Un homme seul en forêt voit défiler tour à tour amis et amours qui veulent le convaincre de rentrer à la maison et de réintégrer la civilisation. Tente-t-il de se départir de son humanité? Est-il un animal blessé? À travers la fuite incompréhensible de cet homme simple, ce sont aussi les fuites de tous ses proches qui apparaîtront au grand jour. Les fuites humaines en quelque sorte…
Empruntant la structure de la célèbre œuvre d’Henri Laborit, Éloge de la fuite, Qui Va Là nous dévoile ici une fable sur l’importance cruciale du pouvoir de l’imaginaire, seule distinction entre les humains et les animaux selon l’auteur. Combinant à la fois théâtre d’objets, marionnettes, ombres et musique en direct, la compagnie nous propose une pièce éclatée sur l’animalité de l’homme en questionnant les grands thèmes de Laborit que sont l’amour, le travail, la liberté, la politique et le sens de la vie.
Félix Beaulieu-Duchesneau, Justin Laramée et Philippe Racine, les trois complices de Qui Va Là, nous reviennent avec cette pièce développée dans le cadre d’une résidence de création, après nous avoir présenté entre autres : Toutou Rien, La Fugue, Le Nid et Transmissions. Toujours en faisant du pouvoir d’évocation sa force principale, Qui Va Là célèbre à sa façon la beauté de l’imaginaire.
Section vidéo
Décor Qui va là
Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Musique Benoît Côté
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Tête-à-tête : jeudi 26 mai
TRILOGIE ANNIVERSAIRE
Pour souligner la fin de sa résidence de création à la Licorne et son 10e anniversaire, Qui Va Là présentera sa Trilogie anniversaire tous les samedis, entre le 16 mai et le 4 juin à La Petite Licorne. La trilogie réunira les spectacles Toutou Rien, La Fugue et Éloges de la fuite. Comme ces trois créations collectives questionnent à leur façon l’émerveillement de l’enfance avec Toutou Rien, la transformation de l’adolescence avec La Fugue et la quête de sens de l’adulte avec Éloges de la fuite, Qui Va Là a cru bon de les rassembler en un même spectacle!
Les samedis 21 mai, 28 mai et 4 juin à 16h
Les billets pour La Trilogie anniversaire sont offerts en abonnement ou à la carte
Une production Théâtre Qui va là en codiffusion avec La Manufacture
Après l’émerveillement et les désillusions de l’enfance (Toutou rien) et les bouleversements de l’adolescence (La fugue), la compagnie Qui Va Là plonge dans les méandres de l’existentialisme et de notre perpétuelle quête de sens, dans un monde qui en semble bien souvent dépourvu.
Le nouveau texte de Justin Laramée nous amène à la rencontre de Simon (Philipe Racine), qui a soudainement ressenti un incommensurable besoin d’air et a fui toutes responsabilités pour se retrouver seul et nu en forêt. Il s’y nourrit tant bien que mal de noix et de petits animaux. Un retour aux sources en forme de fuite qui trouble les gens de son entourage et les confronte à leurs fuites. Il y a celle de son ami devant la mort lente de son père (hilarant Justin Laramée), celle de son amoureuse (Anne-Marie Levasseur) dans les médicaments pour oublier la mort qu’elle donne quotidiennement aux animaux qu’elle voudrait pourtant sauver, et celle d’Hubert (Félix Beaulieu-Duchesneau), docteur à l’esprit scientifique, mais tourmenté par la jalousie. Ils vont tous débarquer tour à tour dans la retraite de Simon et, face à son mutisme entêté, déballer leurs peurs et leurs angoisses, pour meubler le silence.
Dans l’essai Éloge de la fuite, dont s’est librement inspiré Laramée pour son spectacle, le chirurgien, neurobiologiste et éthologue (qui étudie le comportement des animaux dans leur milieu naturel) Henri Laborit explique que l’être humain a trois choix face au danger : se soumettre, combattre ou fuir, des choix qui n’en sont pas vraiment, selon le personnage d’Hubert. C’est néanmoins précisément le refus de Simon de retourner à la civilisation qui permettra à tous de prendre conscience de leur état continuel de fuite.
Dans le rôle central, Philipe Racine occupe l’espace avec un silence souvent serein, parfois accusateur. Pourquoi Simon fuit-il? Que fuit-il? Ses actes, d’abord incompréhensibles, autant pour ses proches que pour le public, s’éclairent au fur et à mesure que l’on découvre les angoisses vécues par chacun et les mensonges qu’ils se content pour fuir la réalité. Malgré le silence dans lequel s’est muré Simon et son apparente indifférence aux confidences, récriminations et supplications, voire menaces, de son entourage, Racine offre une interprétation prenante du personnage à la recherche de son animalité.
On retrouve dans cette production les techniques chères à Qui Va Là, entre théâtre d’objets, théâtre d’ombres et appel direct à l’imaginaire. Comme pour leurs précédentes créations, Laramée, Beaulieu-Duchesneau et Racine (avec en plus cette fois la comédienne Anne-Marie Levasseur) ont travaillé de concert sur la mise en scène, laquelle s’articule autour des thèmes abordés par Laborit dans son essai. On navigue ainsi, entre autres, de l’autoportrait à l’amour, la mort, le bonheur, le passé, le présent et l’avenir, et même le sens de la vie. Le découpage, net et souligné par la projection de gros titres en fond de scène, paraît superflu et parfois forcé, mais Éloges de la fuite adopte une forme éclatée qui lui convient bien. Les tableaux se fondent dans un ensemble très porteur sur le rapport entre l’humanité et l’animalité, et leur rapprochement. Le propos est soutenu à la fois par une trame sonore accrocheuse signée Benoît Côté (on peut l’entendre sur Bandcamp) et par une scénographie simple et lumineuse, qui illustrent le cheminement des personnages.
Tantôt comique (le personnage incarné par Laramée hérite des répliques les plus savoureuses), tantôt plus philosophique et poétique, Éloges de la fuite propose une fuite par l’imaginaire des plus inspirantes.