GamètesMise en scène Sophie Cadieux
Avec Annie Darisse et Dominique Leclerc
Lou et Aude, deux amies dans la trentaine, sont inséparables depuis leur tendre enfance. Toutes deux portées par un ardent désir de s’accomplir, l’une est ingénieure civile, l’autre journaliste et féministe engagée. Le jour où Aude apprend qu’elle mettra au monde un enfant trisomique, elle ne peut se douter de l’importante confrontation que cela provoquera entre elle et sa complice.
Comment faire des choix de vie affranchis de toute pression sociale dans une société qui persiste à nous faire miroiter l’égalité entre hommes et femmes ? Dans ce texte à la fois drôle et incisif, Rébecca Déraspe aborde la question de l’accomplissement au féminin.
Après Comment je suis devenue touriste, Les Biches Pensives nous reviennent avec cette pièce de Rébecca Déraspe, qui a notamment signé le texte de Deux ans de votre vie pour la compagnie. Sophie Cadieux, que le public de La Licorne connaît bien pour ses rôles dans Des arbres, Après la fin et Cette fille-là, dirige le duo d’actrices.
Assistance à la mise en scène Emmanuelle Kirouac-Sanche
Décor, costumes et accessoires Elen Ewing
Éclairages Marie-Aube St-Amant Duplessis
Musique Ghislain Poirier
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
Tête-à-tête : jeudi 9 mars
Production Les Biches Pensives en codiffusion avec La Manufacture
Section vidéo
L’amitié à son plus fort
Crédit photos : Jérôme Leclerc
Un an après sa première lecture au festival du Jamais Lu, Gamètes, de Rébecca Déraspe, est monté en ce moment à la Petite Licorne. Une histoire de féminisme, de choix difficiles, de mensonges et, surtout, d’amitié.
Lou et Aude sont les meilleures amies depuis leur tendre enfance. Elles ont tout fait et tout vécu, dont une soirée où Aude rentre en panique dans l’appartement qu’elles partagent à l’époque complètement traumatisée, repoussant son amie qui tente de comprendre ce qu’il s’est passé. Et ça continue. Le jour de ses 35 ans, Lou accourt chez sa meilleure amie ; elle vient d’apprendre que le bébé qui pousse dans son ventre est trisomique. Cette prémisse met la table pour une heure et demie de flashbacks, de questionnements, de chicanes, de réconciliations, d’amour, de haine et de révélations entre les deux amies.
L’écriture de Rébecca Déraspe est admirable et un délice pour les oreilles. Au-delà de l’histoire d’amitié entre les deux trentenaires aux caractères opposés, le texte révèle de vraies observations sur la place des femmes dans nos sociétés, les choix qu’elles font, notamment celles féministes, et qui s’expriment (très d’actualité). Ces constats sont néanmoins apportés avec humour, ironie et subtilité, n’assommant pas le spectateur d’une lourdeur qui pourrait accompagner ces thèmes, mais les conscientisant tout de même sur une certaine réalité féminine. L’histoire comporte même un « punch » auquel on ne s’attend pas, qui trahit la fragilité, l’impuissance et la faiblesse des êtres humains.
La mise en scène de Sophie Cadieux relève d’une certaine audace : très minimaliste dans les gestes et les objets, la metteure en scène et comédienne a opté pour une approche qui nomme les choses plutôt que de les montrer. Il prend un certain temps au spectateur pour s’habituer aux allers-retours dans le temps des deux amies, qui les interprète sans nécessairement créer une rupture de ton avec le temps présent. Elles réussissent néanmoins à nous faire comprendre le concept, ponctué parfois de musique (Ghislain Poirier) et de quelques déplacements dans l’espace, accompagnés de chaises et de plantes. À noter : les hommes, toujours joués par les comédiennes, sont imagés par des plantes. On sourit. La dynamique et la réelle complicité entre Annie Darisse et Dominique Leclerc sont une force indéniable de Gamètes. On y croit, et on les imagine sans peine être des meilleures amies depuis toujours, en plus de les observer se lancer la balle sans cesse, révélant un sens de la répartie remarquable.
Les Biches Pensives ont relevé le défi de mettre en scène pour une première fois ce texte que l’on attendait depuis sa lecture. Ce dernier n’a rien perdu, en plus d’être affiné, de sa justesse, de ses subtilités, de son humour et des réflexions qu’il soulève.