Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 5 au 9 décembre 2011, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h
Rearview
Présenté à la Petite Licorne
Texte et interprétation Gilles Poulin-Denis
Mise en scène Philippe Lambert

Guy conduit sur une route, seul, seul avec Manu, sa voiture. Il fuit. Il fuit, on ne sait pas quoi, lui non plus d’ailleurs. À travers la rencontre de divers personnages, il revisite les événements qui ont mené à son départ. Ce périple se transforme rapidement en quête existentielle qui plonge Guy dans le fin fond de l’Ontario, de la nuit et de lui-même.

Rearview est un «road-trip» théâtral où un jeune trentenaire doit faire face à ses démons. Dans une langue vibrante et imagée, l’auteur nous plonge au coeur de l’intimité d’un être qui a perdu ses repères et qui, ne pouvant plus supporter sa réalité, tente de fuir loin. Loin de chez lui. Loin de la femme qu’il aime, mais aussi et surtout, loin de lui-même. Jusqu’où ira-t-il? Jusqu’où va-t-on pour enfin se retrouver?

Rearview est le premier texte de Gilles Poulin-Denis, diplômé en jeu de l’UQAM. Il était donc tout naturel qu’il incarne lui-même le rôle principal de ce solo intimiste, dirigé par Philippe Lambert. Ce texte, qui a séduit l’équipe de La Manufacture, nous révèle un auteur qu’il faudra définitivement surveiller!


Assistance à la mise en scène Julien Véronneau
Décor et éclairages David Granger
Musique Jacques Poulin-Denis

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : toutes les représentations
Régulier : 32$
Carte premières : 16$

Une production La Troupe du Jour (Saskatoon)


Théâtre La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Yvan Lebel

La route est longue pour remonter jusqu'au soleil
Les rues sont sombres comme le coeur de l'homme
- Luc de Larochellière

Écumant les routes du pays depuis 2009, la pièce Rearview, du jeune auteur et comédien Gilles Poulin-Denis, diplômé de l’UQAM en 2004, et de la Troupe du Jour de Saskatoon, s’arrête le temps de quelques représentations à la Petite Licorne.

Guy, 27 ans, sent qu’il stagne, comme un marécage. Alors qu’il prend une bière avec ses amis, il aperçoit un être étrange, qui le dévisage, lâchement vêtu d’un imper brun et d’une casquette des Whalers de Hartford (un détail cocasse : l’équipe a dû changer l’équipe en cours de route, puisqu’à la création, on parlait des Jets de Winnipeg). Interloqué, Guy se rend finalement au party de bureau de sa copine Catherine, à Ville Mont-Royal, où il recroise l’individu. Se poussant sans faire ni une ni deux, Guy fuit les lieux, mais retrouve l’homme un peu plus loin sur la route. Se sentant jugé, dévisagé, Guy lui saute au visage et le défigure à coups de poing percutants. Terrorisé devant ce qu’il venait de faire, Guy prend la route avec Manu, sa fidèle voiture, à qui il parle sans arrêt, et se retrouve en Ontario, où il croise un policier, un barbu répondant au nom de Jim Morrisson, des villages fantômes et… lui-même.

Ce « road-trip initiatique » et introspectif récolte depuis sa création d’excellentes critiques. Le texte, d’une belle écriture, intelligente et humaine, s’amuse à zigzaguer entre le drame, l’humour et le suspense. La mise en scène de Philippe Lambert laisse place aux mots et au jeu du comédien ; celui-ci se démarque par son naturel et le pouvoir d’évoquer de fantastique manière plusieurs moments-clés de cette fatale nuit et une panoplie de personnages secondaires, et ce, en un tour de main. Si la scénographie de David Granger est plutôt simple, une chambre d’hôtel avec lit et table de chevet, ses éclairages sont beaucoup plus complexes, créant avec autant de force que de subtilité toutes les ambiances nécessaires pour chaque moment du récit. L’environnement sonore de Jacques Poulin-Denis, d’une grande richesse, est omniprésent et totalement maîtrisé. Elle appuie avec justesse les atmosphères déjà bien instaurées par Gilles Poulin-Denis.

Tanguant entre le conte et le monologue, Rearview est un voyage étonnant et rédempteur, une cavale d’un jeune homme qui cherche à fuir, sans savoir qu’il court, au bout du compte, vers la seule et unique destination possible : lui-même. Sometimes, objects in the mirror are closer than they appear.

05-12-2011