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Du 7 au 23 janvier 2013, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h
VentreVentre
Présenté à la Petite Licorne
Texte Steve Gagnon
Mise en scène Denis Bernard
Assistance à la mise en scène Adèle Saint-Amand
Avec Marie-Soleil Dion et Steve Gagnon

En pleine nuit, dans les décombres d’un appartement. Dehors c’est le chaos, il y a des files énormes à l’entrée des bars, partout les femmes et les hommes sont saouls, les radios diffusent des tounes de la Compagnie Créole. Dehors, c’est insupportable. ELLE défonce la porte et entre. Elle se retrouve face à son ex-copain. Elle a eu une aventure avec quelqu’un d’autre, il est parti. Elle revient pour exorciser quelque chose. C’est l’histoire d’un pacte pour la résistance, contre la noirceur. C’est l’histoire d’une société, d’un peuple mené par la peur, qui manque de refuges.

Ventre, c’est un discours amoureux pas banal. Deux acteurs s’interpellent, s’entrechoquent, se répondent. Un tandem fou d’amour à la croisée des chemins, dont le discours cru et franc plonge le spectateur au coeur d’une réflexion sur l’infidélité, l’orgueil et l’érosion des sentiments amoureux.

L’auteur Steve Gagnon signe ici un manifeste contre le cynisme et la morosité ambiante. Son premier texte, La montagne rouge (SANG), a été finaliste aux prix du Gouverneur général du Canada en 2011. Créée par la compagnie Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline, Ventre sera dirigée par Denis Bernard, à qui on doit notamment les mises en scène de Le Pillowman (2009) et Chaque Jour (2011).


Décor, costumes et éclairages Lucie Bazzo
Musique Uberko

Tête-à-tête : le jeudi 17 janvier

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 7 au 16 janvier
Régulier : 32$
Carte premières : 16$

Une production Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline


La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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 Critique
Critique

par Véronique Voyer

Le cœur au Ventre


Crédit photo : Daphné Caron

Cette urgence, ce ton impératif de ceux qui sont prêts à tout par amour, marque la pièce Ventre. Ainsi, un couplese met à nu, écorché vif par l’impardonnable. De minuit à l’aurore, elle insiste sans relâche pour retourner dans ses bras. Lui? Il tente de ne pas flancher.

Cette pièce constitue le deuxième volet de la trilogie théâtrale du comédien et dramaturge Steve Gagnon. Après La montagne rouge (SANG), il continue son exploration sur le même thème, soit la séparation amoureuse. Ventre, c’est un crescendo d’émotion, de manque, de douleur, de passion et d’espoir qui nous plonge au cœur d’un couple en crise. Le sujet n’a rien de drôle, ce qui n’empêche pas le dramaturge d’écorcher la culture de masse avec une ironie désarmante. L’humour ponctue un désarroi plutôt extrême, car si cette pièce est relativement courte, elle n’est pas dénuée d’intensité. Évidemment, le propos n’a rien de fleur bleue, mais il reste tout de même très lumineux.

Mise en scène par Denis Bernard, l’action se partage entre un bain, une porte et un lit complètement démoli. Les déplacements sont marqués de colère, de peurs et d’inconfort, bref, de tout ce qui vient lorsqu’une relation à long terme entre en crise. Après quatre ans d’amour, l’adultère se glisse dans le couple. Si la peur de se faire mal est palpable chez les deux protagonistes, le couple ne parvient pas à vivre l’un sans l’autre.

Il est dur d’aimer et de croire dans une époque chaotique. Pour illustrer le propos, la jeune femme (Marie-Soleil Dion) se questionne : pourquoi ils disent qu’on était 75 000 à manifester alors qu’ils y avaient 200 000 personnes dans les rues? Comment expliquer que 1.2 million de Québécois écoutent l’Auberge du chien noir? Quels sont nos lieux collectifs ? Alors que les nouvelles atroces nous inondent via les médias, le besoin viscéral de ce couple persiste, ils continuent de croire et de s’aimer.

La jeune amoureuse esseulée propose à son copain (Steve Gagnon) d’oublier son cœur et sa tête, le temps que leurs mains fassent le reste. C’est donc par les extrémités que les deux corps se retrouvent. Cette soif sensorielle se déclenche quand l’amour vacille : plus faim, plus soif, plus d’énergie, plus envie de rien. Leurs mains sont au cœur d’une quête de sens que la logique et les émotions embrouillent. La jeune comédienne insiste à coup de souvenirs heureux, de regrets, de voyage, de blagues de boites à lunch, mais aussi, tente le tout pour le tout avec sa peau ; alors qu’elle devrait être fragile, dénudée, c’est lui qui est ébranlé, jusqu’au plus profond de son être.

Ces mains qui explorent et se souviennent sont l’un des titres qui apparaissent en cursive au fond de la scène entre chaque tableau. Les titres ponctuent cette nuit où les souvenirs, l’infinie tristesse, la joie immense, la déception et la trahison se rencontrent, le temps d’une nuit.

11-01-2013