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Du 5 avril au 7 mai 2016, du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h
La mort des Éternels
Présenté à la Grande Licorne
Texte Isabelle Vincent
Mise en scène Claude Desrosiers
Avec Christian Bégin, Marie Charlebois, Pier Paquette et Isabelle Vincent

Christian, Marie, Pier et Isabelle entreprennent une grande traversée en voilier. Un spectacle ultime: leur suicide artistique. Sans les prévenir, les fantômes de leurs quatre parents respectifs s’embarquent avec eux. Cauchemar! Les Éternels pigistes décident alors de se débarrasser des quatre vieillards devenus encombrants dans leur vie… 

Les Éternels pigistes fêtent leurs 20 ans cette année. À la mi-temps de leur vie, dans une langue singulière et avec beaucoup d’humour, ils abordent dans La Mort des Éternels les questions de l’identité et de la transmission. Mourir ou poursuivre… telle est la question!

Isabelle Vincent, cofondatrice des Éternels pigistes que nous connaissons pour leurs pièces Le rire de la mer, Pi…?! et Après moi, nous offre ici une première pièce écrite en solo, après avoir écrit avec Sylvie Drapeau les pièces Avaler la mer et les poissons et Les Saisons. Claude Desrosiers, qui dirigeait Débris pour La Manufacture en 2015, signe la mise en scène.


Décor Sarah Lachance
Costumes Virginie Thibodeau-Urbain
Éclairages Erwann Bernard
Musique Ludovic Bonnier

Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$

Tête-à-tête : jeudi 14 avril

Une production Éternels pigistes en codiffusion avec La Manufacture


La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Critique

Crédit photo : Marc Charlebois

Vingt ans d’amitié personnelle et artistique, vingt ans et « toujours amis, malgré la houle, le vent, la garnotte et les marées1 », les Éternels Pigistes ont choisi de souligner cet anniversaire par un temps d’arrêt pendant lequel ils cherchent à comprendre ce qu’ils sont devenus et s’ils doivent poursuivre ou mettre fin à leur carrière artistique. Aujourd’hui quinquagénaires, ont-ils encore quelque chose de nouveau à apporter? Ont-ils encore le souffle pour continuer?

Dans La mort des Éternels, première pièce signée par Isabelle Vincent pour la compagnie, les quatre comédiens embarquent sur un voilier et filent vers le milieu de l’océan pour mettre en scène leur suicide artistique, en direct et devant public. Une ultime représentation, en quelque sorte. Seulement voilà, ils découvrent vite qu’ils ne sont pas seuls à bord et que les passagers clandestins ne sont autres que les fantômes de leurs parents.

Sixième création des Éternels Pigistes (Le Rire de la mer, Mille-feuilles, Pi…?!, entre autres), cette nouvelle production souffre néanmoins d’un grand problème de discours. Passé une introduction efficace et pince-sans-rire, ce ton pour lequel on aime tant les Éternels, le propos se perd dans une comédie touffue, moustache, costumes rembourrés et perruques compris. On a presque l’impression de se retrouver soudain dans une comédie de boulevard (impression renforcée par les multiples entrées et sorties de scène, nécessaires aux changements de costumes). Cette tangente délirante, on l’aurait aimée plus courte. Elle s’étire cependant sur près de l’ensemble de l’heure que dure le spectacle. On cherche vainement à se raccrocher à la déconstruction annoncée, à la remontée aux sources et aux notions d’identité et de transmission de valeurs dans les dialogues entre fantômes, mais la réflexion se noie dans un humour qui tombe malheureusement souvent à plat, faute de mordant et d’esprit. On a déjà connu les Éternels avec plus de ressort et d’énergie communicative.


Crédit photo : Marc Charlebois

Le texte d’Isabelle Vincent recèle pourtant de très belles sonorités et quelques moments plus touchants, notamment l’introduction, lorsque les comédiens se présentent comme devenus inutiles ou plus désirables. On reconnaît dans les échanges qui suivent la synergie et la camaraderie qui font la force de la compagnie ainsi que l’écriture poétique de la coauteure d’Avaler la mer et les poissons. La couche de burlesque vient, hélas!, étouffer l’authenticité de l’interprétation des Éternels.

La scénographie, aux belles voiles lumineuses et translucides, laissait présager un échange beaucoup plus porteur entre la scène et le public, qui ressort du théâtre l’esprit plus rempli de questions que de pistes de réflexion. Doit-on se tourner vers le passé pour avancer? Se défaire du legs idéologique de ses parents pour parvenir à déconstruire son mode de pensée et pouvoir continuer à créer? Avec La mort des Éternels, la compagnie échoue tristement à sublimer son ton comique habituel pour partager et nourrir sa réflexion avec le public.

1 Extrait du programme

09-04-2016