Mon frère est enceinte Texte, traduction et interprétation Johanna Nutter
Mise en scène et dramaturgie Jeremy Taylor
En 2008, Thomas Beatie, un Américain que les journaux ont qualifié de «Premier homme à être enceinte», donnait naissance à son premier enfant. Pourtant, deux ans auparavant, le frère de Johanna Nutter, à Montréal, était enceinte et elle était la seule à le savoir! Issue d’une famille montréalaise anglophone peu conventionnelle, Johanna nous raconte l’histoire de son clan familial: comment elle en est devenue le soutien financier et émotionnel dès son jeune âge et, bien sûr, comment elle est devenue une tante dans des circonstances… plutôt inusitées!
Mon frère est enceinte est le portrait d’une famille unique. Une famille qui bouscule nos propres valeurs familiales. Qu’est-ce qu’être une mère? Peut-on et doit-on toujours être présent pour ceux qu’on aime? Une histoire presque irréelle livrée dans une grande simplicité et avec une grande humanité.
Mon frère est enceinte, première pièce écrite par Johanna Nutter, a récolté le prix Best of Fringe en 2009 et recevait un English Critics Circle Award en 2010 pour le meilleur texte de l’année à Montréal. Jeremy Taylor, directeur artistique de la compagnie théâtrale Two-Wheeler Productions de Montréal, a entre autres mis en scène les pièces The Beekeepers (Montreal Fringe, SummerWorks 2008) et The King of Fifteen Island (Montreal Fringe 2007), dont il est également l’auteur.
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*Johanna Nutter jouera la pièce dans sa version originale anglaise les vendredis.
Tête-à-tête : Jeudi 17 novembre
Cartes Prem1ères
Date Premières : 7 au 11 novembre
Régulier : 32$
Carte premières : 16$
Une production Freestanding
par David Lefebvre
Crédit photo : Johanna-Susan Moss
Après une présence remarquée au Fringe en 2009, la comédienne et auteure Johanna Nutter propose à la Petite Licorne, mais cette fois-ci en français sauf les vendredis, l’incroyable et véridique histoire de la grossesse de son frère, ou comme elle l’appelle, son « sibling », et ce, deux ans avant l’événement hyper médiatisé de Thomas Beatie, le supposé « premier homme à avoir enfanté ».
Pour aborder un tel sujet, plutôt délicat et hors-norme il faut l’avouer, Miss Nutter et le metteur en scène Jeremy Taylor utilisent avec brio la forme du conte pour livrer un témoignage romancé, avec une simplicité parfois désarmante. À la craie, Johanna délimite par terre le quadrilatère immigrant du Plateau Mont-Royal, de Saint-Viateur à Sherbrooke, de Parc à St-Denis. Elle raconte sa vie dans ce quartier de Montréal, les appartements qu’elle a occupés dans toutes les petites rues, à l’ombre du Mont-Royal et de sa croix. Elle revisite son passé et sa famille, sans figure paternelle. En connectant immédiatement avec le public, Johanna partage avec celui-ci l’histoire de sa sœur, petite fille blonde délicate qui avait compris bien vite qu’elle n’était pas née dans le bon corps. Ablation des seins, hormones ; si l’opération lui permettait de se sentir mieux, ce frère nouveau ne pouvait pas éternellement refouler l’attirance et l’amour qu’il portait pour d’autres garçons, jusqu’à l’inévitable, et l’arrivée d’une petite fille pour laquelle Johanna, qui est stérile, tomba éperdument amoureuse. Une sœur qui devint un homme qui devint enceinte. Dans le plus grand secret.
Si le frère est en perpétuelle remise en question, en quête identitaire, Johanna n’est pas en reste et tente tant bien que mal d’assumer ses décisions de ne plus prendre à sa charge sa famille et de vivre, enfin, son rêve d’être comédienne. L’arrivée de la petite, puis son départ, certains passages à vide et cet accident sur le bord de la route au BC bouleversent la jeune femme dans sa conception de la famille déjà éclatée, de la maternité et de l’équilibre précaire de notre présence envers ceux qu’on aime et de notre besoin de vivre pleinement notre propre vie.
Mon frère est enceinte est un récit empreint d’humanité, qui, parfois, s’étire légèrement lors de différentes anecdotes. Par son jeu d’une belle candeur et un humour tendre, Johanna Nutter désamorce toute possibilité de jugement ou de préjugés et nous fait entrer dans cette histoire tracée à la craie, comme les enfants le feraient dans une ruelle, et qui s’avère plus grande que nature.