Après un incendie, un couple d’ornithologues déterre les traces de leur passé cachées dans les décombres de leur nid. De cette fouille naîtront des souvenirs de cris d’oisillons, de chants d’oiseaux disparus, de rapaces envahissants et un oeuf sur le point d’éclore. Cette fable tragi-comique témoigne d’un amour brûlé qui renaît de ses cendres.
Basée sur l’allégorie des oiseaux et de leurs rituels amoureux, Le Nid nous transporte dans un univers où la quête de l’oiseau mythique qu’est le phénix vient illustrer comment l’idéalisme peut stimuler ou mettre en péril l’amour.
Créé à La Petite Licorne en 2009, Le Nid est le premier texte commun de Sandrine Cloutier et Félix Beaulieu-Duchesneau. Un moment de théâtre jouissif et rassembleur qui s’adresse à tous les publics, à la manière de Qui va là, qui nous a donné des productions originales telles que Toutou rien (2004), La Tête blanche (2006), La Fugue (2007) et Transmissions (2011).
Section vidéo
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Décor, costumes et accessoires Josée Bergeron-Proulx
Éclairages Erwann Bernard
Musique Benoît Côté
Tête-à-tête : Jeudi 26 janvier
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 16 au 20 janvier 2012
Régulier : 32$
Carte premières : 16$
En tournée
15 février 2012, 20h
Maison de la culture Plateau Mont-Royal
465 Mont Royal E
514-872-2266
16 février 2012, 20h
Maison de la culture Rosemont-Petite Patrie
6707, avenue De Lorimier
Renseignements : 514-872-1730
[site web]
17 février 2012, 20h
Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville
10 300 Lajeunesse
(514) 872-8749
23 février 2012, 20h
3755, Botrel
(514) 872-2157
1er mars 2012, 20h
Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord
12004, boulevard Rolland
514-328-4000 p. 5640
Une production Théâtre Qui va là
par Daphné Bathalon
Le nid est un monde à part à l’intérieur duquel, bien à l’abri des tempêtes extérieures, deux âmes esseulées se sont trouvées, se sont aimées, puis éloignées. Leur couple a battu de l’aile, a lancé un dernier cri et est tombé en cendres dans un grand incendie. Mais quelquefois, des cendres renaît l’amour, et c’est à cette renaissance que le Théâtre Qui Va Là nous convie.
Conçue au printemps 2009, dans le cadre du OFF.T.A., la pièce a connu un bon succès tant auprès de la critique que du public. Elle reprend l’affiche ces jours-ci pour 10 représentations sur la scène de La Petite Licorne. Un passage éclair pour cette belle production, à la fois touchante et poétique.
Cassandre et Phoénix voguent d’un souvenir à l’autre au gré des objets épars découverts dans ce qui fut autrefois leur refuge, à présent noirci par le feu. Avec eux, on explore leur intimité et leur complicité. Une complicité que les comédiens Sandrine Cloutier et Félix Beaulieu-Duscheneau, dont les noms rappellent ceux de leurs personnages, nous font parfaitement ressentir. À l’instar de Cassandre et Phoénix, on se laisse peu à peu gagner par l’émotion et la nostalgie d’un amour qui s’est étiolé.
Habiles imitateurs de chants d’oiseaux, les comédiens démontrent toute l’étendue de leur talent de marionnettistes. En manipulant quelques objets, de-ci, de-là, ils transforment le nid-cabane (un ingénieux décor de Josée Bergeron-Proulx) en riche terrain de jeu : d’un cartable et d’une lampe, ils font une corneille, d’étagères, ils font un arbre, une table, une patère… avec des calepins, ils imitent les battements des ailes. Leurs corps tout entiers se prêtent par moment à la parade amoureuse des oiseaux ou à la lutte pour la survie. Avec leurs mains, enfin, ils célèbrent la renaissance du phénix, un des beaux moments du spectacle.
De la flamme du premier regard aux braises que l’on tente de raviver, l’amour est au cœur de ce nid de cendres. Le texte fait de cette histoire un poème vivant, vibrant qui invite à sourire tout autant qu’il émeut. Avec sensibilité, les deux créateurs et auteurs, conseillés par Jacques Laroche, entremêlent l’histoire des personnages et celle des oiseaux, les troubles psychologiques et émotifs de ceux-ci se confondant avec les troubles de ceux-là.
Des histoires d’amour, on ne se lasse jamais, et Le nid nous en raconte une dont on aurait tort de se priver, quel que soit notre âge.
par David Lefebvre
Il faut parfois des événements aux conséquences tragiques pour que l'être humain reconsidère ce qu'il possédait vraiment et qu'il avait perdu de vue. Voyez ces deux ornithologues, par exemple : Phoénix (Félix Beaulieu-Duchesneau), l'homme aux grandes études et connaissances, obnubilé par le mythe de l'Oiseau de feu, être éternel et solitaire dont il veut prouver l’existence, et Cassandre (Sandrine Cloutier), gardienne et psychologue d'oiseaux en voie d'extinction aux multiples désordres intellectuels (appartenant habituellement à l'homme). Après l'incendie de leur cabane, ils déterrent non sans douleur les objets de leur passé commun, et se remémorent leur rencontre et leur vie ensemble, des plus beaux moments jusqu'à la journée fatidique.
Cette fable métaphorique, sur les thèmes de l'amour et de la peur de l'engagement, se joue dans une petite maison calcinée, perte presque totale. Ce couple y trouvera pourtant les derniers vestiges de leurs biens et de leur amour. Des cages d'oiseaux sont accrochées ici et là et de la suie se cache un peu partout. Au centre de cet univers, une corneille que Cassandre voulait tuer, car elle détruisait le nid des autres oiseaux, mais que Phoénix s’entêtait à sauver. Ils la garderont, comme un orphelin trouvé sur leur route. Et ils devront la laisser partir, car ce n'est pas tous les oiseaux qui peuvent rester en cage...
Félix Beaulieu-Duchesneau et Sandrine Cloutier, conseillés par Jacques Laroche, nous offrent avec Le nid une réflexion intelligente, tout aussi humoristique que dramatique. Leurs talents de comédiens et de manipulateurs - il faut voir, par exemple, comment ils arrivent à transformer un gant de caoutchouc noir, ou tout simplement leurs mains noircies, en corneille vivante - donnent à ce spectacle une dimension unique et charmante. Ce couple, qu'on aurait pu croire impossible, se forme, pourtant, et vit une union fantastique. Leur histoire se juxtapose et fusionne presque en symbiose au monde de la gent ailée, leur passion commune, avec de multiples liens et connexions. Alors qu'elle s'attache à lui, lui se voit consumé par ses chimères, persuadé d'avoir trouvé des nids et des plumes calcinés qui expliqueraient la présence du phénix dans ces bois – une représentation juste de l'homme qui se perd corps et âme dans son travail et ses obsessions, écartant tout autour de lui et oubliant et blessant les personnes qui l'aiment.
Les éclairages fignolés par Erwann Bernard facilitent les transitions entre les moments passés et présents, dans ce décor très réussi de Josée Bergeron-Proulx. Mentionnons aussi la beauté de la musique de Benoît Côté.
Dans cette petite cabane incendiée, Phoénix et Cassandre ont tout perdu, sauf la vie, sauf l’amour. Dans cette baraque noircie, tordue, ils trouveront les débris de ce qu’ils étaient, de leurs souvenirs, et feront renaître de ces cendres ce lien unique qui les a unit, une première fois.