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Du 6 au 23 décembre 2016, du mardi au jeudi à 19 h, vendredi à 20 h, samedi à 16 h
Foirée montréalaise
Textes François Archambault, Mylène Bérubé, Yvan Bienvenue, Jean-François Boudreau, Simon Boulerice, Pierre-Michel Tremblay et Guy Vaillancourt
Mise en scène Martin Desgagné
Animateur Pascal Contamine
Avec Mylène Bérubé, Marie-Joanne Boucher, Jean-François Boudreau, Simon Boulerice et Guy Vaillancourt

Foirée montréalaise est un spectacle du temps des fêtes où l’on prend plaisir à se faire raconter des histoires et à se faire remplir le cœur de belles mélodies à tendance trad. Lors d’une bonne « foirée », nos jambes frétillent, on se fait aller les neurones et, sans savoir pourquoi, on a souvent envie de souhaiter le meilleur du monde à son voisin !

Clin d’œil à la célèbre émission de télé « Soirée canadienne », Foirée montréalaise, au lieu de se promener de village en village, se promène d’arrondissement en arrondissement. L’arrondissement montréalais qui nous inspire cette année est le Sud-Ouest. Venez le fêter avec nous !


Section vidéo


Assistance à la mise en scène Marilou Huberdeau
Musique Trio Mélisande
Vidéo Francis Fortin
Éclairages Matthieu Gourd
Installation écosculpturale Alain Cadieux*
* Pour ceux qui arrivent tôt, une visite commentée de l’installation écosculpturale sera guidée par l’ écosculpteur lui-même

Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$

Une production Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture


La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Critique

Faisant suite à 20 années de Contes urbains – lesquels contes étaient devenus une tradition du temps des Fêtes – le Théâtre Urbi et Orbi présente sa deuxième édition de la Foirée montréalaise, une soirée festive où la musique et les contes sont à l’honneur. Contrairement aux Contes urbains, la Foirée évite d’associer ses contes à Noël, en préférant célébrer chaque année un arrondissement de Montréal. Pour 2016, c’est l’arrondissement du Sud-Ouest qui est à l’honneur, ce qui inclut cinq quartiers : Griffintown, Saint-Henri, Petite-Bourgogne, Ville-Émard/Côte-Saint-Paul et Pointe-Saint-Charles. Ponctuée de musique électrotrad du talentueux Trio Mélisande et meublée des impressionnantes écosculptures d’Alain Cadieux, toutes en bois et acier, la Foirée arbore des airs de temps des Fêtes et donne un coup d’envoi joyeux et bien senti aux festivités.




Crédit photos : Urbi et Orbi

Pascal Contamine joue de nouveau le rôle de maître de cérémonie en brodant les liens entre chacun des contes sur un ton résolument convivial. La mise en scène de Martin Desgagné gagne nettement en assurance et en fluidité comparativement à l’année passée avec notamment des interventions planifiées du public – ou plutôt des conteurs – et un dosage plus équilibré entre la musique, les contes et les courtes vidéos. Les contes sont d’ailleurs plus fortement ancrés dans les lieux mêmes du Sud-Ouest et on prend plaisir à découvrir ces quartiers au travers des histoires qui nous sont racontées. Les interventions de Guy Vaillancourt entre les contes, lequel aurait travaillé en tant que peintre en bâtiment dans le Sud-Ouest, aident à garder un ton ludique et ajoutent un point d’ancrage dans les quartiers à l’honneur. Son ton parfois grivois peut surprendre, mais il contribue également au maintien de la saveur bien folklorique de la Foirée, de concert avec le « tapage de pieds » qui rythme parfois les récits, de la musique à bouche qui agrémente l’univers musical et des chansons à répondre.

Le premier conte de la soirée, Le porteur d’eau du canal, nous invite au cœur de Griffintown, où l’habile conteur Luc Bourgeois devient « cool Jean-Philippe », travailleur Web qui vit dans un complexe de condos longeant le canal Lachine et qui est propulsé dans une certaine crise existentielle. L’écriture de Pierre-Michel Tremblay décortique bien le stéréotype geek-hipster-écolo à la forte conscience sociale qui vit dans une société où faire de l’argent est encore mal vu. Le deuxième conte, Tom à Joe Beef, se déroule également aux abords du canal Lachine, mais cette fois-ci dans le quartier de Pointe-Saint-Charles. Mylène Bérubé raconte une histoire qu’elle a également écrite : celle de sa rencontre avec un mystérieux vieil homme qui prétend être né en 1850. Le conte rassemble plusieurs éléments historiques du quartier, dont les phases de creusage du canal Lachine, la grève des ouvriers et la taverne de Joe Beef, ce qui le rend d’autant plus intriguant.

C’est le conte Le doigt de Ghislaine de l’auteur François Archambault qui vient conclure la première partie du spectacle. Marie-Joanne Boucher incarne avec verve une aspirante actrice égocentrique du Sud-Ouest dont le manque d’empathie est fortement souligné avec une grosse dose d’humour. Le texte est savoureux et inclut habilement des références à la regrettée Taverne Magnan et à l’emblématique usine Five Roses, mais malheureusement la chute tombe quelque peu à plat.

Pour la deuxième partie, Simon Boulerice livre un récit drôle et touchant avec le conte Tout ce qui s’ouvre dont il est également l’auteur.  L’histoire culmine vers un commerce de tradition familiale du quartier Saint-Henri où l’auteur et conteur prend plaisir à discuter avec la serrurière et à découvrir le paysage des gens de son quartier, donnant une dimension bien humaine à cette Foirée. C’est toutefois Jean-François Boudreau avec son conte Le voisin qui retient le plus l’attention grâce à une histoire bien rythmée qui décrit avec beaucoup de créativité la raison pour laquelle à Ville-Émard/Côte-Saint-Paul, les rues changent de direction…

Il serait sans doute possible d’en dire encore plus sur cette Foirée truffée de petites surprises aux accents folks, laquelle rappelle tout de même la formule des Contes urbains avec des duos d’auteur-conteur, mais sans le côté plus sombre que les Contes urbains adoptaient souvent. L’ambiance demeure festive et aide sans aucun doute à se lancer plus joyeusement dans cette période de l’année souvent chargée. Avec une présentation bien resserrée et des conteurs aguerris, la Foirée est une belle réussite qui donne déjà hâte de découvrir quel sera l’arrondissement à l’honneur l’an prochain.

10-12-2016