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La Licorne - Du 13 nov. au 1er déc. 2012, du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h - suppl. 17 et 24 nov. à 20h
Théâtre Outremont - 24 janvier 2013
Salle Pauline-Julien - 20 février 2013, 20h
Les mutantsLes mutants
Une idée originale de Sylvain Bélanger et Sophie Cadieux -
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Mise en scène Sylvain Bélanger
Assistance à la mise en scène Olivier Gaudet-Savard
Avec Sylvain Bélanger, Amélie Bonenfant, Sophie Cadieux, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Éric Paulhus, Simon Rousseau, (la voix de) Lise Martinet un conférencier invité à chaque représentation

Ils ont 30 ans et retournent, le temps d’une soirée, sur les bancs de la petite école. Leurs réponses aux questions et exercices du professeur reflètent les marques que le temps a laissées sur eux. Entre deux berlingots de vin, un exposé oral ou encore une récréation hors du commun, les écoliers endurcis refont le trajet de leur cheminement, de leurs défaites et désillusions face à la vie, mais aussi de leurs ambitions et de certains moments significatifs qui les ont forgés.

À l’aide de témoignages, d’extraits de textes, de musique ou de vidéos d’archives, Les Mutants amène le spectateur au coeur d’une réflexion éclatée sur les valeurs du Québec actuel. Cette prise de parole festive pose de profonds questionnements : la Révolution tranquille a-t-elle incarné ses principes pour s’assurer de l’épanouissement des générations futures ? Qu’est-ce que vieillir aujourd’hui ? Que reste-t-il du sentiment d’engagement et de collectivité ?

L’équipe de la Banquette arrière, qui a dernièrement présenté La Fête sauvage et Province à La Licorne, a développé l’idée de la pièce Les Mutants lors d’une soirée de La dizaine des auteurs qui leur était dédiée. Puis, le spectacle a officiellement été créé, à guichets fermés, au Théâtre Espace Go et a été finaliste pour le Prix de la critique en 2011. La mise en scène a été confiée à Sylvain Bélanger, qui signait la saison dernière celle de Billy (les jours de hurlement) présentée à La Petite Licorne.


Section vidéo
une vidéo disponible


Décor Évelyne Paquette
Costumes Marc Sénécal
Éclairages André Rioux
Musique Anne-Marie Vasseur, Laurier Rajotte et Caroline Turcot
Intégration vidéo Yves Labelle
Mouvements Frédérick Gravel

Tête-à-tête : le jeudi 22 novembre

TOURNÉE
La création sera présentée au Théâtre de la Ville de Longueuil les 13, 14 et 15 décembre 2012 puis au Théâtre La Rubrique de Jonquière le 11 janvier, au Théâtre Outremont le 24 janvier, à la Salle Michel-Côté d’Alma le 16 février et à la Salle Pauline Julien de Ste-Geneviève le 20 février.
Distribution pour la tournée : Sylvain Bélanger - Amélie Bonenfant - Sophie Cadieux - Rose-Maïté Erkoreka - Mathieu Gosselin - Anne-Marie Levasseur - Lise Martin - Éric Paulhus - Simon Rousseau

Une production Théâtre de la Banquette Arrière


La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Théâtre Outremont
1248, avenue Bernard Ouest
Billetterie : 514-495-9944


Salle Pauline-Julien

15 615 Boul. Gouin Ouest, St-Geneviève
Billetterie : 514-626-1616

Dates antérieures (entre autres)

Du 11 au 22 janvier 2011 - supplémentaires 15 et 22 janvier à 19h30, Salle 2 Espace GO

 
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 Critique
Critique

par Gabrielle Brassard


Crédit photo : Bruno Guérin

Les Mutants, ce sont huit trentenaires qui, le temps d’une soirée, se prêtent à une panoplie d’exercices scolaires. À travers eux, une réflexion sur la société québécoise, son histoire, son évolution, et le fait de grandir.

« Qu’est-ce qui a vieilli en vous? », demande le maître d’école (discret, mais pertinent Sylvain Bélanger), assis dans la salle. « Je ne peux plus passer l’hiver seulement en manteau de jean et en souliers », répond l’un des Mutants. Les élèves d’un soir sont notamment invités à une dictée, à jouer aux mimes, chanter, créer un orchestre, danser, réciter et faire des exposés sur la nature humaine et sur l’engagement. Les Mutants, comme les spectateurs, ont même le droit à un témoignage d’un invité-surprise, différent à chaque représentation. Le soir de la première, Nima Machouf parla de sa vie en Iran, de son éveil politique, là-bas et ici, et de son intégration québécoise. Inspirant pour tous.

Amélie Bonenfant, Sophie Cadieux, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Éric PaulhusetSimon Rousseau passent par toute la gamme d’émotions pendant cette heure et demie divertissante, qui nous questionne sur qui nous sommes, autant comme individu que comme société.

La gêne et les tourments de l’adolescence, les différents apprentissages de la vie (les transformations physiques, l’amour, la peur de vieillir), mais, aussi, le passage à la vie adulte, l’évolution, les changements sociaux du Québec et la question identitaire. Le tout à travers un nombre impressionnant d’archives de textes, de vidéos (Yves Labelle) et d’images minutieusement sélectionnés par Sophie Cadieux et Sylvain Bélanger, les deux initiateurs des Mutants. D’une jeune Michèle Richard assurant qu’elle ne s’acharnera pas à faire une longue carrière, à un extrait du discours des Lucides, en passant par des photos des manifestations du printemps étudiant ou une chanson d’un interprète « quétaine », joliment interprétée a capella par la petite troupe scolaire, ce travail monumental de recherche sert de réel support pour faire évoluer les étudiants à travers leur histoire et celle du pays.

La mutation est multiple ; de l’enfance à la vie adulte, d’une époque libérée à plus conservatrice, plus rêveuse à plus cynique, plus engagée à plus désabusée. Les Mutants nous laisse sur une note nostalgique et peu porteuse d’espoir sur notre sort, mais suscite indéniablement la réflexion, surtout lorsqu’on constate que des propos datant pratiquement du début du siècle sont encore cruellement d’actualité… Le message des Mutants semble être qu’il est temps que ça change. Pour vrai, et dans l’action.

18-11-2012

 



par David Lefebvre

(Il faut) jouer le jeu, et tricher en même temps.


Crédit photo : Bruno Guérin

Le Théâtre de la Banquette arrière, après Les femmes de bonne humeur (2002), Betty à la plage (2004), La Fête sauvage (2006), Autobahn (2008) et Silence radio (2010) qui ont toutes connu un certain succès, nous présente Les
Mutants
, un spectacle polyphonique, intelligent, tout aussi inspirant que révélateur de notre époque contemporaine et de la société présente.

Selon le dictionnaire Robert, un mutant est un « organisme dont un ou plusieurs caractères héréditaires diffèrent de ceux des parents ». Plus près de nous, il peut s'agir « d'un homme ou d'une femme en cours de transformation ». De l'embryon que nous sommes à la naissance jusqu’à l’adulte assumé, nous nous façonnons de nos rêves accomplis ou perdus, d'exemples qui nous guident ou qu'on invente, des enseignements de nos prédécesseurs. Le texte collectif Les Mutants se veut ainsi un regard dans le rétroviseur de notre société, dans la cour de récré, les deux mains sur un volant capricieux, en route vers un horizon nappé de brouillard. C'est un texte sur notre fierté et nos innombrables imperfections, sur nos contradictions, sur la jeunesse, le vieillissement, la perte des espérances, l'introspection, le nationalisme qui nous ébranle encore, l'éveil de notre conscience sociale, politique et sexuelle, l'adulte selon l'enfant et l'enfant selon l'adulte. Se mélangent des anecdotes et faits personnels, des bouts de vidéos de sources nombreuses - de Michèle Richard à des extraits de films de Gilles Groulx et Claude Jutras - et des passages de Cohen, Borduas, Aquin, Miron, Leclerc, Kemeid, Lévesque...

Pour mettre en scène ces nombreuses réflexions, Sylvain Bélanger réunit la jeune troupe dans un décor en L, avec tableau noir, pupitres et toiles blanches rétractables. L'école primaire, environnement parfait pour ce discours multiple et évolutif, est ainsi évoquée : professeur à l’écart, sonnette pour remettre les élèves à l'ordre et costumes en prime. Les personnages-acteurs n'ont pas véritablement d'âge ; ils sont des trentenaires qui jouent les écoliers modèles, ou presque. La pièce est séparée en segments, durant lesquels les élèves doivent démontrer leurs compétences, leurs connaissances. On apprend à regarder, à s'exprimer, à lire, à écouter, à espérer. À se révolter aussi, à décrocher. Le spectacle répond à une logique chronologique : l'élève perd peu à peu de sa naïveté, comprend d'où il vient, s'enflamme d'espoir, se responsabilise, rencontre même un conférencier - le soir de la première, nous avons eu droit à l'architecte et militant écologiste Owen Alexander Ross - puis se désillusionne, s'effondre, vieillit, subit les répercussions de ses choix, mais surtout, de ceux et celles avant lui.

Si chaque comédien (Amélie Bonenfant, Sophie Cadieux, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Éric Paulhus et Simon Rousseau) se démarque à un moment ou un autre de la soirée, c'est ensemble pourtant qu'ils épatent, lors de quiz, de chamailleries ou de numéros chantés des plus réussis ; notons un entrainant Nous on est dans le vent, entonné par Rose-Maïté Erkoreka accompagnée des autres comédiens à divers instruments de musique, style big band de ruelle, ou un poignant J'veux pas vieillir de Boom Desjardins façon chorale, qui n'aura jamais été aussi bien chanté.

La conception atypique et dynamique de la pièce accroche le spectateur et le fait souvent réfléchir, grâce aux différents extraits littéraires, politiques, poétiques et engagés et les multiples questions posées par le professeur, campé par Sylvain Bélanger. Ces questions soulèvent les origines personnelles, les situations familiales et religieuses, puis en révèlent beaucoup, par des réponses candides ou des silences évocateurs lors d’un exercice imitant une entrevue d’embauche, ou encore suscitent un triste constat sur ce qui a changé chez les élèves, ou ce qui a disparu en eux.  La pièce, qui semblait vouloir mener vers une finale choc, une prise de conscience pessimiste, fataliste, laisse pourtant le public perplexe, après un numéro de mouvements désarticulés un tantinet long, sur l'air de Avec le temps, interprétée par Renée Claude, qui n'a pas l'impact souhaité, et un retour sur le bonheur et l'enfance selon Félix, qui clôt maladroitement le spectacle.

Les Mutants porte un fascinant regard sur le chemin parcouru et foulé, du Refus global à une « droite fière et organisée », sur une jeunesse vécue, enjouée, progressiste, porteuse de tant de choses ; une jubilante et troublante observation de nos paradoxes individuels et collectifs.
11-01-2011