Un couple dans la trentaine habite une grande ville. Ils achètent du café équitable, regardent des films de répertoire sous-titrés et s’intéressent aux questions politiques. Ils se considèrent comme étant « de bonnes personnes ». Mais lorsqu’un jour, en ligne au IKEA, il lui propose d’avoir un enfant, ils se retrouvent tout à coup face à un dilemme. Est-ce vraiment une bonne idée de mettre au monde un enfant en cette époque d’incertitudes et de bouleversements, où surpopulation et pollution font quotidiennement les manchettes ? Ce qui pourrait être un bon choix pour eux s’avèrerait-il un bon choix pour l’avenir de la planète ? Et si cet enfant faisait partie de la solution au lieu d’être le problème…
Dans ce texte drôle et attachant, Duncan Macmillan aborde la question de la responsabilité sociale et aussi celle d’une relation amoureuse entre deux personnes, imparfaites bien sûr, mais profondément humaines. Des arbres, c’est avant tout une histoire d’amour, avec ce tout ce qu’elle peut comporter de remises en question, d’engagement et d’abandon.
Créée en 2011 par la compagnie Paines Plough à Londres, Des arbres (Lungs) se méritait dès lors le prix de la meilleure nouvelle pièce aux « Off West End Awards » et aux « CBS Outstanding Drama Awards ». Dans cette pièce traduite par Benjamin Pradet, Sophie Cadieux et Maxime Denommée sont dirigés par Benoît Vermeulen, qui a mis en scène de nombreuses productions pour le Théâtre Le Clou, compagnie dont il est l’un des directeurs artistiques.
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Assistance à la mise en scène Ariane Lamarre
Lumières et environnement André Rioux
Musique Guido Del Fabbro
Direction artistique du spectacle Jean-Denis Leduc
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
La pièce sera présentée avec surtitres anglais les jeudis 7 et 14 avril.
Tête-à-tête : jeudi 5 novembre
Une production LAB87 en codiffusion avec La Manufacture
Il était une fois un couple amoureux. Un jour, en pleine déambulation dans un Ikea, l’un d’eux lance le mot-bombe : «bébé». Ce n’est ni une demande ni une affirmation, juste une question. On a une trentaine d’années, on est à deux, on s’aime ; est-ce qu’on devrait avoir un enfant? Est-ce qu’on ne devrait pas? Mais surtout, est-ce qu’on le veut? Des arbres, c’est la longue conversation de ce couple qui se questionne.
Une conversation qui ressemble parfois plus à un monologue de la femme - interprétée par Sophie Cadieux -, qui parle et parle et parle, frôlant parfois l’hystérie. Son compagnon (Maxime Denommée) semble à certains moments n’être là que pour l’écouter ou la relancer. Elle s’interroge, se répond à elle-même, crie et se contredit.
La dynamique du dialogue composé par l'auteur anglais Duncan MacMillan représente une femme forte et cinglante, indécise, mais dominante, face à un homme plutôt passif et calme qui veut l’apaiser, la comprendre sans la contrarier.
Se succèdent les questions de l’environnement, de l’avenir de la planète, de la bonté humaine, de la difficulté d’être parents, du couple, de l’amour, de la vie, de l’égoïsme, de l’amour encore… Au final, un beau portrait de cette génération Y qui n’a de cesse de se poser des questions et de tout remettre en cause, mais qui finit malgré tout par être absorbée par le tourbillon du temps qui passe, et si vite.
Un couple évident et passionné
La conversation commence dans un Ikea, se poursuit au lit, en boîte de nuit, dans la voiture, à la maison, au travail… On suit ce couple au fil des années et des situations sans décor ou changements de scène, dans un enchaînement fluide de l’espace-temps soutenu par une écriture habile et très bien construite. La scène est dénudée et la mise en scène épurée, si ce n’est un discret jeu de lumières ou de sons, laissant toute la place au dialogue.
Si la qualité du texte et la simplicité de la pièce font son succès, il ne faut pas négliger la puissance du jeu des acteurs, notamment celui de Sophie Cadieux, électrique dans son énergie et fascinante dans la complexité de son personnage. Elle éclipse malheureusement un peu Denommée en monopolisant la parole - et parfois la scène. Mais l’harmonie entre les deux acteurs est belle à voir et ils forment un couple évident et passionné ; on y croit sans effort aucun. D’ailleurs, ce n’est pas leur premier rodéo ensemble, le public les ayant applaudi, entre autres, dans Après la fin à Espace Go en 2010.
Cette discussion sur leur descendance est le fil conducteur de leur vie, le reste étant passé sous silence. Et on ne s’ennuie pas une seule seconde. Leur échange est tantôt drôle - comme peut l’être une dispute de couple quand elle tombe dans l’absurde -, tantôt sombre et pessimiste.
Chacun des thèmes abordés en ricochet, du couple à la parentalité, de l’amour à la fidélité, de l’environnement à l’humanité, trouve un écho chez le spectateur. Nous sommes tous un peu des arbres : nous voulons couper, mais aussi garder nos racines, faire pousser des bourgeons mais garder nos feuilles.