Billy, c’est le quotidien inhabituel des gens ordinaires qui se transforment maladroitement en justiciers, qui cherchent aussi à se faire justice et qui jappent, confortablement attachés. Des personnages aveuglés par leur propre colère et qui risquent de s’y perdre. Ils seront contraints au pire. Car en déployant l’histoire des gens qui veulent en sauver d’autres - alors que ceux-ci n’ont rien demandé - Billy raconte l’histoire de gens qui passent à côté de leur révolution...
Au moyen d’une langue forte, rythmique et charnue, Fabien Cloutier fait déferler la vague contaminante d’une colère construite de toutes pièces sur les préjugés, les idées reçues et notre propre ignorance des autres. Billy déploie sur scène une véritable catharsis collective, un «chiâlage» habile et libre, devenu sport national, à la fois jouissif et contagieux.
Section vidéo
Décors Évelyne Paquette
Costumes Marc Senécal
Éclairages Erwann Bernard
Musique originale Larsen Lupin
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 9 au 13 septembre
Régulier : 32$
Carte premières : 16$
30 ans et - : 22$
65 ans et + : 27$
Tête-à-tête : 19 septembre
* EN TOURNÉE
5 octobre 2013 -
Maison de la culture Maisonneuve -
4200, rue Ontario Est -
514 872-2200
10 octobre 2013 - Maison de la culture Plateau-Mont-Royal - 465, avenue du Mont-Royal Est - 514-872-2266
11 octobre 2013 - Auditorium le Prévost - 7355, avenue Christophe Colomb, 2e étage - 514-872-6131
12 octobre 2013 - Maison de la culture Rosemont-Petite Patrie - 6707, avenue De Lorimier - Renseignements : 514-872-1730 [site web]
5 novembre 2013 - Maison de la culture Frontenac - 2550, rue Ontario Est - (514) 872-7882
12 novembre 2013 - Maison de la culture de Côte-des-Neiges - 5290, chemin de la Côte-des-Neiges - (514) 868-5160
14 novembre 2013 - Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville - 10300 Rue Lajeunesse - (514) 872-8749
15 novembre 2013 - Entrepôt / Complexe culturel Guy-Descary - Lachine - 2901, boulevard Saint-Joseph, - Lachine - 514 634-3471 #302
16 novembre 2013 - Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord - 12004, boulevard Rolland - 514-328-4000, poste 5630
Une production Théâtre du Grand Jour
Dates antérieures
Du 30 avril au 19 mai 2012, La Licorne
par Pascale St-Onge
Billy (Les jours de hurlements), la plus récente pièce du Beauceron Fabien Cloutier qu'on a pu entendre en 2011 à Dramaturgies en Dialogue, et récipiendaire du prix Gratien-Gélinas de la même année, est monté à la Petite Licorne en ce printemps 2012. L'auteur ramène au premier plan l'individualisme qui l'emporte sur la société, le jugement facile des autres alors que ses personnages sont tout aussi responsables que ceux qu'ils accusent. Ici, chacun est animé par la haine de ceux qui abusent du système, de la bureaucratie, de ceux qui éduquent mal leurs enfants, de ceux qui ne font pas leur travail, du système de santé, etc.
Voilà une pièce qui décoiffe par sa langue crue, mais surtout par sa façon de ramener le spectateur sur terre. Fabien Cloutier met à l'épreuve le citoyen moyen, celui qui nourrit le système, le même système qu'il déteste et qu'il prend plaisir à dénoncer à qui veut bien l'entendre (ou non.). Trois personnages, parents et travailleurs de la classe moyenne, affrontent un lendemain de tempête de neige et un froid avoisinant les 30 sous zéro. Un matin difficile, l'occasion parfaite pour chialer sur tout et n'importe quoi, pour en avoir ras le bol et finalement, pour décider que c'est assez, qu'il faut que ça change.
Sylvain Bélanger a su mettre en valeur ce texte dans sa mise en scène, et ce, malgré les difficultés qu'il impose. Le texte propose, la majeure partie du temps, trois discours parallèles ; il devient ardu pour le spectateur de tous les suivre à la fois. Visiblement, ce travail est également difficile pour les comédiens qui semblent parfois se marcher sur les pieds dans ce petit espace bien investi par la mise en scène, mais surtout dans ce texte tissé serré. Guillaume Cyr, avec un personnage qui n'a pas la langue dans sa poche et qui surprend à chaque instant, vole la vedette de ce trio de comédiens bien choisi. Par contre, on s'interroge sur certains choix dramaturgiques : cette travailleuse dans la cinquantaine (Louise Bombardier, au jeu convaincant, mais parfois fragile) qui hurle contre la bureaucratie et les syndicats, bien qu'attachante, ne s'avère utile que dans les dernières minutes de la pièce, bouclant la boucle de la haine et du jugement qui a motivé toute l'action jusque-là. On arrive difficilement à l'identifier, à savoir qui elle est exactement.
Le décor tout de blanc, aux vitres battantes, évoque la tempête qui fait rage. Le minuscule espace transformable nous fait parfaitement oublier la petite salle de spectacle, sans cesse investie par les trois comédiens. L’installation de néons, qui couvre le plafond du fond de la scène jusqu’au public, rappelle celui qu'on a pu voir autrefois pour Félicité et 20 novembre.
Le rythme du texte est certainement une des grandes raisons de son succès. Par contre, certaines répliques, plutôt courtes généralement, viennent freiner ce rythme qui entraîne le public. Fabien Cloutier nous piège bien : par sa façon de jouer avec la langue et l'humour qui s'en dégage, il en vient au spectateur d'être confronté à ce qu'il n'a pas vu venir. Il rit de ce qu'il dénoncerait lui-même, de ce qui le choque. Ceux en qui nous avions d'abord confiance deviennent ce qu'ils jugeaient inacceptable. Comme quoi la négligence peut arriver à tout le monde. À qui la faute? C'est cette question sans cesse posée par les personnages qui demeurera sans réponse finalement, car c'est à la collectivité que revient la responsabilité dont tout le monde cherche à se défaire : celle d'être citoyen.
Billy (les jours de hurlement) est une pièce coup-de-poing, sans pour autant s'alourdir des malheurs et des tragédies qu'elle raconte. Bien au contraire, l'humour est autant au rendez-vous que la consternation pour le spectateur qui voudra bien aller profiter de ce superbe texte presque trop court (à peine plus d'une heure). Un spectacle à ne pas manquer, si vous n'avez pas peur d'être confronté d'aussi proche à notre société québécoise.