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Du 20 août au 7 septembre 2012, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h - supplémentaire 8 septembre 16h
Comment je suis devenue touriste
Texte Jean‐Philippe Lehoux
Mise en scène Michel‐Maxime Legault
Avec Annie Darisse et Dominique Leclerc

Daïquiri, alias Alexandra, coule des jours tranquilles à boire des drinks dans son appartement de Québec. Jusqu’au jour où l’ancienne Alexandra, celle qu’elle était un an plus tôt, la militante trentenaire qui a parcouru les États‐Unis à pied, cogne à sa porte, tel un spectre indésirable. Daïquiri revit alors le road trip initiatique qui l’a poussée à entrer en guerre contre la consommation et le tourisme abrutissant, faisant le vide autour d’elle au nom d’une sacro‐sainte liberté.

Après trois productions remarquées, Ça se dit pas en 2009, Nous sommes faits (comme des rats) en 2010, et Deux ans de votre vie en 2012, Les Biches Pensives sont de retour avec leur quatrième création. Comment je suis devenue touriste, pièce signée Jean‐Philippe Lehoux et mise en scène par Michel‐Maxime Legault sera présentée dès le 20 août à La Petite Licorne.

À travers cette comédie décapante, l’auteur Jean‐ Philippe Lehoux se demande combien de temps une aventurière engagée – déchirée entre l’appel du militantisme et l’envie de réclamer sa part de bonheur – peut tenir la route avant de déposer les armes. Pour changer le monde, a‐t‐on vraiment besoin de s’inventer un champ de bataille ?


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Assistance à la mise en scène : Mariflore Véronneau
Décor, costumes et accessoires : Elen Ewing
Éclairages : Josiane Fontaine-Zuchowski
Musique : Gaël Lane-Lépine

Régulier : 32$
30 ans et - : 20$
65 ans et + : 25$

Une création Les Biches Pensives


La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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 Critique
Critique

par Sara Fauteux


Crédit photo : Jérôme Leclerc

Pour la quatrième année, la production annuelle des Biches pensives marque le début de la saison théâtrale de la métropole après l’été. C’est devenu une tradition et c’est tant mieux. On attend avec impatience ce premier spectacle qu’on espère drôle, léger et intelligent. Cette année encore, Annie Darisse et Domique Leclerc ont parfaitement répondu à nos attentes. Comment je suis devenue touriste, un texte de Jean-Philippe Lehoux, est une comédie grinçante et efficace sur l’engagement social.

Alexandra, une jeune trentenaire, reçoit la visite de son double, soit Alexandra un an plus tôt. Une année a suffi pour faire de cette aventurière radicale et enragé, parcourant les États-Unis à pied en emmerdant les touristes niais autant qu’elle peut, une jeune adulte un peu amorphe, intégrée au moule de la société. Grâce à cette visite, elle revit sa propre histoire devant nous.

Ce retour en arrière, commenté par une Alexandra du temps présent qui en a payé le prix, nous permet de constater à quel point le militantisme est exigeant et solitaire. Alors que l’ancienne Alexandra idéalise son aventure et pousse son alter ego à revenir vers ses idéaux et à rejeter son existence conformiste, l’Alexandra d’aujourd’hui se rappelle la dure réalité de son périple en sol américain : solitude, rage et surtout, incapacité de maintenir ce rythme sans l’aide et le financement généreux de son paternel.

La mise en scène de Michel-Maxime Legault est aussi ingénieuse et drôle que le texte de Lehoux. Dans un décor vert menthe et rose fluo, le metteur en scène parvient à transporter le public au beau milieu d’un marécage américain, dans un manège de Walt Disney ou encore un campement improvisé en plein milieu d’un stationnement… Il faut dire qu’il dispose de deux actrices de grand talent. Darisse et Leclerc sont égales à elles-mêmes : justes, vives, drôles et sensibles. C’est un vrai plaisir que de les voir s’activer dans cette mise en scène précise et efficace.

Après le printemps que nous avons connu et le dénouement un peu décevant pour certains de la lutte cet automne, on ne peut pas ne pas se poser la question : jusqu’où faut-il aller pour être à la hauteur de nos idéaux? Quels sacrifices faut-il être prêt à faire pour aller au bout du combat? Est-ce que militantisme et bonheur s’opposent nécessairement? Comment je suis devenue touriste explore ces thèmes avec intelligence, mais se termine sur une note qui laisse le spectateur un peu perplexe.

En effet, la pièce se conclut par une Alexandra en amour par-dessus la tête, enfilant une robe de princesse et s’extasiant sur la beauté du Château Frontenac. Comment admettre que les questions sérieuses sur l’engagement social dans notre société soulevées par la pièce soient ainsi évacuées? À moins que les Biches Pensives ne soient encore plus futées qu’on ne le croit et, sachant très bien qu’il n’y a pas qu’une réponse à ce dilemme, que chaque existence commande sa propre solution, aient plutôt décidé de brouiller les pistes en déployant le plus grand des clichés…

25-08-2012