Édouard, professeur d’histoire à la retraite, bouillant et caractériel, commence à perdre la mémoire. Continuellement sollicité pour procéder à des analyses politiques et sociales, l’homme, qui est habitué à s’exprimer dans les médias, doit soudainement se faire plus discret. Mais Édouard refuse de disparaître et juge qu’il a encore beaucoup de choses à dire. Puisque personne de son entourage ne semble en mesure de veiller sur lui, il est placé sous la garde de Bérénice, jeune fille du nouveau conjoint de sa fille. La rencontre amènera Édouard à revisiter un passage de son histoire personnelle qu’il avait choisi d’oublier.
Tu te souviendras de moi parle de l’importance de la transmission et de la nécessité de se souvenir et de parfois oublier. Avec une plume incisive et beaucoup d’humour, François Archambault nous met en présence d’un homme qui lutte pour ne pas oublier, mais peut-être surtout, pour ne pas tomber dans l’oubli.
Créée en janvier 2014 et reprise en 2015 à guichets fermés, Tu te souviendras de moi est de retour pour une troisième année à La Licorne. L’équipe prendra également la route pour une tournée exceptionnelle au Québec et au Canada! François Archambault, qui signe ce texte développé en résidence d’écriture à La Manufacture, remportait en 2014 le prestigieux prix Michel-Tremblay. La mise en scène est signée Fernand Rainville, qui a entre autres dirigé pour La Manufacture Howie le Rookie et Août, un repas à la campagne.
Section vidéo
Assistance à la mise en scène Stéphanie Raymond
Décor, costumes et accessoires Patricia Ruel
Éclairages André Rioux
Musique Larsen Lupin
Direction artistique du spectacle Jean-Denis Leduc
Photo générique Rolline Laporte
Régulier : 32,25$
30 ans et - : 22,25$
65 ans et + : 27,25$
Tête-à-tête : jeudi 12 novembre
TOURNÉE 2015-2016
Une production La Manufacture
Dates antérieures (entre autres)
Du 14 janvier au 22 février 2014, La Licorne
La pièce sera de retour du 22 avril au 16 mai 2015, La Licorne
Que nous reste-t-il quand nous sentons que notre mémoire fait défaut, qu’elle nous quitte doucement? Le moment présent devient plus significatif que jamais, mais en même temps, aucune trace n’en subsiste quelques instants après. Grâce à un texte profondément émouvant, avec un juste dosage d’humour et de sensibilité, l’auteur François Archambault (15 secondes, La société des loisirs) aborde le thème portant lourd de la maladie avec doigté, en mettant de l’avant d’abord et avant tout un homme et son histoire.
Dans Tu te souviendras de moi, Édouard, un professeur d’histoire à la retraite aux positions sociales affirmées, qui aime parler et se faire entendre, refuse d’abdiquer devant sa maladie qui gruge tranquillement sa mémoire. Il a encore tant de choses à dire et de savoir à partager, mais il n’est plus tout à fait maître de ses pensées et devient peu à peu un poids pour son entourage. À bout de souffle, sa femme Madeleine le quitte et le confie à sa fille Isabelle, laquelle doit à son tour confier son père aux bons soins de son conjoint, Patrick, par manque de temps. Dans ce récit doux-amer, la maladie n’est pourtant pas que synonyme de fardeau, mais aussi de rapprochements.
Le décor nous transporte dans un univers quasi aérien, avec un double fond de nuages qui permettent des transitions entre des scènes intérieures et extérieures. Ce décor offre un beau contraste avec les propos de la pièce qui sont solidement ancrés dans la réalité des rapports humains. Dans cette histoire intelligemment ficelée, les paroles d’Édouard servent aussi de vecteur à des critiques sociales où le virtuel permet la «démocratisation de la bêtise humaine» et la «dématérialisation du monde». Pourtant, c’est Bérénice, la fille du conjoint d’Isabelle, toujours scotchée à son téléphone intelligent, qui parvient à sonder le cœur d’Édouard et ses souvenirs enfouis.
La mise en scène de Fernand Rainville réussit à transmettre toute la gravité du propos avec une certaine légèreté qui laisse place à l’émotion, sans la rendre lourde ni pesante. Guy Nadon, dans le rôle d’Édouard, offre ici une performance magistrale qui nous fait apprécier chacune de ses répliques, lesquelles sont empreintes d’une sincérité désarmante. Marie-Hélène Thibault (Isabelle), Claude Despins (Patrick) et Johanne-Marie Tremblay (Madeleine) réussissent également à bien traduire toute la subtilité des émotions véhiculées par la pièce, sans oublier Emmanuelle Lussier Martinez (Bérénice) qui surprend par sa finesse d’interprétation de cette adolescente rebelle, mais pourtant sensible, à sa façon.
La pièce Tu te souviendras de moi permet une incursion dans les relations entre les générations, au-delà de la mémoire de chacun. La construction du récit, les liens qui se tissent entre les personnages, la poésie des propos et l’interprétation sentie de chacun des acteurs font de cette pièce une grande réussite et nous rendent témoins d’une performance résolument mémorable.