Annabel Soutar, ambassadrice du théâtre documentaire et directrice artistique de la compagnie Porte Parole, propulse la comédienne dans une enquête citoyenne au sujet d’Hydro-Québec. Dans une série de trois épisodes, Christine Beaulieu raconte avec humour, candeur et sensibilité les circonstances et les questionnements qui l’ont menée à faire ses propres recherches sur la société d’État. La pièce, habilement mise en scène par Philippe Cyr, interroge de façon pertinente ce qu’est devenue la relation entre Hydro-Québec et les Québécois au fil du temps.
Accompagnée sur scène du versatile comédien Mathieu Gosselin et du concepteur sonore Mathieu Doyon, Christine Beaulieu fait dialoguer des camps souvent braqués, convaincue de la nécessité de réfléchir ensemble sur l’avenir de l’hydro-électricité au Québec. Entrevues avec de nombreux groupes citoyens, visites de barrages, audiences publiques, rencontres avec de hauts dirigeants de la société d’État : ce théâtre de la vérité plonge directement au coeur du réel, dans le ventre de la turbine, grâce à une artiste courageuse, profondément engagée, qui n’hésite pas à se rendre sur les fronts les plus à vif de notre collectivité.
Compte tenu de l’ampleur du projet, il est apparu important de lui adjoindre un prolongement radiophonique en baladodiffusion. Cette extension de la parole théâtrale permettra de rejoindre un autre auditoire et de garder en mémoire – épisode après épisode – le fil conducteur de l’enquête livrée par Christine Beaulieu.
Les trois premiers épisodes de la pièce-fleuve seront présentés successivement à l’intérieur d’une même représentation à La Licorne du 30 août au 10 septembre. Les épisodes 4 et 5, actuellement en cours de création, seront présentés du 4 au 15 avril 2017 à l’Usine C.
Section vidéo
Conception sonore et interprétation : Mathieu Doyon
Environnement sonore et podcast : Frédéric Auger
Illustrations : Mathilde Corbeil
Vidéo : HUB Studio / Thomas Payette et Gonzalo Soldi
Lumières : Erwann Bernard
Scénographie : Odile Gamache
Costumes : Julie Breton
Assistance à la mise en scène et régie plateau : Mariflore Véronneau
Assistance à l’environnement sonore et au podcast : David Blouin
Direction technique : Normand Vincent
Production déléguée : Joël Richard
Photo Alexi Hobbs
LA LICORNE TARIFS
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
USINE C TARIFS
Tarifs : Rég. 48$ | Ainé 45$ | Réduit 43$
LA LICORNE
Tête-à-tête : jeudi 8 septembre
Une production de Porte Parole et Champ gauche, en coproduction avec le Festival TransAmériques, et présentée en codiffusion avec La Manufacture
critique publiée lors du Festival TransAmériques 2016
Peut-être avez-vous déjà entendu parler du documentaire Chercher le courant, de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere (2010, gratuit sur tou.tv), à propos du harnachement de la rivière Romaine. Saviez-vous qu'Hydro-Québec est divisée en plusieurs filières (production, distribution, etc.), et que parmi elles, certaines ne sont pas soumises à la Régie de l'énergie? Bienvenue à J'aime Hydro, un docu-théâtre qui part du point zéro pour enquêter sur l'étrange dynamique de la société publique et tout ce qui l'entoure.
Christine Beaulieu s'est fait confier l'immense tâche «d'enquêter» sur Hydro-Québec, et, plus largement, sur la raison pour la laquelle le Québec continue de construire des barrages hydro-électriques alors que la province produit déjà plus d'énergie que nécessaire. C'est à la demande de la directrice de la compagnie Porte-Parole, Annabel Soutar, qui produit J'aime Hydro, que Beaulieu s'est lancée dans l'aventure, sans aucune expérience d'enquêteuse, et une ignorance flagrante en la matière, qu'elle assume complètement, et probablement comme la majorité des citoyens et des citoyennes du Québec.
Nous partons donc avec elle à la rencontre des différents acteurs de cette grande enquête, tous incarnés sur la scène par Mathieu Gosselin, qui interagit pendant les trois heures de la pièce (qui sont en fait l'enregistrement sonore de trois épisodes de podcasts) avec la comédienne, qui joue son propre rôle.
Raconté avec transparence, candeur et humour, le processus créatif de J'aime Hydro, en plus d'être très éducatif et informatif, se révèle être vraiment un objet original. Agrémentée des dessins interactifs de la très talentueuse Mathilde Corbeil, afin de vulgariser données, processus complexes et chiffres, J'aime Hydro est un réel questionnement sur la notion de «Maîtres chez nous», et sur l'éveil d'une conscience environnementale et politique que la plupart des Québécois et Québécoises n'ont pas, emportés par le flot de la vie. La pièce est également parsemée d'extraits de toutes sortes, des passages cinématographiques et artistiques de la comédienne, des extraits de films documentaires, d'allocution de politiciens, comme Parizeau et Lévesque et de questions posées par la comédienne lors de diverses audiences publiques. J'aime Hydro porte son nom sans ironie et sans deuxième degré. On comprend, à travers la quête de Beaulieu, que celle-ci cherche vraiment à comprendre comment se sont brisés le lien de confiance avec le peuple et le sentiment de fierté qu'a un jour inspiré Hydro, signe, à l'époque, d'une véritable prise en charge nationale de notre électricité, une idée qui était innovante et moins polluante que toute autre forme d'énergie.
Le travail de Beaulieu, à tous les égards, autant dans la recherche que dans la narration très personnelle de son histoire à travers son enquête, est remarquable. La mise en scène minimaliste de Philippe Cyr permet au spectateur de rester complètement concentré sur le son et le visuel, pièces maîtresses de J'aime Hydro, et créant un environnement tout à fait propice à écouter l'histoire. Aidée par la dramaturgie d'Annabel Soutar et l'essentielle conception sonore de Mathieu Doyen, complexifiée par l'enregistrement des podcasts (baladodiffusion), la comédienne réussit véritablement à nous entraîner avec elle dans cette aventure de néophytes, découvrant avec effarement le système capitaliste et néolibéral dans lequel nous vivons, et qui justifie des aberrations, comme celles de vendre nos ressources à des intérêts privés, et de détruire notre environnement sans vergogne.
J'aime Hydro est composée de cinq épisodes d'une heure, qui seront disponibles sous forme de baladodiffusions au cours de l'automne sur un site web leur étant dédié. La pièce est également présentée ce soir et demain au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. À l’instar de Grains et Sexy Béton de la compagnie Porte-Parole, parions qu’on pourra en voir une autre mouture d’ici 2017.