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Du 7 au 25 octobre 2013, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h
SoledadSoledad au hasard
Présenté à la Petite Licorne
Texte et mise en scène Julie Vincent
Avec Liliane Boucher et Julie Vincent

Annabelle, une photographe québécoise, avait été grièvement blessée au moment du soulèvement populaire à Buenos Aires en 2001. Dix ans plus tard, Soledad, une jeune Argentine, débarque au Québec pour mener un projet d’étude à l’Université du Québec à Montréal. Elle trouve difficile de s’adapter à son nouvel environnement. Un hasard de la vie provoquera la rencontre plus qu’improbable entre ces deux femmes qui, pour des raisons différentes, fréquentent la place Émilie-Gamelin.

Soledad au hasard est l’histoire de deux destins croisés. L’histoire d’une amitié entre deux femmes qui ont Montréal et Buenos Aires en commun. L’une a fui l’oppression, l’autre en porte les marques pour toujours. Julie Vincent explore une rencontre entre deux femmes qui sont à la recherche de leur identité profonde, se battant contre les démons qui les pourchassent. Le hasard de leur rencontre est le premier jalon d’une paix à laquelle elles aspirent.

Avec sa compagnie Singulier Pluriel, Julie Vincent crée des spectacles qui parlent de mondialisation, d’immigration et de l’isolement que cela engendre. En explorant l’axe Québec-Argentine, Julie ouvre une voie théâtrale importante qui nous permettra d’entendre ces voix d’un Sud que nous connaissons mal. Comédienne et dramaturge, Julie Vincent a entre autres écrit Noir de monde, La robe de mariée de Gisèle Schmidt et Le Portier de la Gare Windsor.


Assistance à la mise en scène Vanessa P.Dubé
Décor Stéphanie Champagne et Geneviève Lizotte
Costumes Geneviève Lizotte
Éclairages Mickaël Fortin
Musique Michel Smith
Conseillère dramaturgique Blanca Herrera
Photographie François Régis Fournier
Montage Vanessa P.Dubé
Coordination Nord Sud Stéphanie Champagne
Photo générique Rolline Laporte

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 7 au 11 octobre
Régulier : 32$
Carte premières : 16$
30 ans et - : 22$
65 ans et + : 27$

Tête-à-tête : le jeudi 17 octobre

Une production Singulier Pluriel en association avec la compagnie Samsara


La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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 Critique
Critique

par Geneviève Germain

Alors que les tours jumelles du World Trade Center s’effondraient et occupaient tout l’espace médiatique, l’Argentine traversait un krach financier qui l’a plongée dans un état de crise. Ce drame silencieux en dehors des frontières de ce pays d’Amérique du Sud a propulsé la classe moyenne dans une pauvreté généralisée qui mena à d’énormes soulèvements populaires. Plus d’une décennie plus tard, deux voix de femmes résonnent dans la Place Émilie-Gamelin : une venue du nord et une venue du sud. Sur fond de manifestations du Printemps  érable, leurs destins se croisent. Deux pays, deux réalités différentes et pourtant leurs récits se rejoignent alors que chacune nous raconte son histoire, à son rythme.

Avec la pièce Soledad au hasard, l’auteure, metteure en scène et comédienne Julie Vincent nous fait découvrir un conte théâtral qui met de l’avant l’art de l’oralité, donc de la transmission d’une histoire ou d’une culture à l’oral. Lorsque la jeune étudiante fraîchement débarquée d’Argentine, Soledad, tente d’établir un lien avec Annabelle, une photographe québécoise au visage défiguré par des cicatrices, elle évoque les récits des femmes de sa famille. Bouchères de mère en fille, ces femmes sont les héroïnes du quotidien pour Soledad et lui ont servi d’inspiration pour un recueil de contes. Venue à Montréal pour compléter une maîtrise, elle choisit comme nouvelle héroïne Annabelle, cette femme qui photographie les visages près de la station Berri-UQÀM et de la statue d’Émilie-Gamelin.

La mise en scène laisse beaucoup de place aux monologues des deux personnages. Bien qu’elles se croisent, toutes deux racontent aussi leurs pensées et leurs sentiments face à leur relation grandissante, tout en évoquant leurs souvenirs et leur vécu. Derrière elles, des images de Buenos Aires et de Montréal se partagent la trame de fond, accompagnées par moments de la musique d’un accordéon sur scène. Le décor est léger et discret : des panneaux de tissus translucides qui permettent des transitions dans les récits des personnages et un simple écran blanc.  Tout le reste est habilement évoqué et décrit au travers du récit des deux personnages. Le texte navigue entre les souvenirs de Buenos Aires, de son parfum si particulier, et le rythme effréné de la station Berri-UQÀM, en plein cœur de Montréal.

Liliane Boucher, dans la peau de Soledad, captive du début à la fin de la pièce en soulignant l’importance de chaque mot et en incarnant son personnage avec aplomb et sensibilité. À ses côtés, Julie Vincent donne vie à une Annabelle plus émotive et un peu nerveuse qui nous laisse difficilement voir la démarcation entre la comédienne et son personnage. Ensemble, les deux actrices réussissent à rendre ce conte théâtral vivant, malgré des déplacements restreints et une action quasi inexistante. Tout réside dans le récit, dans ces mots qui racontent l’histoire de ces deux femmes.

Le texte à la fois poétique et évocateur de Julie Vincent réussit à nous transporter simultanément dans les univers si différents de Soledad et d’Annabelle. Au terme de cette rencontre entre la fille du sud et celle du premier monde, on demeure touchés par leur histoire et par les mots qui la transmettent. 

09-10-2013