foirée [fware] n. f. — 2015; de fratria frairie. Néologisme québécois.
Soirée où l’on a du plaisir, beaucoup de plaisir.
Si l’idée de Foirée montréalaise vous rappelle vaguement celle de Soirée canadienne, vous vous rappelez juste. Voilà qui définit l’essence de Foirée montréalaise. Une soirée de parole de temps des fêtes où, à la façon de Soirée canadienne, on visite chaque année un arrondissement différent de Montréal, pour en entendre les auteux, écriveux, poèmeux, drameux, chanteux, conteux, plaisureux, racorneux, bilbocheux, jouisseux, barbeux… Tout ce beau monde enveloppé de musique dans toutes les couleurs d’être au monde.
Pendant 20 ans, les Contes urbains ont eu pignon sur rue à La Licorne. Voici que la compagnie d’Urbi et Orbi nous offre une nouvelle formule de party du temps des fêtes où on célébrera la parole dans toute sa splendeur!
Section vidéo
Vidéo Frédéric Saint-Hilaire
Musique Ludovic Bonnier, Claude Fradette et Normand Miron
Éclairage et direction technique Mathieu Gourd
Direction artistique Yvan Bienvenue
Collaboratrice Christine Germain
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Une production Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture
La Foirée montréalaise est un nouveau concept de veillée produit par le Théâtre Urbi et Orbi pour donner suite aux Contes Urbains qui ont animé la scène de La Licorne à chaque temps des Fêtes pendant deux décennies. S’inspirant de la Soirée canadienne, émission de télévision à saveur folklorique qui invitait chaque semaine différents habitants d’une même localité à livrer une prestation - souvent sous forme de chansons ou de danses -, la Foirée montréalaise propose quant à elle de découvrir un nouvel arrondissement de Montréal chaque année au mois de décembre. La présentation nous fait donc découvrir des artistes ayant un lien avec l’arrondissement retenu et propose de la musique, du chant, des histoires et des contes dans une ambiance festive et décontractée, tout à fait dans le registre du partage et de la bonne humeur des fêtes de Noël.
Il est difficile de ne pas faire un parallèle avec les Contes Urbains qui étaient devenus une tradition pour plusieurs amateurs de théâtre. Au fil des ans, les contes nous ont fait découvrir de nouveaux auteurs et interprètes, ou encore renouer avec d’incroyables conteurs. Plusieurs histoires pouvaient surprendre, soit par l’angle adopté, soit par le côté sans tabou ou voire même cru de certaines paroles, frôlant parfois le vulgaire. Avec Foirée montréalaise, fini les malaises et les pieds de nez au temps des Fêtes : on embrasse chaleureusement Noël, on y invite tout ce qu’il y a de bons sentiments et on assume tout ce que les réjouissances peuvent apporter de plus folklorique.
Déjà, en entrant dans la salle, les artistes, musiciens et conteurs se mêlent à la foule en toute convivialité, assis de façon dispersée parmi les tables bistro entourant la scène qui est centrale. Le public est donc divisé en deux et se fait face alors que les prestations prennent place en plein milieu, les artistes prenant bien soin de s’adresser tour à tour aux deux parties du public. Pascal Contamine assure l’animation de la soirée, sortant de sa chaise à carreaux, et présente d’abord l’arrondissement à l’honneur cette année : Saint-Laurent. Ce choix fait bien rire la salle et la table est mise pour une soirée pleine de surprises, au kitsch bien assumé, dans une ambiance bon enfant.
Suite à la présentation de Saint-Laurent dans une courte projection vidéo, c’est le conteur et musicien Alain Lamontagne qui lance officiellement les festivités. Ses talents d’harmoniciste et de podorythmiste sont indéniables : certains sons qui sortent de son harmonica en surprennent plusieurs et ajoutent à la connivence de fête qui s’installe. Il est suivi par Frank Sylvestre, à la fois slameur et conteur, qui nous invite dans son univers plein de métaphores, fortement décalé de la présentation précédente et beaucoup moins près la période des Fêtes, et concernant à peine l’arrondissement à l’honneur. Son interprétation est sympathique et habilement supportée par les musiciens sur scène, mais ralentit déjà le rythme qui s’était installé.
L’auteure, compositrice et interprète Dova Lewis vient ensuite présenter sa charmante histoire d’Alice, sa grand-maman avec qui elle partageait une belle complicité. Même si son récit est touchant, l’artiste se révèle davantage musicienne que conteuse et c’est lors de sa chanson au piano qu’elle retient réellement l’attention, avec une douce sonorité rappelant les sœurs Boulay. Sa prestation est entrecoupée d’une entrevue filmée entre Pascal Contamine et Gilles Pelletier, dans laquelle l’homme de théâtre nous raconte ses débuts avec la troupe des Compagnons de Saint-Laurent. Un très beau témoignage.
L’artiste qui se démarque le plus lors de la soirée est sans contredit Mounia Zahzam qui raconte une histoire écrite par Nathalie Doummar. Son interprétation du récit de Delphine, souffre-douleur de Saint-Laurent qui devient par la suite bourreau, est mémorable, car pleine d’aplomb et d’énergie contagieuse. Les chansons à répondre qui suivent sa présentation contribuent à maintenir le climat joyeux déjà bien installé, notamment grâce aux talents de Normand Miron à l’accordéon, avant de laisser place au conte de Pike River, écrit par Simon Boudreault et dit par Joachim Tanguay. L’histoire est divertissante et prend la forme d’une légende bien ancrée dans le cégep de Saint-Laurent, au cœur de l’arrondissement à l’honneur, réussissant à boucler la boucle de l’ensemble des présentations de la soirée.
Il est difficile de résister aux joyeuses propositions de la Foirée montréalaise, malgré des prestations inégales et certains décalages de ton dans l’animation. Le tout demeure festif à souhait, plein d’entrain et meublé de petites surprises ici et là qui font qu’on prend plaisir à partager cette soirée de divertissement. Un beau prélude au temps des Fêtes à renouveler sans faute l’an prochain.