L’équipe du Projet Bocal récidive ! Les trois créateurs, en complicité avec le musicien Yves Morin, vous convient à un spectacle hybride composé de saynètes, de courtes histoires, de moments décalés et de pièces musicales qui explorent et déforment avec humour le quotidien et le banal de la vie, cette fois-ci, sur le thème du folklore. Oh Lord !
Oh Lord explore, avec toute la folie de cette jeune compagnie, la musique country et folk, nos racines québécoises, la nature, le conte oral, le joual, mais aussi les cowboys, la tristesse des grands espaces et les fabulations du banjo. Que reste-t-il aujourd’hui de cette époque et de cette culture ? Comment le folklore définit-il ce que nous sommes devenus aujourd’hui ?
Au printemps 2013, le Projet Bocal présentait son premier spectacle éponyme à La Petite Licorne, pour ensuite le jouer au Théâtre Outremont et au Zoofest. Après un laboratoire de création réalisé en mars 2014 dans le cadre de La Dizaine de La Manufacture, la compagnie nous présente Oh Lord dans sa version finale.
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Décor, costumes et accessoires Elen Ewing
Éclairages Jérémie Boucher
Complicité musicale Yves Morin
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Tête-à-tête : jeudi 13 novembre
Une production Projet Bocal
par Geneviève Germain
L'humour irrésistiblement décalé du Projet Bocal est de retour sur les planches de La Petite Licorne un an et demi après son premier spectacle éponyme. Les trois protagonistes à la fois auteurs, metteurs en scène et interprètes, reprennent sensiblement la même formule avec Oh Lord, soit une suite de courtes scènes, mises en situation absurdes et reprises musicales, en s’attaquant cette fois-ci au à l’univers du folklore québécois et du country.
Il faut d'abord dire que l'imagination extensible de Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande jouit d'une logique qui leur est propre, aboutissant à des fins de scènes et transitions complètement inattendues. Leur humour est parfois étrange, souvent absurde, ce qui fait fuser les rires dans la salle à des moments qui, portés par d’autres, pourraient créer de grands malaises. Que ce soit en attribuant une libido douteuse à un hibou et à l’animatrice de parc qui le présente, en personnifiant une femme de la fin du 20e siècle qui mange de la marde ou en chantant des ritournelles aux propos déplacés, le trio repousse les limites de la dérision tout en gardant leur sérieux, octroyant une saveur unique à leur présentation. La langue anglaise trouve également une grande place dans Oh Lord et on ne saurait deviner si c’est en référence à l’histoire du Québec ou encore à la naissance du joual, toujours est-il que l’usage d’expressions anglaises ou de traductions ratées renforce le côté risible de plusieurs répliques, que ce soit par un effet de répétition ou d’écart avec ce qui est annoncé en français.
Oh Lord compte de plus sur la complicité musicale d’Yves Morin qui accompagne le trio avec ses notes de piano et prend même part à certaines courtes scènes. Armés de guitares, petites et grandes, de cuillers en bois, de banjos et d’instruments de musique à bouche, la trame musicale ponctue la pièce et offre plusieurs moments désopilants. Il faut voir et entendre Simon Lacroix chanter qu’il ne veut pas que sa blonde le touche parce qu’il ne veut pas de rhume, ou encore qu’il va bien sur un morceau à saveur folk aux propos complètement en décalage avec la mélodie triste, pour apprécier l’humour de second degré qui a été habilement tricoté. De plus, leurs voix sont justes et malgré le fait que les chansons ralentissent parfois le rythme du spectacle, elles demeurent courtes et bien interprétées, s’insérant justement dans le fil des sketches présentés.
Le décor et les costumes d’Elen Ewig sont à la mesure de l’humour qui nous est présenté et trouvent leur sens à l’intérieur de la suite de sketches mis en scène. Exploitant le thème des racines québécoises, les murs sont couverts de fourrures, on s’assoit sur des bûches de bois et un plafonnier en bois d’orignal surplombe la scène. Dans un des moments les plus mémorables, sous des allures de contes, apparaissent la reine Kénora, le vieux et sage Antoine et la femme roche, lesquels arborent des parures extravagantes sur leurs têtes, les enfilant dans un rythme lent et cérémonieux avant de prendre la parole. À un autre moment, un micro rétro descend du plafond lançant un duel tout en chanson entre Joleen, chanteuse habillée en indienne et armée d’une mini-guitare, et une petite barmaid, armée d’un banjo.
La grande force de l’équipe du Projet Bocal, au-delà d’une écriture ludique et éclatée, est le fait d’avoir su assurer une continuité dans cette série de courtes scènes aux teneurs pourtant différentes. Les transitions sont fluides et originales, en usant de jeux de mots : une mise aux enchères menant à une mise en abîme pour finalement aboutir à une mise en scène, ou encore en utilisant une danse en ligne country pour permettre les changements de costume. L’intelligence de la mise en scène et de l’écriture est frappante et vient soutenir cette pièce qui ne serait autrement qu’une suite de saynètes.
Des supplémentaires sont déjà annoncées les 2 et 3 décembre prochains. Une occasion à ne pas rater pour tout amoureux de l’humour absurde.