Philippe est apiculteur, Marianne est physicienne. Lorsqu’ils se rencontrent à un barbecue, tout devient possible ! Car selon une théorie de la physique quantique, tous les choix, toutes les décisions que nous prenons ou ne prenons pas existent dans un vaste ensemble d’univers parallèles… À travers sept moments dans la vie de ce couple, Constellations nous invite à imaginer les diverses évolutions possibles d’une même rencontre.
La pièce est traduite par David Laurin, dans une mise en scène de Jean-Simon Traversy, avec Alexandre Fortin, Stéphanie Labbé et pour la première fois au théâtre, la jeune chanteuse Fanny Bloom qui signe la musique du spectacle et qui sera également sur scène.
Assistance à la mise en scène Sandy Caron
Décor Cédric Lord
Costumes Marie-Noëlle Klis
Éclairages Renaud Pettigrew
Musique Fanny Bloom
Dramaturgie Maude Lafrance
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Tête-à-tête : jeudi 5 février
Une production La Parade
par Daphné Bathalon
Fragiles, les liens d’amour entre deux êtres. Fragile, l’existence du couple. Fragile aussi, sa pérennité. Et multiples, les gestes, les paroles, les événements qui peuvent tout faire éclater ou dévier.
Avec sa pièce Constellations, l’auteur britannique Nick Payne s’intéresse aux multivers (univers parallèles). Selon une théorie de physique quantique, le temps ne serait pas linéaire : tous les choix qu’on prendrait coexisteraient en un même temps, mais dans plusieurs univers différents. Son texte drôle et touchant traduit en une histoire universelle cette théorie complexe. Il le fait en traçant le portrait d’un couple maladroit et attachant. Marianne, physicienne, et Philippe, apiculteur, se rencontrent lors d’un barbecue. À partir de là, leurs histoires s’entremêlent et nous donnent à voir les avenues possibles de leurs vies. Malgré son sujet sérieux, l’auteur parvient ainsi à émouvoir autant qu’à faire rire des travers bien humains de ses personnages.
Le metteur en scène Jean-Simon Traversy a bien saisi l’importance de ce délicat équilibre et mise essentiellement sur le seul talent de ses deux acteurs, Alexandre Fortin et Stéphanie Labbé. On pourra déplorer un jeu plutôt statique et une mécanique répétitive pour marquer les changements d’univers, mais l’émotion est bien là. Sous un ciel étoilé et encadrés de panneaux vitrés qui se transforment en miroirs en un jeu d’éclairage, les jeunes comédiens évoquent en quelques gestes et quelques mots la gamme d’émotions que traversent Marianne et Philippe. Sans la maîtriser complètement, ils livrent une partition difficile, qui se répète sans cesse, avec de subtiles variations. Le couple qu’ils forment sur scène devient particulièrement touchant lors des dernières scènes, quand le spectre d’une séparation permanente se referme sur eux. C’est de la superposition de ces moments et du morcèlement de leurs histoires que Constellations tire sa force dramatique.
La pièce traite sur un ton très personnel du libre arbitre, demandant pourquoi on est là et comment on se doit de vivre. Elle se penche sur ces choix en apparence anodins qui déterminent pourtant le chemin que suivra notre vie. Elle traite aussi du sujet sensible du suicide assisté, du droit à décider de vivre ou de mourir. Un thème souligné avec beaucoup de sensibilité par la chanson de Fanny Bloom, spécialement composée pour l’occasion : « Si on était aussi grands que l’immortalité, on pourrait choisir, décider de vivre aussi longtemps qu’on voudrait subir. » Au piano, l’auteure-compositrice-interprète est un très bel ajout à la production. Sa musique délicate enveloppe les deux personnages comme une caresse. Et c’est bien ce que l’on retient du spectacle en quittant la salle : une grande tendresse.