Deux jeunes hommes, Carl et Steven, survivent tant bien que mal en ramassant du fer pour Mario Vaillancourt, le propriétaire des Galeries du Boulevard. Grossier, menaçant, l’individu semble avoir sur le feu des activités plutôt louches… En tentant d’améliorer leur sort, les deux amis s’enfoncent dans une spirale qui leur fait bouffer de plus en plus de misère.
Avec leur franc-parler, les personnages de Fabien Cloutier luttent tant bien que mal pour se sortir du trou. Sa grande conscience sociale, il la partage de façon crue, comme la vie l’est parfois. Pour réussir un poulet illustre avec un humour cinglant le mal de vivre d’une frange de la société qui, à force de trimer dur pour une minable pitance, finit, au pied du mur, par sacrifier l’une de ses plus grandes richesses : ses valeurs.
Fabien Cloutier, que nous connaissons bien pour ses pièces Scotstown, Cranbourne et Billy ( Les jours de hurlement ), a écrit Pour réussir un poulet dans le cadre de sa résidence d’auteur au Théâtre de La Manufacture. Il signe ici sa première mise en scène pour la compagnie et invite pour l’occasion les musiciens de Misteur Valaire à composer la bande sonore du spectacle.
Section vidéo
une vidéo disponible
Assistance à la mise en scène Emmanuelle Nappert
Décor, costumes et accessoires Maude Audet
Éclairages André Rioux
Musique Misteur Valaire
Crédit photo Rolline Laporte
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Tête-à-tête : jeudi 2 octobre
Une production La Manufacture
par Caroline Poliquin
La cuisine est à l’honneur au Théâtre La Licorne puisqu’on y apprend ce qu’il faut faire Pour réussir un poulet. Du 23 septembre au 1er novembre, La Manufacture présente cette pièce écrite et mise en scène par Fabien Cloutier (Cranbourne, Scotstown).
Avec ses dialogues colorés, l’auteur dépeint la misère de Carl et Steven, deux pères de fin de semaine peu éduqués. Ces derniers enchaînent des « jobines » mal payées et essaient tant bien que mal de se sortir de leur pauvreté. Leur manque de scolarité et leur situation précaire les poussent à accepter les contrats douteux du propriétaire des Galeries du Boulevard.
Les textes sont indéniablement fidèles à l’univers de Fabien Cloutier. Le langage cru et empreint d’un réalisme frappant. Les personnages ainsi que leurs discours sont vrais. Leur réalité est palpable ; le jeu des acteurs y est assurément pour quelque chose. La mise en scène de Cloutier présente des personnages qui font souvent face au public. La profondeur de la scène a été réduite et nous offre un rapport très frontal, les déplacements des comédiens se font donc principalement de façon latérale. Ils s'entrecroisent de la même manière que les dialogues s’entremêlent. Le plus souvent, on assiste à deux scènes en simultané : les personnages parlent chacun leur tour. Les comédiens figent lorsque ce n'est pas leur tour. Comme toute la scène est illuminée de jaune, un jaune pimpant et clair qui contraste avec l’univers glauque de la pièce, on peut être porté à regarder les personnages qui restent immobiles. Cette particularité de la mise en scène ralentit à priori l'élan du jeu, mais se fait rapidement oublier.
Guillaume Cyr et Hubert Proulx nous présentent deux personnages en subtilité, difficile de les étiqueter comme victimes ou responsables de leur propre malheur. Denis Bernard est parfaitement détestable dans son rôle de gérant de centre d’achat. Marie Michaud nous offre une performance rafraîchissante et remplie d’humour dans le rôle d’une femme à la découverte du monde à travers les vidéos drôles de YouTube. Un seul regret, le personnage de Gabrielle Côté reste mystérieux. La jeune serveuse d’un centre d’achat aurait pu être plus développée. Son histoire est peu racontée.
Misteur Valaire est responsable de l’ambiance sonore ; chargée d’émotions aux moments opportuns, elle sait aussi se faire plus discrète durant la plus grande partie de la pièce. À faible volume, en arrière-plan des conversations, elle donne le ton.
Pour réussir, un poulet fait rire, mais fait aussi réfléchir. Déchirés entre l’histoire tragique et les situations comiques, on passe tout de même un très bon moment dans l’univers créé par Fabien Cloutier. Amateurs de fins ouvertes, vous serez servis avec cette pièce à conclure soi-même.