Un jeune homme pénètre dans la salle de répétition d’une chorale multiethnique. On l’invite gentiment à joindre sa voix à celle de l’ensemble, mais l’inconnu a une autre idée en tête… Armé jusqu’aux dents, il tire sur l’assemblée, faisant plusieurs morts. Claire, une prêtre anglicane survivante de cette attaque, tente de comprendre ce qui a pu motiver cette personne à poser un tel geste. Ses questionnements l’amènent à scruter les fondements même de la morale, la raison, la connaissance et même sa propre foi.
L’auteur David Greig a été inspiré par le drame survenu sur l’île Utøya en 2011. Il a écrit une oeuvre rassembleuse, poignante et empreinte d’une grande humanité. De la noirceur jaillira la lumière, celle qui nous éclaire dans notre quête de résilience. Il cherche à comprendre comment un être humain peut sombrer dans cette violence absurde qui pousse certaines personnes à éliminer tous ceux et celles qui ne pensent pas comme eux. Une violence que nous côtoyons de plus en plus chaque jour.
Après Yellow Moon et Midsummer, La Manufacture renoue avec l’écriture de David Greig. Denis Bernard, qui a entre autres réalisé la mise en scène de Coma Unplugged, Le Pillowman et Ce moment-là, dirige une équipe de deux acteurs et neuf chanteurs dans cette pièce traduite par Maryse Warda.
Section vidéo
Assistance à la mise en scène Jean Gaudreau
Décor, costumes et accessoires Elen Ewing
Éclairages Claude Cournoyer
Musique Yves Morin
Vidéo Frédéric St-Hilaire
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Tête-à-tête : jeudi 21 janvier
Une production La Manufacture
Pour débuter l’année 2016, La Licorne présente Les événements, une pièce de David Grieg (Midsummer), dans une mise en scène de Denis Bernard. Cette fois, l’auteur écossais s’est inspiré de la tuerie survenue sur l’île d’Utøya pour proposer une réflexion sur ce qui pourrait pousser un jeune homme sans histoire à commettre l'irréparable.
À l’entrée du public, une femme est sur scène et joue du violoncelle. Puis, les autres entrent progressivement. Certains discutent pendant qu’un autre accorde sa guitare ou joue du piano. Le spectacle débute dans une ambiance festive et musicale et du café et des biscuits sont offerts à tout le monde.
Alors que Johanna Nutter incarne Claire, une prêtre anglicane vivant avec le poids d’avoir survécu à l’assassinat de tous les membres de sa chorale multiethnique, Emmanuel Schwartz joue tous les autres personnages. Lorsqu’il apparaît sur scène, ses cheveux blond platine rappellent immédiatement la figure type de la race arienne que prônaient les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Le choix de confier au comédien tous les rôles secondaires sert bien le propos de la pièce et rend compte de l’un des effets du choc post-traumatique que Claire a subi : le visage du tueur se superpose ainsi à tous les personnages et modifie la perception du monde de la femme qui le voit partout, tout le temps. Schwartz démontre ici son grand talent d’acteur : son jeu tout en nuances le rend crédible autant dans la peau de Catherine, la conjointe compréhensive et enveloppante de Claire, que dans le rôle du jeune homme tourmenté et marginal qu’est le tueur.
Johanna Nutter s’avère un peu moins convaincante comme prêtre anglicane qui cherche à comprendre et à pardonner au tueur qui a brisé sa vie. Il faut dire que le texte de Grieg lui donne peu de matière à laquelle se raccrocher. La recherche pour comprendre tourne rapidement à une obsession maladive. De plus, la pièce dégage un propos moralisateur qui devient parfois agaçant. C’est le cas notamment lorsque Claire fouille dans les maux de l’enfance du tueur pour justifier le désespoir qui a accompagné son geste. Grieg va même jusqu’à recourir à un récit mythologique pour expliquer la peur que peut avoir l’humain face à l’inconnu. Ces passages sont par ailleurs accompagnés de vidéos montrant le visage des victimes de la chorale en gros plan, accentuant encore plus le pathos lié à la mort d’innocents.
Durant toute la représentation, une chorale de neuf chanteurs et musiciens accompagne les deux acteurs. Cette intégration de la musique au spectacle constitue d’ailleurs un des éléments les plus intéressants de la pièce. Non seulement la chorale est formée d’hommes et de femmes aux timbres de voix singuliers, mais sa présence participe à illustrer l’obsession de Claire pour ses collègues qui la hantent. Mise à part une chanson un peu trop narrative racontant la naissance du tueur au milieu de la pièce, les compositions et les choix musicaux d’Yves Morin s’arriment très bien au texte de Grieg.
La question de la responsabilité criminelle et de la possibilité d’une rédemption est au cœur de l’actualité. Le procès de l’ex-cardiologue Guy Turcotte en est un exemple frappant. La pièce Les événements aurait donc pu participer à cette grande réflexion collective. Mais les situations racontées restent trop convenues pour devenir réellement intéressantes.