Dans cette comédie parfois grinçante, le petit monde de Greg est secoué alors qu’il passe une remarque douteuse sur l’apparence physique de sa copine. Pour empirer les choses, un collègue de travail et sa femme se joignent au débat. Ainsi, ce qui n’était au départ qu’une simple chicane de couple prendra des proportions incroyables, au point d’anéantir des années d’amour et d’amitié.
L’obsession de la beauté est une réflexion sur l’importance de la beauté physique dans la société nord-américaine. Neil LaBute s’attarde aux questions suivantes : Quelle image se fait-on de la beauté? Les autres nous perçoivent-ils tel que nous nous voyons? La beauté est-elle un baromètre mesurant l’influence et le pouvoir de chacun dans son environnement social ?
Créée au Lucille Lortel Theatre de New York en 2008, reasons to be pretty (l’obsession de la beauté) a récolté plusieurs nominations aux Tony Awards. Auteur américain, Neil LaBute a également écrit les pièces Autobahn (2003) et The Shape of Things (2001). La mise en scène de cette pièce traduite par David Laurin a été confiée à Frédéric Blanchette, qui a entre autres mis en scène Cheech ou Les hommes de Chrysler sont en ville (2003) pour La Manufacture et, tout récemment, La fin de la sexualité (2011) pour le Théâtre Ni plus ni moins.
Décor Geneviève Lizotte
Éclairages André Rioux
Musique Nicholas Savard-L'Herbier
Tête-à-tête : le jeudi 29 novembre
Une production Lab 87
par Pascale St-Onge
Quelle importance a la beauté physique dans votre vie? Celle de votre partenaire de vie? L'obsession de la beauté, texte de l'auteur américain Neil LaBute et première production de LAB87, traite de la question de l’apparence physique et de ses conséquences, subies ou imposées, ainsi que de la perception de la beauté à travers quatre personnages, soit deux couples d'amis.
Au milieu d'une conversation sans importance avec son meilleur ami, Greg passe maladroitement une remarque désobligeante sur l'apparence de sa petite amie, Steph. À partir de ce moment, via des conversations frôlant parfois l'absurdité, sa vie s'écroule.
Le spectacle commence fort bien, la dispute d'origine aux allures enfantines nous surprend : si la remarque anodine sur l'apparence de Steph crée une tempête, les réelles insultes bien visées et personnelles, quant à elles, semblent ne pas affecter les deux protagonistes. Fascinant. À l'aide de répliques bien cinglantes et de stéréotypes un peu forcés, malheureusement, le portrait nous apparaît rapidement grotesque et encore plus superficiel que son propos. Bien que le rire se manifeste facilement, par exemple lors d’un hilarant exposé public sur les défauts de Greg, rendu par l'excellente Anne-Élisabeth Bossé, la problématique abordée ne nous atteint pas. Le couple d'amis, joué par David Laurin et Maude Giguère, trop cliché pour être réel, semble superflu. Au fil de la pièce, des monologues plus intimes entre chaque personnage et le public permettent de voir l'autre côté de la médaille ; les belles personnes subissant leur beauté et qui voudraient être ordinaires, les personnes qui sont ni laides ni belles, etc. Certains d'entre eux arrivent de façon prévisible et n'offrent pas de grande nuance telle qu'espérée.
Frédéric Blanchette, à la mise en scène, opte pour une scène traversée d'un grand miroir déformant et se débarrasse de toute présence d'accessoires, remplaçant leur présence ainsi que certains gestes des personnages par la projection des didascalies qui les concerne. Le public est constamment confronté à son double déformé, ainsi qu'à celui de chacun des personnages, qui cachent au fond d'eux-mêmes, bien souvent, une tout autre personne.
Il semblerait que la production ait cédé aux clichés véhiculés par le culte de la beauté qu'elle dénonce, comme si ces gens aux emplois minables, sans grande éducation, tombaient forcément dans le piège. Comme si certaines personnes étaient destinées d'avance à se préoccuper du physique et qu'il fallait prévenir cette fatalité. Ces clichés précis sont-ils si présents dans notre société? Sont-ils réellement les plus affectés? Le problème semble plus discret, plus malin pour se faire oublier et est présent de différentes façons chez les personnes que l'on soupçonnerait le moins. La finale, sans éclat, n’aide pas la proposition.
Pour toutes ses raisons, caricaturer le problème tel que proposé dans L'obsession de la beauté crée ici un effet de distance avec le public. On ne se sent aucunement concerné, la réflexion ne vient pas. Il serait cependant faux de dire que le spectacle n'a pas ses qualités, soit, entre autres, de cinglantes réparties et un humour qui atteint souvent la cible.