Philippe Guay qui prend les rênes, en se souvenant toutefois de ce que McCoy avait réalisé. Le résultat : une mise en scène simple, efficace et ludique, dans laquelle les balles de laine se transforment tantôt en rondelle de hockey, tantôt en bouteille d’alcool, ou encore en  bébé, et où les bâtons de hockey, en plus de servir à jouer, servent d’aiguilles à tricoter. Le jeu d’Anne-Marie Olivier est amusant et vient chercher en nous l’enfant désireux de se faire raconter une belle histoire avant d’aller au lit. La comédienne-conteuse nous attire dans son univers dès les premières paroles et nous garde suspendus à ses lèvres jusqu’aux toutes dernières. La présence d’un musicien, ce soir-là Mathieu Girard, ajoute une touche de magie grâce aux effets sonores et à la musique qui viennent enrober l’histoire d’Annette. Complice avec Olivier, Girard joue quelques personnages ici et là, ce qui confère une belle dynamique à la pièce.

Annette est un très beau spectacle, un baume sur le cœur, une couverture en tricot enveloppante, qui donne envie de croire en l’amour, en l’homme, en la vie.

18-01-2012

 


par Odré Simard

En tant qu’auteure et interprète, Anne-Marie Olivier nous offre avec la pièce Annette un voyage ludique aux confins de la vie d’une jeune femme de Limoilou. Elle privilégie une forme s’apparentant au conte urbain, comme dans sa création antérieure Gros et Détail.  Ici, le banal devient extraordinaire dans une danse tricotée serrée, aux accents de partie de hockey. Lançant un délicieux hameçon à notre imagination, la jeune femme nous entraîne dans son univers imagé où la petite fille du quartier pauvre devient une véritable héroïne qui ne recule devant rien, ne pouvant qu’avancer dans son existence étouffante. Les combats du quotidien deviennent sous nos yeux une véritable épopée qui nous fait sourire, rire ou encore qui touche nos cordes sensibles. Des sujets très lourds sont abordés, tels le viol, l’avortement ou la mort, mais Anne-Marie Olivier a brodé l’histoire avec à la fois une telle simplicité et une telle poésie que le tout nous enrobe avec douceur.

La mise en scène de Kevin McCoy est épurée mais sertie d’images à la force d’évocation étonnante. Les balles de laine deviennent dans les mains d’Annette un bébé, un pot de cornichon ou une bouteille d’alcool alors que les bâtons de hockey se transforment en stylo ou en broches à tricoter.  L’histoire d’Annette est en fait bâtie sur deux métaphores entrecroisées. Tout d’abord, l’actrice patinant pour nous sur une glace synthétique tout au long de la pièce amène l’idée que le personnage affronte sa vie comme si elle devait jouer un match de hockey, avec ses joueurs, ses buts, ses combats et ses chutes. Puis, les accessoires étant principalement des balles de laine, cela propose sa passion du tricot et cette idée qu’elle puisse tricoter sa vie elle-même, maille par maille. En filigrane de ces images fortes et venant joncher le parcours d’Annette de clins d’œil pour le public, nous retrouvons plusieurs moments historiques significatifs pour le Québec, comme le premier Carnaval ainsi que la crise d’octobre. Annette nous parle donc de son identité, mais elle tente aussi de toucher à l’identité collective en nous annonçant dès les premières phrases qu’elle nous tricote un beau grand Québec juste pour nous.

Anne-Marie Olivier livre sa plus récente création avec un rythme impressionnant. Dans cette performance en solo, le débit rappelle parfois le « slam » et vogue souvent quelque part entre une oralité très franche et très collée au personnage pauvre et sans éducation et une poésie toute légère et savoureuse. Nous ne pouvons passer sous silence la belle complicité de l’actrice et du musicien sur scène, Mathieu Girard. Encore une fois, le mot d’ordre demeure la simplicité et le rendu est des plus efficaces.

Tous les éléments sont en place pour accompagner et appuyer l’histoire qui ne cherche qu’à se faire entendre, pour notre bon plaisir.

18-10-2009